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Dossier

La fausse agression du RER D : un journalisme de meute ?

par Acrimed,

De la désinformation en temps réel aux autocritiques sans conséquences : un certain journalisme s’offre en spectacle. Acrimed présente son dossier.

RER D : Le temps de l’analyse

Le 19 juillet 2004, Acrimed annonçait dans les termes suivants un dossier sur le traitement médiatique de la fausse agression du RER D :

« Le vendredi 9 juillet 2004, une jeune femme a déclaré à la police avoir été victime d’une agression à caractère antisémite. Dès le lendemain soir, son témoignage, parvenu au cabinet du ministre de l’intérieur, et relayé par l’Agence France Presse (AFP) a déclenché une vague d’indignation dans le milieu politique et associatif, et a bénéficié d’une impressionnante couverture médiatique. Seulement voilà : trois jours plus tard, la jeune femme reconnaît avoir tout inventé. « Léger » malaise dans la classe politique, et nouveau coup porté à la crédibilité des médias. [...]

Aussi prompts à transformer en spectacle leurs autocritiques généralement sans conséquences, qu’à accréditer, si l’émotion l’exige, les versions non vérifiées des faits divers, fussent-ils les plus graves, nombre de responsables éditoriaux font leur mea culpa... en commençant par se défausser sur « une société malade » (L’Humanité), ou sur « les plus hautes instances de l’Etat » (Le Monde, Libération, France 2)...

Prenant délibérément le temps, nécessaire, de la réflexion et de l’analyse, Acrimed publiera prochainement un dossier sur cette affaire « catastrophique pour la crédibilité des médias », comme le note le chroniqueur Daniel Schneidermann (Libération, 16.07.2004). »

Lire la totalité de l’article : « La fausse agression du RER D : un dossier accablant »

Nous avons patiemment observé, laissant la procédure judiciaire se conclure, et la fièvre médiatique retomber. Puis nous avons achevé notre travail d’analyse.
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A présent, notre « dossier » est prêt.

En voici le sommaire, actualisé au fur et à mesure de la publication des articles.

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RER D : Le sommaire du dossier

[Première publication : 2 août 2004 - Dernière actualisation : Mercredi 1er septembre 2004 ]

1. Avant de revenir sur le traitement médiatique de cette prétendue agression, ainsi que sur la présumée autocritique opérée par les journalistes, il paraît indispensable, de commencer par récapituler le déroulement des évènements, tel qu’il semble aujourd’hui avéré. Une tâche particulièrement délicate tant il est difficile d’établir avec précision la chronologie de l’enquête policière, et de savoir à quel moment les premiers doutes sont apparus, et quand ils se sont mués en certitude.

 Lire : « Retour sur les événements »

Le déferlement de condamnations (légitimes, si les faits avaient été avérés) et d’instrumentalisations à toutes fins politiques (notamment réactionnaires) n’ont fait qu’alimenter la fièvre médiatique. Un petit échantillon de déclarations destiné à mettre en évidence comment se construisent des commentaires à sens unique, précisément parce que les médias qui les alimentent et les cautionnent légitiment ainsi les leurs.

 Lire : « Indignations et effets d’aubaine »

2. Il a suffit d’une dépêche de l’AFP, le samedi 10 juillet 2004, pour que la quasi-totalité des médias accréditent le récit de la prétendue agression livré par Marie L. Les journalistes - des journalistes - se sont-ils précipités, en « pittbulls aveugles » sur « l’os de la première dépêche venue », pour reprendre une formule d’André Bercoff (qui estime néanmoins que ce n’est pas si grave) ? Examen des faits

 Lire : « Des « pitbulls aveugles » à l’assaut d’une dépêche ? »

3. Lundi 12 juillet - Heureux journalistes de la presse écrite, dispensés du travail d’investigation « en direct et bénéficiaires d’une journée d’investigation dominicale... mais pour quels résultats ? A défaut d’informations précises, place à l’imagination ?

 Lire : « L’info en différé : de la « sobriété » de la presse écrite... (1) »
[Mis en ligne le 3 août]

4. Deuxième partie de notre revue de presse du Lundi 12 juillet : Libération et l’Humanité se distinguent par leur traitement débridé du sujet. Mais, parmi les quotidiens nationaux, c’est France Soir qui remporte le grand prix des chiens de garde !

 Lire : « L’info en différé : de la « sobriété » de la presse écrite... (2) »
[Mis en ligne le 4 août]

5. Lundi 12 juillet, toujours - Grands consommateurs de dépêches de l’AFP et grands lecteurs de journaux, les journalistes et présentateurs de la radio et de la télévision prétendent « savoir », au gré des circonstances, des rumeurs et du vent...

 Lire : « L’info en direct : de la « rigueur » des radios et télévisions »
[Mis en ligne le 4 août]

6. Suivre, en particulier, les informations diffusées sur Europe 1 - du Lundi 12 au Mardi 13 est après coup un intermède à la fois amusant et inquiétant. Le lundi matin, l’enquête des policiers sur l’affaire du RER D piétine. Rien sur les bandes vidéos des caméras de surveillance situées sur les quais de la ligne du RER, une victime incapable de décrire précisément ses agresseurs et surtout, surtout, pas le moindre témoin de la scène. Heureusement, Alain Acco, fin limier d’Europe 1, est sur leur piste...

