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RER D - 8. Le vent tourne, les girouettes aussi

par Daniel Querry,

Du Lundi 12 au mardi 13 juillet : Quand les doutes policiers deviennent publics, les médias suivent


« 
Je croyais lire un journal, je lisais un roman  »
Vincent Delacroix (Libération, 17.07.2004)

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Lundi 12 juillet 2004 : le vent tourne à l’AFP

C’est le lundi soir, du côté de l’AFP, que parviennent les premiers doutes sérieux.

A 20h40, une première dépêche fait état des « "contradictions" dans le témoignage de la victime », rapportée par le syndicat de police Synergie-officiers. Une nouvelle occasion de retrouver un familier des médias...

« Depuis hier soir sont apparues des contradictions. Il n’y a pas assez d’éléments probants", a déclaré à l’AFP M. Beschizza. [...] "Il y a des incohérences dans les déclarations (de la jeune femme)", a précisé un autre responsable de Synergie-Officiers, Frank Carabin. Il a notamment fait état de "l’absence de témoins", et du fait que le personnel de guichets de la SNCF, à qui la victime affirme avoir dénoncé l’agression, ne se souvienne pas de l’affaire. »

9 minutes plus tard, les précautions d’usage font enfin leur apparition dans le fil AFP...

La même dépêche est republiée, additionnée d’un court résumé des faits, qui commence à prendre ses distances avec le témoignage de Marie (« La jeune femme a raconté aux enquêteurs (...) », « selon ses déclarations (...) »), qui jusqu’à présent était toujours présenté comme un fait établi.

Cette soudaine conscience professionnelle se confirme une heure plus tard dans une nouvelle dépêche mise à jour expliquant à nouveau que « L’enquête sur l’agression dans un train rencontre des "contradictions" ».
Cette fois, les précautions se multiplient : « [...] La jeune femme, âgée de 23 ans, a déclaré que six jeunes l’avaient attaquée [...] La jeune femme a déclaré aux enquêteurs [...] Selon ses déclarations, après s’être emparés de son sac, les agresseurs, la croyant juive, lui ont coupé des mèches de cheveux, ont lacéré ses vêtements et lui ont dessiné au marqueur des croix gammées sur le ventre [...] Toujours selon le récit de la jeune femme, les voyageurs présents dans la rame n’ont pas réagi. [...] »

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Mardi 13 juillet : L’Humanité et Charlie à contretemps


Charlie Hebdo
, qui, pour cause de fête nationale, paraît exceptionnellement ce Mardi, nous offre en « une » une illustration sans ambiguïté : s’il n’y a pas de témoins, si les passagers sont restés passifs, c’est à cause de leur lâcheté.


L’Humanité
, qui a bouclé la veille vers 16 h30, n’a pas pris connaissance des doutes des enquêteurs et continue sur sa lancée.
Si le quotidien ne fait plus sa « une » sur le sujet, le titre de l’article consacré au sujet est explicite, puisqu’il demande (avec une pointe d’inquiétude ?) : « Les témoins resteront-ils à quai ? ».

Les deux rédacteurs nous expliquent que « l’émotion reste immense », puis que « La gravité des faits [qui ne sont donc pas remis en cause] indique, au-delà de l’augmentation du nombre des agressions racistes, qu’un palier supplémentaire a été franchi dans l’échelle des violences gratuites et antisémites. »
Le refrain est maintenant bien connu. Et l’article se demande ensuite avec une mauvaise foi stupéfiante s’il s’agit là d’un « rappel brutal d’un lourd passé antisémite français, comme l’invitent à penser certains commentateurs ? ». Comme si l’Humanité n’avait pas largement participé à ces commentaires !
Et pour couronner le tout, les journalistes enchaînent : «  Ce qui est sûr, et qui provoque l’indignation de tout un chacun, c’est que l’agression s’est produite dans l’indifférence générale. Personne n’a bougé, ni tirer le signal d’alarme. » [souligné par nous]

Puis le quotidien laisse sagement la parole à une psychologue et à un sociologue.

Carole Damiani, psychologue chargée de mission à l’INAVEM (Institut national d’aide aux victimes et de médiation), peut ainsi nous expliquer qu’il est « extrêmement grave que les gens ne se sentent pas concernés par la souffrance des autres », avant de décréter qu’« aujourd’hui, beaucoup plus qu’auparavant, nous avons des réactions individualistes.  »

Mais, nous assure-t-elle, comme en réponse à l’inquiétude affichée en titre par L’Humanité, « les témoins de l’agression, s’ils sont "normalement névrosés" ne pourront pas passer à côté de la culpabilité et devraient normalement venir témoigner. Ou alors, c’est inquiétant et cela en dirait long sur l’état de cohésion sociale de notre société... »
Ou alors c’est qu’il n’y a pas eu d’agression...

