« La critique du Monde n’est pas seulement légitime, elle est bienvenue », proclame fièrement Le Monde du 26 février 2003. Ajoutons immédiatement que n’est bienvenue que la critique que Le Monde juge légitime et que n’est légitime que la critique que Le Monde trouve bienvenue, et nous aurons (presque) fait le tour de la question.
Car tout le reste n’est qu’injures, bassesses et calomnies. Toute critique qui n’a pas reçu l’agrément du Monde est un crime de lèse-Le Monde : le pire des crimes qui puisse se commettre contre la Majesté des majestés éditoriales.
Au point que Le Monde a décidé de boycotter toute rencontre et tout débat (lui qui les aime tant…) avec ceux dont il méprise l’intransigeance.
Nous laisserons donc le lecteur juge de nos forfaits passés, en attendant d’en accomplir de plus graves encore.
Au fil des jours, de 1999 à 2003, nous avons recensé quelques symptômes des options de ce journal qui, insidieusement ou ouvertement, assure la promotion de la très haute idée qu’il se fait de lui-même, en dispensant sur les questions les plus diverses des leçons de morale et de politique très précisément orientées.
– Lire : « Le Monde par lui-même (1999-2002) » et « Le Monde persévère (2002-2003) ».
Car Le Monde est un journal d’opinion : très exactement le journal de l’Opinion légitime. Dont on se doute qu’elle se confond avec le prêt-à-penser libéral (mais « régulé »…)
Au fil des ans, le quotidien citoyen, tendance « cadres-branchés », sourd à la critique (quoique connecté à notre site…), a poursuivi son éloge de la mondialisation heureuse (ou qui devrait l’être si Le Monde était plus écouté…), de la France moderne (ou qui devrait l’être, si elle ne se heurtait pas à tant d’archaïsmes …), de l’Europe indépendante (ou qui devrait l’être si elle parlait d’une même voix et qu’importe laquelle…), de la Démocratie transparente (que Le Monde s’emploie à faire advenir en s’offrant lui-même en modèle de transparence…).
Dans le même temps, Le Monde préparait son entrée en Bourse, seule garantie de son indépendance pour ses dirigeants : la confiance dans le marché boursier est pour Le Monde un acte de foi économique et un choix de société - une politique d’entreprise et une ligne éditoriale.
– Lire : « Le Monde en Bourse ».
Confusion des genres, voire duplicité dont témoignent les rapports entre Le Monde et le quotidien gratuit 20 Minutes.
– Lire : "Les gratuits et les vertueux" et, en particulier, "Le double jeu du Monde, suivi de "Accord conclu : Le Monde vend sa vertu à 20 minutes.
Parmi les symptômes de référence que nous avons été amené à diagnostiquer, quelques-uns plus que d’autres méritent un détour particulier (pour les autres une seule solution « cliquer » sur le mots-clé « Le Monde » dans les thèmes associés présents sur notre colonne de gauche).
1. La contribution du Monde à la légitimation des guerres impériales conduites au Kosovo et en Afghanistan (et la critique corrélative de « l’antiaméricanisme ») ;
– Lire, par exemple : « Le Monde en guerre » et « Nous sommes tous américains ».
2. La contribution du Monde à la mondialisation heureuse (et à la critique corrélative des mouvements altermondialistes)
– Lire par exemple : « Le Monde scrute l’antimondialisation ».
3. La contribution du Monde à la santé économique et déontologique des quotidiens gratuits ;
– Lire par exemple : « Le double jeu du Monde ».
4. La contribution du Monde à la constitution d’une société de connivences et de services réciproques avec les gouvernants, les chefs d’entreprise et des intellectuels pour médias, préalablement sélectionnés.
– Lire par exemple : « Le Monde et les grands entrepreneurs » ou « Le Monde Argent et ses lecteurs.
Encore ne s’agit-il que d’un échantillon … que nous complèterons ici peu à peu avec d’autres références aux articles parus.
H.M.
Lire notre rubrique " La face cachée du Monde ".
Sur Le Monde, notre rubrique Le Monde, un "quotidien de référence", et les articles consultables à partir du "thème associé" Le Monde (ci-contre, colonne de gauche).