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Anatomie d’une campagne médiatique contre la gauche (2/3)

par Pauline Perrenot,

« Islamogauchistes », « islamistes », « coalition de la gauche et des mosquées », « sixième pilier de l’islamisme », « jumeler Caracas à Clichy-sous-Bois »… Non moins violent que le premier, deuxième volet de notre « anatomie d’une campagne médiatique contre la gauche ». Au programme : le procès des « islamogauchistes » et des « wokes », ayant une nouvelle fois « ruisselé » des médias d’extrême droite à une grande partie du paysage médiatique.

À intervalles réguliers, le rouleau compresseur compresse : haro sur la marche contre l’islamophobie en 2019, chasse aux sorcières « islamogauchistes » en 2020, sus à l’université « gangrénée par l’islamogauchisme » en 2021, cabales contre le « wokisme » depuis. Le tout entrecoupé d’emballements contre le voile et les femmes musulmanes qui le portent. C’est à ces campagnes médiatico-politiques que viennent s’ajouter la stigmatisation de La France insoumise en général, celle de la Nupes [1] par capillarité, et l’acharnement médiatique contre le journaliste et candidat Taha Bouhafs en particulier – la séquence médiatique étudiée ici, concernant ce dernier, est antérieure aux accusations portées contre lui par plusieurs femmes de harcèlement et agressions sexuels, viol pour l’une d’entre elles, accusations l’ayant conduit à retirer sa candidature dans la circonscription de Vénissieux (Rhône) aux élections législatives (nous y reviendrons).

Entraînés par la dérive réactionnaire d’une grande partie du champ politique, biberonnés aux éléments de langage et aux obsessions du Printemps républicain, les grands médias charrient ainsi de jour en jour un récit fossilisé. Fossilisé, parce que « l’islamogauchisme » est un « slogan politique » qui « ne correspond à aucune réalité scientifique », comme le rappelait le CNRS dans une (rare) prise de position publique en février 2021. Un stigmate qui fait pourtant désormais partie du « sens commun » journalistique, aussi flou qu’évocateur, en tout cas suffisamment pour disqualifier instantanément sa cible. Un terme qui – à l’instar de « communautarisme » avant lui [2] – ne s’interroge plus, noyé dans un débat sur la « laïcité » lui-même mutilé et dévoyé à outrance. Un référent autonome, mobilisé sur des plateaux où le pluralisme est piétiné, et par des commentateurs officiant en cercle fermé, tant ces derniers ne sont jamais confrontés au débat scientifique – les chercheurs étant, à de très maigres exceptions près, relégués aux marges de l’espace médiatique.

Ainsi peut se déployer le « ronron » ordinaire. Par exemple, cette déclaration d’amour parue dans Marianne (3/02) bien avant le premier tour de l’élection présidentielle et signée Éric Naulleau, fidèle compagnon de route d’Éric Zemmour : Jean-Luc Mélenchon « ne s’adresse plus qu’à des clientèles séparées (voire séparatistes) », envoie des « clins d’œil les plus appuyés […] en direction des islamistes », « caress[e] les barbus dans le sens du poil », « sout[ient] l’extrémisme religieux », « prétend gagner les faveurs banlieusardes en soutenant la voyoucratie ». Avant de répéter les griefs, au cas où des lecteurs se seraient égarés en cours de route : « complaisance avec l’islamisme », « islamogauchisme décontracté », « votes communautaires ». Bref, le « crash républicain ». Disque rayé ? On peut le dire… Du côté d’Éric Naulleau, reçu à bras ouverts en sa qualité d’expert ès France insoumise pour déclamer ses tweets obsessionnels au micro, par exemple sur Sud Radio (15/05) face à Alexandre Devecchio et Renaud Dély : « Jean-Luc Mélenchon est devenu un symbole de l’anti-République, une lente dérive hors du champ républicain et hors du champ de la laïcité qui est au fondement de l’identité française ». Mais aussi du côté de Marianne, dont l’orientation éditoriale à cet égard relève de l’obsession. Jacques Julliard, le 4 mai :

Jean-Luc Mélenchon est […] l’exemple consternant d’un républicain, d’un laïque devenu par démagogie et électoralisme le sixième pilier de l’islam, ou plutôt de l’islamisme en France.