 Lire : « Intermède sonore : Europe 1 mène l’enquête »
[Mis en ligne le 5 août]

7. Lundi 12 juillet. Tandis que le journalisme d’information témoigne de son respect scrupuleux de l’exactitude, éditorialistes et commentateurs donnent la pleine mesure de leur talent. Qu’importe les faits, pourvu qu’on ait l’ivresse...

 Lire : « La pensée en surplomb : de « l’élévation » des commentaires... » [Mis en ligne le 9 août]

8. Du Lundi 12 au mardi 13 juillet : Quand les doutes policiers deviennent publics, les médias suivent

 Lire : « Le vent tourne, les girouettes aussi » [Mis en ligne le 10 août]

9. Un exemple particulier et ... exemplaire : Sud Ouest. Du début à la fin, un condensé de toutes les outrances : « la désinformation est sacrée, et l’autocritique est facultative »...

 Lire : « Sud Ouest prend le RER en marche »
[Mis en ligne le 11 août]

10. Les journalistes auraient esquissé un début de réflexion autocritique, a-t-on appris de source médiatique. Prenant cette information avec toute la prudence qui s’impose, Acrimed se penche sur cette autocritique présumée...

 Lire : « Média culpa (1) : L’autocritique des autres »
[Mis en ligne le 18 août]

11. Le jeudi 15 juillet, à 19h20, le « Téléphone sonne » est consacré à « l’affaire du RER D ». L’autocritique en temps réel des médias dans les médias est un produit médiatique comme les autres. Ici, on répond sans répondre, on s’emballe sur un « emballement », on s’explique sans expliquer, on bat (légèrement) sa coulpe... jusqu’à la prochaine fois. Toutes les tentatives d’aller plus loin (il y en eu...) semblent vouée à l’échec.

 Lire : « Média culpa (2) : « Le téléphone sonne » et personne ne répond »
[Mis en ligne le 19 août]

12. Nous étions paisiblement en train de rédiger un article sur le média culpa du Monde, un peu exaspérés, il faut le dire, d’avoir encore à enregistrer et analyser des autocritiques dont tout laissait penser qu’elles seraient sans conséquences, quand Le Monde lui-même s’est chargé de confirmer nos soupçons en multipliant ouvertement les tentatives d’effacement.

 Lire : « Intermède : Un mois après Le Monde siffle la fin de la récrée »
[Mis en ligne le 23 août]

13. Le Monde, donc, avant de tourner la page, nous a proposé, comme il se doit une autocritique « de référence ».

 Lire : « Média culpa (3) : Il faut de tout pour faire Le Monde »
[Mis en ligne le 1er septembre]

14. Et pour finir ... Si la fausse agression du RER D mérite qu’on s’y arrête longuement, c’est parce qu’elle est un puissant révélateur du fonctionnement ordinaire des médias, un fonctionnement qui explique à la fois les désinformations à répétition et la construction des informations les mieux vérifiées.

 Lire : « Conclusions provisoires : on efface tout et on recommence ? »

Une observation collective

Le dossier que nous publions, rédigé pour l’essentiel par Arnaud Rindel, n’aurait pas été rendu possible sans un travail collectif.

Sa réalisation a notamment nécessité le visionnage des journaux télévisés des trois premières chaînes (éditions de 13h et 20h de TF1, éditions de 8h, 13h et 20h de France 2, éditions de 12h, 19h et le « soir 3 » de France 3), la lecture systématique des dépêches AFP, les articles et tribunes - entre autres - du Monde, de France Soir, de Libération, la Croix, le Figaro, L’Humanité, Ouest France, Sud Ouest, les Dernières nouvelles d’Alsace, le Parisien, le Nouvel Observateur, l’Express, le Point, le Courrier International, Les Inrockuptibles, le Canard enchaîné, Charlie Hebdo, Marianne, Paris Match et Valeurs actuelles, ainsi que l’écoute de chroniques, d’interview et de flash d’information radiophonique (cette fois épars - les meilleures volontés ont aussi leurs limites...) sur Europe 1, RTL, France Info, France Inter et France culture.
Un passage en revue médiatique, additionné de quelques émissions partiellement ou entièrement consacrées à ce sujet, notamment les « 4 vérités » sur France 2 (rubrique de l’émission « Télématin », tous les jours vers 7h40), l’émission matinale de Jean-Marc Morandini (du lundi au vendredi à 10h30 sur Europe 1), celles de Jean-Pierre Elkabbach (du lundi au vendredi vers 8h45 sur Europe 1) et Michel Field (du lundi au vendredi à 18h30 sur Europe 1), les « matins de France culture » (entre 7h et 9h, du lundi au vendredi), et « le Téléphone sonne » de France Inter (« Quand l’information s’emballe », émission du jeudi 15.07.2004) .
Si toutes les sources n’ont pas directement servi, un tel tour d’horizon s’est avéré indispensable pour dénicher les bribes d’information originales et pertinentes. [1]


A lire, pour une information plus détaillée sous certains aspects, le dossier de Pour Lire Pas Lu, notre succursale (non franchisée) :

- Les Affabulateurs (tragicomédie médiatique en deux actes), disponible en en version html, sur le site de PLPL.

 
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Notes

[1Il est en effet impossible de savoir par avance dans quel média (et dans laquelle de ses éditions) on pourra les trouver, tel journal pouvant publier, un jour, un document déterminant, noyé au milieu de résumés truffés d’approximations, un autre proposer un travail d’information honnête mais présentant certaines erreurs significatives, un troisième diffuser un témoignage éclairant malgré ses reportages habituellement médiocres.

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