Quant au sociologue, il s’agit de Michel Wieviorka, qui lui aussi commente doctement l’affaire comme un fait avéré. Le problème c’est, bien entendu, le « sentiment d’impunité », et le fait « que la société, et le monde entier, aient créé les conditions qui font que parler ou agir ainsi est légitime, que la haine des juifs est légitime ». Résultat ? « Il s’agit d’une criminalité de gens qui ont plus que la haine : ils ont la rage ».
Et concernant l’apparente apathie des témoins, Michel Wieviorka rassure, lui aussi, L’Humanité : « Il est fort possible que les témoins aient été tétanisés, terrorisés. Il faut s’imaginer la scène, d’une extrême agressivité, d’une grande violence ».
Et l’universitaire de conclure en exhortant les témoins à « [sortir] de cet état de terreur ou de honte d’avoir été victimes de quelque chose qui les a salis, et [à aller] porter plainte »

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Mardi 13 juillet : Métro et Ouest France sur leur lancée...

D’autres journaux ont clairement décidé de continuer à « faire campagne » pour la jeune femme.


Métro
rapporte lui aussi l’absence de témoin, mais plutôt sous forme de l’exhortation. Le court article est ainsi titré « A la recherche de témoins » et insiste sur les appels à témoins.


Ouest-France
, continue de jouer la sobriété, avec un simple titre en « une » : « Face à l’agression du RER D, la passivité des passagers fait débat  » indique le surtitre, tandis que le titre reste on ne peut plus neutre : « RER : la difficile recherche des témoins »

En pages page 2, si l’article affirme en titre que « La police peine à retrouver des témoins  », le corps de l’article continue d’accréditer la version de la jeune femme.
Toujours rapportée à l’indicatif, la réalité de cette « terrible agression dont une jeune femme a été victime » n’est toujours pas mise en doute. Le quotidien insiste à nouveau sur « le calvaire de cette mère de famille bousculée avec son bébé, insultée, et marquée d’ignobles croix gammées sur le ventre », puis offre une large place aux réactions d’usagers et aux nombreuses « voix [qui] s’élèvent pour fustiger [la] passivité » des passagers, à commencer par celle de Jean-Pierre Raffarin.

Ce n’est qu’une fois passé les huit dixièmes du corps de l’article [1], que nous apprenons (et encore au conditionnel) que « pour l’instant, la police ne disposerait d’aucun témoignage » puis que « devant cette absence d’indices, des doutes ont surgi sur les déclarations de la victime ». « Mais, nous précise aussitôt le quotidien, le procureur de la République de Cergy-Pontoise indique “tout faire pour corroborer ses dires”. »

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Mardi 13 juillet : schizophrénies éditoriales

Alors les interrogations commencent à poindre, d’avisés commentateurs confortent leurs certitudes.

Ainsi, A 7h42, sur RTL, Alain Duhamel nous livre néanmoins une analyse de haute volée : selon lui, quoi qu’il en soit, la stigmatisation des français à la peau noire ou basanée est justifiée, et la pire des choses serait de les voir comme des victimes. Et surtout, quoi qu’il arrive, la répression reste justifiée.

« Quelles que soient les questions nécessaires et légitimes qu’il faut se poser sur la véracité et sur l’exactitude des faits, l’affaire du RER a au moins démontré quelque chose [...] la France officielle, la France d’en haut elle, est d’un bloc hostile à toute forme d’antisémitisme ». A l’inverse, nous explique l’analyste, « ça n’empêche pas le fait qu’il y ait aujourd’hui une explosion d’antisémitisme au sein d’une fraction des jeunes beurs »

Le thème de l’impuissance est toujours présent (« faute de pouvoir faire changer rapidement la réalité des faits, on proteste »), tout comme l’appel à la répression. Comme le Monde, Alain Duhamel nous explique en effet qu’ « on sait bien qu’il y a en réalité deux types de mesures à prendre. Il y a d’une part la répression contre tous ceux qui participent à des formes de propagande antisémites dans les milieux des jeunes beurs. En particulier on sait qu’il y a un certain nombre d’imams qui tiennent des propos radicaux, violents, et racistes ; et contre ceux là qui sont généralement de nationalité étrangère, il n’y a qu’une seule solution, c’est évidemment l’expulsion. »