Cause commune de l’extrême droite…


L’extrême droite, épicentre de cette ligne éditoriale, s’en donne évidemment à cœur joie. « Chez les insoumis, toutes les digues ont enfin cédé. Chantage à l’islamophobie, programme en écriture inclusive, génuflexion devant Assa Traoré, appel au désarmement de la police, tolérance ambiguë vis-à-vis du voile… » annonce par exemple Valeurs actuelles (12/05) en amont d’un dossier (fort médiocre), et sobrement introduit en Une :



Outre une interview de Jérôme Sainte-Marie illustrée par une femme voilée mettant son bulletin dans l’urne, les auteurs fustigent pêle-mêle « tout le pedigree de l’islamogauchisme », « des députés ouvertement indigénistes, à l’instar de Danièle Obono », une « OPA sur les banlieues » ou une « parade nuptiale envers les minorités, vantant les vertus de la "créolisation", autre nom de "grand remplacement". » Un sens aigu de la « menace » lorsque vingt pages plus loin (rubrique « Culture »), le dernier essai de Renaud Camus – promoteur en France du fantasme raciste de « grand remplacement » – fait l’objet d’un rapport dithyrambique de quatre pages. Rappelons que quatre jours plus tard, le terroriste néonazi Payton Gendron abattait dix personnes et en blessait trois – dont onze afro-américaines – dans un attentat à Buffalo (New York), laissant derrière lui un « manifeste » contenant des « allégations racistes et antisémites » et plusieurs références au « grand remplacement », ainsi que le rappelle Mediapart (15/05 et 17/05) [3].

Du côté des médias Bolloré également, l’ennemi se nomme « Nupes ». Et c’est un torrent de boue conventionné par le CSA, estampillé « confrontation d’idées », « diversité » et « démocratie » par son dirigeant Roch-Olivier Maistre [4]. Sur CNews, Pascal Praud ne tarit pas d’invectives contre la « néo-gauche trotskiste, communautariste et islamogauchiste » (5/05). Sur Europe 1 (27/04), Mathieu Bock-Côté s’en prend nommément à Danièle Obono, symbole de « la mouvance indigéniste qui entend conquérir la France en conquérant d’abord La France insoumise », avant de fustiger les « wokes » et « l’islamogauchisme » du parti, dont le slogan est clair pour le chroniqueur réactionnaire : « Une Révolution qui se réclame du décolonialisme mais qui considère que la décolonisation ne sera arrivée à son terme que lorsque les Français deviendront étrangers chez eux. » Sur la même antenne (29/04), Philippe Val ne dépareille pas : « Mélenchon se voit Premier ministre à la faveur d’une coalition de la gauche et des mosquées. » Jour après jour, les mêmes discours de haine ont libre antenne : « Le décolonialisme, l’indigénisme, le racialisme trouveront à s’installer au cœur de la vie politique à travers cette nouvelle coalition. Le wokisme vient de trouver sa maison politique. Il faut dire que cette nouvelle coalition mise sur le nouveau peuple des banlieues. On le sait mais il faut le dire : 69 % des musulmans français ont voté pour Jean-Luc Mélenchon. » (Mathieu Bock-Côté, 5/05).

Animatrice de la matinale sur Europe 1, Sonia Mabrouk ne ménage pas non plus ses efforts : « Où est-elle la gauche capable de gouverner ? La gauche laïque, fière de ses valeurs, la gauche européenne, la gauche pas islamogauchiste, pas woke ? Bref, où est le socialisme français ? » (2/05, face à Stéphane Le Foll). « Êtes-vous prêt à des compromis sur l’islamogauchisme ? » (3/05, face à Pierre Jouvet, porte-parole du PS). Le bouquet final se déployant en compagnie d’Alain Finkielkraut, reçu partout avec déférence, du Monde jusqu’au micro de Sonia Mabrouk donc (9/05), où l’Académicien médiatique parle de « submersion migratoire » et fustige la « soumission [de La France insoumise] à l’islam fondamentaliste. Une soumission, une reddition sans conditions. » S’appuyant comme bon lui semble sur un discours de Jean-Luc Mélenchon à Épinay-sur-Seine en 2018 dans lequel ce dernier évoque « une nouvelle France », Alain Finkielkraut ose encore : « Non seulement Jean-Luc Mélenchon croit au grand remplacement, mais il mise sur le grand remplacement pour accéder au pouvoir. » Sonia Mabrouk communie dans la diffamation : « Il n’en a jamais fait mystère. C’est la "créolisation" qu’il a défendue. » Et de poursuivre :

- Alain Finkielkraut : Aujourd’hui, la France se désintègre, les territoires perdus de la République sont, comme le dit Bernard Rougier, des territoires conquis par l’islamisme ou par la délinquance, et quelques fois, ils sont liés. Et Jean-Luc Mélenchon, loin de s’en offusquer, accompagne cette idéologie, antisémitisme inclus.


Toujours sur Europe 1 (13/05), Pierre de Vilno s’attaque quant à lui aux « fondamentalistes » de La France insoumise avant d’être relayé par Philippe Val, pour qui Danièle Obono n’est pas « républicaine », ou encore Catherine Nay, qui ne digère pas que Mélenchon ait traité de « factieux » le syndicat de police Alliance :

Depuis des années, Mélenchon ne cesse de s’en prendre à la police, qu’il voudrait désarmée. Mais là, c’est en rajouter pour récupérer le vote des jeunes des banlieues, qui on le sait, détestent la police qui les gêne dans leurs trafics. Mais, en incitant à la haine, en diffamant la police, c’est aussi les encourager. C’est un permis de brûler leurs voitures, de leur lancer des pierres.

Réponse de Philippe Val :

Ce parti méprise ouvertement le débat parlementaire et rêve […] de jumeler Caracas à Clichy-sous-Bois.


Point de trêve pour la propagande raciste, assénée matin, midi… et soir, en l’occurrence dans l’émission « Punchline », diffusée simultanément sur Europe 1 et CNews, et où défile le gratin de l’expertise. Le 3 mai, Ghislaine Ottenheimer de L’Express : Jean-Luc Mélenchon « est devenu islamocopain. Meilleur défenseur des musulmans, proche d’un certain nombre d’indigénistes. » Le 4 mai, l’expert médiatique Thibault de Montbrial – avocat (et ancien parachutiste de réserve) bien connu d’Acrimed [5] – affirme que La France insoumise « porte les thèses favorables à l’islamisme en France », avant de persister – « La France insoumise est le parti qui porte l’islamisme aujourd’hui » – et de fustiger les cadres et militants du parti, qui « envisagent de se coucher devant des gens qui envisagent la fin de la République. » Joseph Macé-Scaron acquiesce : « Toute la gauche abandonne la laïcité. » Première nouvelle – qui ne saurait évidemment s’embarrasser de la moindre argumentation.

Las. À côté, le flux de Sud Radio ferait presque pâle figure, y compris quand Thierry Ardisson apporte sa pierre à l’édifice, en l’occurrence le 2 mai : « On ne peut pas soutenir des gens qui sont aussi tolérants avec les islamistes évidemment. » « Évidemment ».


… au reste du paysage médiatique


Loin d’être cantonnés aux médias d’extrême droite, ces discours sont relayés bien plus largement dans les médias dominants. Dans L’Union (30/04), on parcourt l’éloquent portrait de La France insoumise, qui selon l’auteur « prône le communautarisme, l’indigénisme et le wokisme, piétine la laïcité, […] soutient les casseurs contre les policiers, […] pactise avec les islamistes ». Sur France Inter (12/05), le directeur du Point Étienne Gernelle ironise : Jean-Luc Mélenchon « n’est pas franchement en pointe contre l’islamisme ! Ses propos passés sur Charlie Hebdo en sont un signe parmi d’autres. » Sans précision. Sur France Inter encore (18/05), le rédacteur en chef du Figaro Alexandre Devecchio déblatère sur un « tournant communautariste », après avoir regretté que les critiques visant La France insoumise ne portent pas « davantage sur sa dérive anti-laïque et anti-universaliste ». Dans les pages de Franc-Tireur (4/05), l’illustre Caroline Fourest s’en mêle, fustigeant quant à elle « une gauche mélenchonienne flirtant avec les Indigènes de la République, Poutine et l’idée d’un Frexit ». Et chez Challenges (8/05), c’est un Maurice Szafran menaçant que l’on retrouve en édito :

Mélenchon a cru avoir trouvé le « truc » pour faire passer la pilule du communautarisme – le rabâchage du concept de « créolisation » piqué au romancier et poète antillais Édouard Glissant. Mais le « premier ministre » auto-proclamé ne s’en sortira pas à si bon compte.


Le 6 mai, Le Monde prend sa part : le rédacteur en chef porte la plume dans le « wokisme ». Ou l’« islamogauchisme » ? On ne sait plus trop tant la chronique – « Mélenchon et l’art d’être ambigu » – est aussi confondante d’ambiguïté que de malhonnêteté. Alors qu’il est question du programme culturel de Jean-Luc Mélenchon – révélant évidemment une « folie budgétaire » pour le premier et un « profil culturel » qui « indigne » pour le second – Michel Guerrin en arrive à la « question identitaire chez les "insoumis" » par une transition particulièrement hasardeuse. C’est qu’il existe, « au PS comme dans le monde de l’art » – c’est-à-dire ? – une « inquiétude ». Késaco ? « On pensait que ça allait de soi et pourtant [le] texte d’union [de la Nupes] mentionne "la protection de la liberté de conscience et d’expression". M. Mélenchon n’est pas un censeur, mais sa vision du sujet peut être fragilisée par des combats prioritaires. » Les griefs ? Ne pas rire : en 1) un débat d’une université d’été de 2017 « dont le titre était "Faut-il dégager les médias ?" » ; en 2) le « blocage » d’une pièce de théâtre par des étudiants de la Sorbonne en 2019, devant lequel « M. Mélenchon est resté muet » ; en 3) « deux ans plus tard », le soutien aux réunions non mixtes de l’Unef ; en 4) la participation à la marche contre l’islamophobie. Fichtre ! Peu ou prou le grand fourre-tout de la chasse aux « islamogauchistes », suffisant au Monde pour le lâché d’épouvantails : « Wokisme » ! « Cancel culture » !