« Et si jamais les faits ne s’étaient pas déroulés comme l’a déclaré la jeune femme ? » lui demande l’animateur de la tranche matinale de RTL ? La réponse ne se fait pas attendre. « Ce serait extrêmement embarrassant et ce serait surtout extrêmement négatif, parce que ça enracinerait, ça encrerait l’idée justement de la minorité des jeunes beurs, crédules et qui est accessible à l’antisémitisme dans l’idée que ce sont en réalité eux les persécutés, ce qui serait la pire des choses. »

Quelques minutes plus tard, sur la même antenne, Jean-Michel Aphatie reçoit Jean-François Copé, qui fait preuve d’une grande prudence. Il use et abuse outrancièrement de la langue de bois, et entonne l’air claironné par la majorité des hommes politiques pris en défaut dans cette histoire : si ce fait divers est faux, ce n’est pas grave c’est comme s’il l’était puisqu’il y en a tous les jours de semblables...
« Je vais vous dire une chose : il faut bien voir qu’au-delà de l’émotion considérable qu’un récit comme celui-là peut provoquer, chez toute personne, il y a une réalité... Cette réalité, quoi qu’il arrive, ne doit pas être dissimulée : l’explosion du nombre d’actes racistes et antisémites, commis dans notre pays ces dernières années, est une réalité que nous devons combattre, car c’est un mal qui est réel, qui est probablement profond, et qui nécessitera à la fois beaucoup de moyens, beaucoup de temps et une intransigeance totale. »

Mais Sud Ouest - nous y reviendrons - nous offre un bien bel exemple de schizophrénie éditoriale : si l’information fait désormais place aux interrogations, les encadrés et les commentaires n’en tiennent aucun compte. Des « mises en perspective » d’un non-événement, en quelques sortes...

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Mardi 13 juillet : La presse écrite en marche arrière

La plupart des journaux rapportent désormais les doutes qui planent sur l’enquête [2].


La Croix
continue de se montrer (sur ce sujet précis en tous les cas) exemplaire. Titre neutre (« La police cherche des témoins »), priorité à l’appel à témoin, un récit toujours systématiquement au conditionnel. Ne s’étant pas engagé avec force dans un sens ou dans l’autre, le journal n’éprouve donc logiquement ni le besoin de camoufler les piétinements de l’enquête, ni le besoin de faire du zèle sur les doutes supposés des enquêteurs ou sur la personnalité de Marie, la possibilité d’une agression n’étant pas nécessairement définitivement écartée, même s’il est désormais relativement improbable qu’elle se soit déroulée telle que l’affirme la jeune femme.


20 minutes
, tout en consacrant une brève aux « manifestations de soutien qui se multiplient », rapporte que « trois jours après les faits, les policiers de Versailles sont toujours dans le brouillard » car « aucun élément probant n’est venu confirmer les dires de la jeune femme  » qui, nous précise le quotidien gratuit, « affirme avoir été agressée ».

Les Dernières nouvelles d’Alsace notent en titre que « l’enquête se heurte à des contradictions », et fait clairement état des « doutes affichés sur l’authenticité du témoignage de la jeune femme ».

Même attitude dans le Parisien , qui rétablit le conditionnel et, faisant échos aux doutes des enquêteurs, explique que « l’enquête pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses »


Le Figaro
titre en pages intérieures sur « l’agression en question », et rapporte, outre les éléments à charge contre le témoignage de la jeune femme et quelques précédents de canulars « qui ont déjà défrayé la chronique  », un entretien avec « Madame X [qui] connaît Marie depuis une dizaine d’année  », l’un des deux témoins entendu par la police de Versailles. Celle-ci affirme que « Marie raconte fréquemment des histoires. Son entourage s’en amuse régulièrement. Lorsqu’elle est marquée par un événement dans l’actualité ou un épisode de la vie d’un de ses proches, il lui arrive de se l’approprier comme si elle l’avait vécu. Lorsque j’ai compris qu’elle était la victime dont toute la presse parlait, j’ai tout de suite pensé à un canular. Je me suis dit : « C’est sûrement un « mytho » de Marie. » Lorsque j’ai vu l’ampleur que prenait l’affaire, je ne voulais pas y croire. Je pense qu’il y a 99,9% de chances que cette affaire soit inventée de toutes pièces. »

Mais le quotidien n’oublie pas malgré tout sa position habituelle de chantre d’une politique sécuritaire et ultra-répressive, en consacrant un article à « un sentiment tenace d’insécurité dans les transports », car, nous affirme le surtitre, « en dépit des premiers progrès enregistrés, la peur des franciliens reste élevée ».