Valeureux, le rédacteur en chef du quotidien de référence passe son temps à se réfugier derrière « des voix à gauche » qui « disent que », qui « ont appelé à », et autres « la gauche non "insoumise" s’indigne et dénonce ». Sans compter la référence à Charlie Hebdo, qui « a les mots et dessins les plus durs pour moquer un Mélenchon complice de l’islamisme. » Sans s’encombrer de plus, la chronique recycle en réalité les marottes d’une ligne vallsiste conforme à celle du « Printemps républicain » – intronisées « vérités médiatiques » – dont Michel Guerrin se fait le porte-voix sans jamais l’expliciter clairement, pour un verdict en revanche tout à fait définitif concernant Jean-Luc Mélenchon : « Aussi des socialistes, notamment les plus anciens, dénoncent sans cesse ses "ambiguïtés", sa façon de segmenter la société quand ils la veulent une, universaliste et républicaine. » D’insinuations en racontars, le mal est fait.

Dans l’émission dominicale à trois têtes – RTL, Le Figaro et LCI – Guillaume Roquette (directeur de la rédaction du Figaro Magazine) incarne à nouveau le journalisme de précision face à Olivier Faure :

Bernard Cazeneuve, l’ancien Premier ministre socialiste, dit que la République laïque ne peut pas frayer avec le communautarisme. C’est un reproche récurrent fait à Jean-Luc Mélenchon, c’est de… de ne pas se montrer suffisamment ferme sur ces sujets. Vous connaissez les soupçons d’islamogauchisme. (« Le grand jury », 8/05)

Et ce n’était pas une question ! Face à la réponse qui déplaît, Adrien Gindre (LCI) file les insinuations : « Vous n’avez pas eu besoin de demander à Jean-Luc Mélenchon des garanties sur les questions de laïcité ? Vous considérez dès le départ que cette question était claire ? » Et alors qu’Olivier Faure parle d’une « communauté musulmane stipendiée » et évoque des dialogues d’élus avec d’autres communautés de population en affirmant ne pas voir « très bien pourquoi il y aurait forcément à focaliser exclusivement sur les uns ou sur les autres », Guillaume Roquette saute le pas :

Peut-être [parce] qu’il y a peu d’attentats commis au nom du christianisme ou d’autres religions que l’islam.

Une campagne idéologique de tous les instants dans le Figaro Magazine, qui dans un retournement invraisemblable, publiait le 20 mai un dossier intitulé « Gauche. Le virage extrémiste. Enquête sur les dérives de Mélenchon » – dont le contenu n’a rien à envier aux productions de Valeurs actuelles – précédé quelques pages plus haut d’une interview en majesté... d’Éric Zemmour !



On poursuit avec Les Échos (2/05) où Daniel Fortin, directeur adjoint de la rédaction (du magazine), fustige élégamment « les leaders d’une gauche en loques [venant] baiser la babouche de leur nouveau roi insoumis ». De son côté, Paris Match (5/05) voit dans la Nupes « tous les esprits supérieurs de la cancel culture, du woke, de l’inclusivisme, de l’indigénisme, du bougisme. » Le rédacteur en chef du Figaro est tout aussi inspiré (6/05). La Nupes ? « C’est cet islamogauchisme assumé, ce triomphe de Nuit debout sur Charlie Hebdo. » Que promet-elle ?

Le soleil bolivarien sur une piscine municipale envahie de burkinis […]. Redistribution sans production, souverainisme social, fiscalité délirante, sans-frontiérisme irénique, écologisme apocalyptique, communautarisme tranquille : bienvenue en mélenchonie !


Et lorsque le maire EELV de Grenoble autorise le burkini, ce dernier envahit, si ce n’est les piscines, en tout cas les médias, qui s’en saisissent pour éclabousser le rassemblement à gauche. Du torrent, nous ne pêcherons qu’un seul exemple tiré de la matinale la plus écoutée en France. Le 17 mai, sur France Inter donc, Léa Salamé introduit le sujet du burkini face à Julien Bayou (EELV) en affirmant : « On va passer à la laïcité ». Ce dernier ayant l’outrecuidance de lui faire remarquer que le sujet « n’a rien à voir avec la laïcité », la matinalière le toise – « Aaah… » – avant de tourner en boucle, visiblement très agacée : « Vous soutenez Éric Piolle ce matin ? » Une fois. « Vous soutenez Éric Piolle ? » Deux fois. « Vous soutenez sa décision ? » Trois fois. « Ce n’est pas anodin la décision qui a été prise hier donc je vous demande si vous soutenez ? » Quatre fois. « C’est pas un problème en fait ? » Et le cirque continue : « Si demain vous êtes au pouvoir, le burkini sera autorisé partout en France, c’est ça que vous dites ? » Jusqu’au feu d’artifice :

Avec ce genre de décision, ne prouvez-vous pas qu’Emmanuel Macron a raison quand il dit que la Nupes choisit le communautarisme plutôt que l’universalisme ?


La presse obsédée par Taha Bouhafs…


Mais cette cabale contre les « islamogauchistes » avait en réalité commencé dès la fin avril, cristallisée dans la figure de Taha Bouhafs. Étiqueté « militant » par la profession, le journaliste n’en était pas à son premier procès sur (et par) la place médiatique – le premier (2019) ayant tourné autour de sa légitimité professionnelle. Il va sans dire, mais cela va mieux en le disant, que critiquer cette séquence (22 avril – 8 mai) ne revient évidemment pas à cautionner les agressions sexuelles dont plusieurs femmes l’accusent, révélées par BFM-TV et Mediapart le 11 mai (dont nous ne traiterons d’ailleurs pas la couverture médiatique ici), non plus à épouser la communication de La France insoumise à cet égard. Il s’agit, pour Acrimed, de pointer une illustration flagrante de la capacité des médias à co-construire un problème public et à exercer ensuite, à sens unique, un pouvoir de stigmatisation.

Cette fois-ci était principalement en cause sa condamnation en première instance (28/09/2021) – le jugement est actuellement en appel – pour « injure publique en raison de l’origine » à l’encontre de la syndicaliste policière Linda Kebbab, qu’il avait traitée d’« arabe de service » sur Twitter. Cette qualification – utilisée par Charlie Hebdo en août 1998 contre un élu FN, et qui avait d’ailleurs valu à Cabu une condamnation identique – a donné lieu au sein du tribunal à un débat politique sur le racisme, rapporté sur Twitter par Sihame Assbague, mais dont très peu de médias ont rendu compte, tant le verrouillage idéologique sur ce sujet est important, et la critique du racisme systémique, quasi impossible.

À défaut, les commentateurs se sont immédiatement saisis de cette condamnation en première instance pour fustiger la candidature de Taha Bouhafs à Vénissieux et faire de ce dernier, d’entre tous les candidats aux législatives, l’« ennemi public » numéro 1 – instruisant son procès en racisme de surcroît ! Le 22 avril, Le Figaro enclenche la machine en révélant sa possible investiture. Une information dont l’extrême droite fait immédiatement ses choux gras : dans Valeurs actuelles (25/04), l’idéologue Gilles-William Goldnadel dresse un « portrait-robot » de Taha Bouhafs, accusé de « relayer la propagande islamiste antisioniste la plus extrême » avant de mobiliser la théorie du « grand remplacement » pour fustiger La France insoumise : « Le communautarisme et l’islamogauchisme est en marche et avec le changement démographique en cours, on peut redouter que dans cinq ans, il sera trop tard ». Des accusations réitérées le même jour dans une seconde chronique au Figaro, lieu idéal tant le quotidien national prend cette affaire très à cœur : le 27 avril, son rédacteur en chef fustige nommément le journaliste dans son éditorial (un « militant islamogauchiste ») et du 25 avril au 6 mai, ce ne sont pas moins de neuf papiers qui traiteront – exclusivement ou partiellement – le cas de Taha Bouhafs. Le tout au prix d’arrangements tout à fait problématiques avec la vérité et le droit, comme ce 27 avril, où le quotidien fustige « l’étrange changement de pied des Insoumis sur l’inéligibilité des coupables d’incitation à la haine raciale » [6]. Non content de confondre l’injure et l’incitation à la haine, l’auteur met ainsi Éric Zemmour et Taha Bouhafs sur le même plan – selon un procédé frauduleux que nombre de commentateurs emploieront par la suite…

Sur la même période (soit 12 jours), nous avons relevé au moins 139 mentions de Taha Bouhafs dans les grands médias. Dans la presse, l’AFP, Le Monde, Le Parisien, La Croix, 20 Minutes, Marianne, L’Obs, Paris Match, etc. traiteront de l’affaire à des degrés divers, certains profitant de l’occasion pour y adjoindre sans contradiction les accusations d’élues socialistes fustigeant la « dérive communautariste » de La France insoumise (Anne Hidalgo, Sud Ouest, 26/04) ou le « communautarisme » de Jean-Luc Mélenchon (Carole Delga, L’Obs, 27/04). Quelques titres de la presse régionale vont même jusqu’à traiter le cas Bouhafs, et ce jusque dans leurs éditoriaux. L’Union par exemple, qui se vautre dans une fake news en écrivant que le journaliste a été « condamné pour haine raciale » (30/04).

Le 3 mai, Challenges annonçait encore en titre : « Législatives 2022 : décoloniaux, indigénistes... Les "épouvantails" de Mélenchon », en affirmant que ce dernier devait « composer avec le poids croissant pris par la mouvance décoloniale au sein des Insoumis. » Sur quoi se base l’article ? Taha Bouhafs, qui « à vingt-cinq ans seulement, collectionne les polémiques » et… Houria Bouteldja, dont l’auteur concède qu’elle n’a « aucun lien formel avec la formation mélenchoniste » avant de conclure : « Alors, noyautée par les ennemis de la République, la formation de Jean-Luc Mélenchon ? La réalité est loin d’être aussi caricaturale et tout dans le parcours du leader insoumis atteste de son attachement aux valeurs républicaines. » Ça valait bien le coup de faire un article, affublé d’un titre si tapageur…


… l’audiovisuel aussi


Et nous ne sommes pas au bout de nos peines, car c’est surtout dans l’audiovisuel que s’est déployée cette séquence. Entre deux virgules ? Non, principalement dans les matinales (soit les créneaux d’information les plus suivis et les plus commentés), histoire de redoubler l’ampleur médiatique nationale du sujet. L’occasion pour les intervieweurs d’assaillir les membres de la Nupes de questions autour de Taha Bouhafs, destinées de façon évidente non à produire de l’information, mais à stigmatiser le journaliste et derrière lui, le rassemblement à gauche.

Le 26 avril dans la matinale de RMC et BFM-TV, c’est Apolline de Malherbe qui ouvre le bal face à Adrien Quatennens : « Est-ce que vous allez investir Taha Bouhafs ? » ; « Taha Bouhafs à Vénissieux, qui est un journaliste militant qui a été condamné pour délit d’injure publique en raison de l’origine, ça ne vous dérange pas ? » ; « Ça vous met mal à l’aise en tout cas. » Et l’intervieweuse de réitérer – « Il n’est pas sûr que Taha Bouhafs soit investi par La France insoumise ? » – avant de justifier la séquence : « Vous inquiétez pas hein, on fait ce travail pour tout le monde ! » Précisément non. À titre d’exemple, aucun des trois représentants LREM reçus en un mois à son micro (Gabriel Attal, 25/04 ; Olivier Véran, 12/05 ; Jean-Michel Blanquer, 13/05) ne sera questionné sur la moindre affaire ou condamnation que traînent pourtant des candidats investis par la majorité [7]. Un traitement différencié dont tirent également profit Jordan Bardella (RN) (11/05) [8] et Les Républicains : face à Nadine Morano (10/05), non seulement Apolline de Malherbe ne s’acharnera sur aucun candidat LR, mais elle réhabilitera une figure judiciairement irréprochable : « Vous vous dites qu’il faudrait faire appel à Nicolas Sarkozy, et pourquoi pas ministre des Affaires étrangères tiens, d’Emmanuel Macron ? »

Le 28 avril à la suite du groupe Drahi, c’est Patrick Roger qui dans la matinale de Sud Radio, interroge à trois reprises Mathilde Panot sur le cas Bouhafs, dont une pour minimiser les menaces de mort qu’il reçoit – « Parce qu’il en a fait un combat aussi hein, c’est pour ça ! Et donc entre eux ils se renvoient la balle quoi, c’est un journaliste militant ! » – et une autre pour faire le parallèle avec la condamnation d’Éric Zemmour. Idem le lendemain, 29 avril, où Alexis Corbière est cuisiné pendant plusieurs minutes face à Dimitri Pavlenko dans la matinale d’Europe 1 : « Comment vous pouvez le soutenir alors que vous avez soutenu en décembre la résolution du communiste Roussel pour rendre inéligibles les coupables d’incitation à la haine raciale ? Ça visait Éric Zemmour. Ça vaut pour Zemmour, ça ne vaut pas pour Taha Bouhafs ? »

Le 3 mai sur Public Sénat, c’est un clone qui relativise à nouveau la « provocation à la haine raciale », chef d’inculpation qui, rappelons-le, n’est pas mobilisé dans le procès de Taha Bouhafs :

Oriane Mancini : Est-ce que vous soutenez son investiture ? Juste, Jean-Luc Mélenchon, quand Éric Zemmour s’est présenté à la présidentielle, il a dit qu’il était opposé à ce que des personnes condamnées pour incitation à la haine raciale puisse se présenter à des élections. Ça veut dire que ce qui vaut pour Éric Zemmour, ça vaut pas pour vos candidats aux législatives ?


Même jour, même heure, autre chaîne : « Ce n’est pas une obsession, c’est une question. Il y a cette candidature qui fait débat, celle de Taha Bouhafs […]. Partagez-vous sa vision, lui qui a été condamné pour avoir qualifié une policière d’"arabe de service" ? » (Sonia Mabrouk à Pierre Jouvet, Europe 1).

Même jour, même heure, autre chaîne : sur LCI, Élizabeth Martichoux déploie toute sa hargne face à Adrien Quatennens :

J’espère que je serai pas traitée de « hyène » pour vous avoir posé une question sur Taha Bouhafs comme ce fut le cas d’un de mes confrères la semaine dernière face à Alexis Corbière. La semaine dernière, interrogé sur [son] investiture, [...] vous aviez dit ne pas connaître son pedigree. [...] Est-ce que vous vous êtes renseigné depuis ? [Oui.] Et alors ? Ça ne vous gêne pas ?

Proférant à nouveau une fake news en évoquant une condamnation pour « incitation à la haine », Élizabeth Martichoux s’acharne : « Est-ce que ça ne vous gêne pas ? » ; encore : « Est-ce que c’est digne [qu’il] figure sur une liste France insoumise ? » ; et encore (à trois reprises) : « Il a été condamné ! » ; et encore : « Ne renversez pas la charge ! » ; et encore : « Ça ne vous gêne pas qu’il insulte les policiers ? Vous êtes gêné de me répondre »… Et encore :

Il avait aussi propagé une fausse rumeur selon laquelle un étudiant était mort sous les coups de la police en 2018. Pour sa défense, il avait dit "je n’étais pas encore journaliste, je ne pensais pas que j’allais le devenir". Sous-entendu, je pouvais accuser sans preuve. Ça fait beaucoup quand même ! Ça fait beaucoup ! Et par ailleurs, c’est une condamnation !

Avant d’asséner le dernier coup : « C’est pas important ?! C’est pas important ?! Et ne faites pas le procès aux journalistes de, entre guillemets, s’acharner sur un profil, on le fait à chaque fois qu’une personne est condamnée. » De quel côté du micro se trouvent les militants ?

Et ce n’est pas terminé. Le 6 mai, Manuel Bompard fait face à la même litanie aux « Grandes gueules » (RMC) [9]. Le 8 mai sur CNews, on peut compter sur Jean-Pierre Elkabbach pour questionner l’élue du PS Hélène Geoffroy au sujet de Taha Bouhafs, « montr[é] du doigt comme un symbole du radicalisme islamiste », avant de pousser les revendications de l’élue : « Qu’est-ce que vous demandez ? Qu’ils l’excluent ? Même si vous n’êtes pas dans [l’union], vous dites que ce n’est pas possible ? » Le bandeau à l’écran ? « T. Bouhafs à Vénissieux : un islamisme militant ».

Le 10 mai sur France Info, et à nouveau dans la matinale, Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia ajoutent leur contribution face à François Ruffin : « Vous êtes à l’aise avec cette candidature ou pas ? » ; « Vous êtes à l’aise tout simplement ou pas ? » ; « Vous détournez la question. La question c’est le profil de Taha Bouhafs. Est-ce que lui, il vous gêne ou pas ? » ; « S’il n’était pas de votre camp, vous diriez quoi ? »

Un coup de chapeau pour le service public, qui s’était déjà triplement illustré la veille (9/05). Une première fois le matin, où Caroline Roux en remettait une couche face à Fabien Roussel (France 2). Une deuxième à 18h50, lorsque Jean-François Achilli consacrait à ce sujet 2 minutes (sur 7) de son interview avec Manuel Bompard (France Info). Et une troisième au « 20h » de France 2. « C’est une candidature qui ne passe pas chez les communistes. Celle du journaliste militant Taha Bouhafs […] » annonce Anne-Sophie Lapix en introduction du « reportage », dans lequel un journaliste évoque « un profil controversé qui attire l’attention des autres partis. Reconquête, celui d’Éric Zemmour, a par exemple investi ce syndicaliste policier contre La France insoumise. » Avant de donner la parole au syndicaliste en question… sans aucun commentaire de transition : « Ce sont les extrémistes du 21ème siècle. Ce sont le danger de ce siècle. Donc je pense que c’était d’utilité publique que je me présente face à lui. » La voix off n’embrayera pas, pas même pour parler a minima de « profil controversé » à propos de ce syndicaliste fétiche de la fachosphère, dont Streetpress faisait un portrait accablant le jour-même.

Ajoutons enfin à ce tableau de chasse la litanie des chroniques et interventions contre Taha Bouhafs. Par exemple : « Supplétif de l’ultragauche, de l’islamisme, des gens qui sont les décoloniaux, des woke etc., des indigénistes, des gens qui veulent fracturer la République » (Thibault de Montbrial, Europe 1/CNews, 4/05) ; « Il flirte avec l’islamisme, avec l’antisémitisme. [...] Les positions de Mme Obono, de Mme Autain, de M. Portes, de finalement la plupart de ces gens-là sont assez conformes à la pensée de monsieur Taha Bouhafs » (Gilles-William Goldnadel, CNews, 10/05) ; « Une démocratie, ça se défend et Taha Bouhafs, ça ne s’investit pas » (Jean-Michel Aphatie, LCI, 29/04) ; « Tahar [sic] Bouhafs dont on connaît le pedigree, voilà euh… entre guillemets islamogauchiste » (Régis Le Sommier, France Info, 4/05). « Erreur gravissime », « vieux démons communautaristes » s’étouffe encore Géraldine Muhlmann : « Je ne suis pas d’accord moi pour que quelqu’un comme Taha Bouhafs, avec ce passé, soit député, ça me pose de gros problèmes ! » (France 5, 5/05) ; « Si Taha Bouhafs doit renoncer à briguer un siège de député, ce n’est pas parce qu’il représentait "ceux qui ne sont rien", mais parce qu’il représentait ceux qui sont quelque chose : racistes, anti-républicains, islamo-gauchistes, anti-Charlie, propagateurs de fake news... » (Éric Naulleau, Twitter, 10/05) Et, en guise de bouquet final, l’éditoraliste Guillaume Bigot (CNews, 5/05) délire :

La France insoumise […] a mis là un candidat ouvertement islamiste […]. S’il est élu ce sera la première fois depuis l’élection de Jean-Marie Stirbois en 1983 que quelqu’un d’ouvertement raciste et antisémite arrive à l’Assemblée nationale. Je pense que ça va être un coup de tonnerre, parce que ça va être le retour d’idées absolument antirépublicaines et nauséabondes dans le paysage politique. […] M. Bouhafs […] charrie une idéologie violemment d’extrême droite, violemment islamophobe, violemment antifrançaise, violemment antisémite et violemment raciste.


***


On le voit : l’hystérie médiatique autour de l’islam, de même que les confusions et amalgames permanents qui sous-tendent les discussions traitant de la « laïcité » pourrissent le débat public, stigmatisent les musulmans autant qu’ils jettent l’opprobre sur un courant politique. Et ce bien au-delà des médias d’extrême droite. Au bout du compte, les renversements opérés par les têtes d’affiche les plus en vue – consistant par exemple à faire des militants antiracistes les « nouveaux racistes » ou à s’enflammer sur le « communautarisme » musulman après l’attaque de fidèles dans la mosquée de Bayonne – sont de plus en plus fréquents.

Et qu’on ne s’y trompe pas : malgré la médiocrité évidente qui jonche ces séquences, les chefferies médiatiques ne perdent pas pied. La plupart perçoivent et construisent bel et bien la gauche dite « radicale » comme l’ennemi à diaboliser, au mieux mis à égalité avec l’extrême droite, au pire… en pôle position. « L’autre Le Pen » titrait Le Point (11/05), placardant en Une le visage de Jean-Luc Mélenchon. Sans honte… et sans choquer les confrères, tant cet exemple rejoint un mouvement de fond que nous pointions dans l’entre-deux-tours, et réaffirmé dans cette séquence jusqu’à plus soif.



Pauline Perrenot, avec Denis Perais pour l’observation (courageuse) des médias Bolloré.

 
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Notes

[1Nouvelle union populaire écologique et sociale.

[2À ce sujet, lire le travail du sociologue Fabrice Dhume-Sonzogni, notamment Communautarisme. Enquête sur une chimère du nationalisme français (Demopolis, 2016), dont on trouvera des recensions, par exemples celle de David Noël dans Lectures (janv. 2018).

[3C’est du reste, pour Valeurs actuelles, une récidive : un mois après l’attaque de fidèles musulmans par un ancien candidat RN à la mosquée de Bayonne (28/10/2019), l’hebdomadaire pointait en Une « la menace vegan, un nouveau totalitarisme » et dans le même numéro, consacrait déjà quatre pages à Renaud Camus, « le maudit lumineux », « combattant prêt au sacrifice pour la défense de son pays » (28/11/2019).

[4À ce sujet, lire « Entre poire et fromage, le CSA assume sa timidité face à CNews » (Arrêt sur images, 20/12/2021). À propos de CNews donc : « "Au fond, la démocratie, c’est la confrontation des idées", poursuit [Roch-Olivier Maistre] en s’érigeant contre un "politiquement correct" et un "consensus" auquel les chaînes devraient s’astreindre : "Le Conseil est très attentif à permettre cette expression dans une période où, pour des raisons diverses et variées, on parle de wokisme, de cancel culture, il peut y avoir une forme d’appel à la censure." Bolloré peut donc dormir tranquille : "Cette diversité fait la diversité du paysage. Rien ne vous empêche de zapper." »

[6Depuis, le titre a été « corrigé » pour « coupables de propos racistes ».

[7Outre Jérôme Peyrat, ancien conseiller d’Emmanuel Macron condamné pour violences conjugales (ayant retiré sa candidature le 18 mai), « l’édifiant inventaire » de Mediapart, tous partis confondus, aurait pu donner quelques idées à Apolline de Malherbe. Un inventaire évoqué également dans « À l’air libre ».

[8Il y avait, là encore, pourtant matière : « Condamnés pour violences, complotistes, racisme assumé, anciens de Génération identitaire... » Lire « Dédiabolisation au RN : encore des ratés aux législatives » (Libération, 20/05).

[9Alain Marshall : « Taha Bouhafs sera candidat ? » ; « Il y a polémique ! En votre sein aussi ! » ; « Vous dites "on va voir", c’est pas sûr qu’il sera candidat ? » ; « Mais c’est bien parti ? » ; « Pour vous il doit être candidat ? » ; « Non mais vous critiquiez Éric Zemmour qui était condamné, et Taha Bouhafs qui a été condamné, pour vous, il y a pas de problème qu’il soit candidat ? C’est du deux poids deux mesures non ? »

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