Libération
titre également en pages intérieures sur les « zones d’ombre de l’agression », en constatant qu’il n’y a « toujours pas de témoins, trois jours après l’agression dont une jeune femme affirme avoir été victime ». Le conditionnel effectue un retour en force et la réalité se mue prudemment en « version de Marie », en « affirmations » et en « déclarations ».
Puis l’article détaille les doutes des enquêteurs, les éléments à charge, en précisant « toutes informations que le cabinet du ministère de l’Intérieur refusait hier soir de confirmer. » Comme si c’était au ministère de veiller à la rigueur du contenu de la presse, et non aux journaux d’attendre d’en savoir plus avant d’écrire sur une affaire en cours.

En fin d’après-midi paraît Le Monde , daté du mercredi 14 juillet. Le quotidien, ayant appris la mise en garde à vue de la jeune femme, se montre plus prudent que ses confères. Il titre : « Agression du RER : le doute s’installe », puis consacre un premier article aux « réactions prudentes dans les milieux politiques ».
Le second, signé Piotr Smolar, se demande : « Marie L . se trouvait-elle réellement en gare de Garges-Sarcelles, vendredi 9 juillet vers 10 heures, au moment où, selon ses dépositions, six individus ont fait tomber sa poussette de la rame et se sont enfuis après l’avoir agressée pendant son trajet ? Les enquêteurs de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Versailles en doutent ».
En conséquence de quoi, le journaliste rétabli immédiatement l’emploi systématique du conditionnel et réserve une large place aux doutes des enquêteurs.

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Mardi 13 juillet : Les JT entre deux chaises

Sur France 2, au journal de 8h, Olivier Galzi ouvre sur l’affaire et amorce avec prudence : « Après l’émotion, le doute. Il semblerait que le récit de la jeune femme qui affirme avoir été agressé vendredi dans le RER comporte de nombreuses incohérences ». Mais, tempère-t-il, « pour l’instant cela ne fait pas de la jeune fille une affabulatrice ».

A 12h, France 3 relègue l’affaire en troisième position (après l’épave du Bugaled Breizh, et l’affaire Fourniret) et titre sur les « zones d’ombre », en évoquant les doutes sur l’enquête.

France 2, en revanche, ouvre son édition de 13h sur l’affaire. Le bandeau à l’écran titre « RER D. L’ombre d’un doute ». Et Daniel Bilalian consent cette fois à être un peu plus prudent : « l’agression d’une jeune femme dans le RER - les déclarations de la victime ne sont confirmées par aucun témoin - le doute s’est installé sur la réalité des faits ».
Une fois terminée l’annonce des autres titres, il reprend : « L’agression ignoble [...] a-t-elle vraiment eu lieu ? C’est une question qu’on est en droit de se poser ce matin. »

Ce matin seulement ? Pourtant, dès la veille, au moins, les éléments de doutes (plusieurs plaintes déposées précédemment pas la jeune femme, aucune déclaration confirmée, aucun témoin) étaient déjà disponibles, mais on n’était pas « en droit » de se poser des questions ? « Bref, les enquêteurs sont de plus en plus circonspects », conclut-il, la circonspection ne pouvant concerner que la police, les journalistes se bornant à suivre.

Au même moment, sur TF1, à la suite d’un reportage exposant les doutes croissants des enquêteurs, JP Pernaut ajoute : « Oui, en tout cas la plus extrême prudence s’impose maintenant après l’empressement des politiques à dénoncer l’antisémitisme qui semblait se dégager de cette affaire qui a en tout cas révélé, d’après tous les témoignages recueillis ensuite , la réalité des bandes de voyous qui font régner la terreur dans les trains. Ca c’est vrai. » [c’est nous qui soulignons].
Cet aveu est proprement inoubliable : qu’importe ce qui s’est réellement passé, puisque ce fut pour TF1, notamment, l’occasion de parler des « bandes de voyous » ! Telle était l’allègre contribution de TF1 à la symphonie sécuritaire - propagation des fantasmes d’explosion de la violence qui permettent d’emporter l’adhésion des foules aux solutions extrêmes qu’impose cette situation d’urgence.

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Du côté de l’Agence France-presse

Du côté de l’AFP, « la plus extrême prudence » semble également s’imposer...

A 12h49, l’agence publie un résumé qui multiplie à nouveau les précautions (c’est nous qui soulignons).

« L’agression du RER D [...] suscite des interrogations depuis lundi, a-t-on appris de source policière . [...] L’analyse des bandes vidéo de la gare de Sarcelles - où seraient descendus les agresseurs - n’avait pas permis lundi soir de repérer les agresseurs, avait indiqué une source proche de l’enquête . [...] Une source policière a indiqué mardi que la jeune femme avait déjà porté plainte à six reprises ces dernières années [...] Les enquêtes ouvertes à la suite de ces plaintes n’ont jusqu’à présent abouti à aucune arrestation , a-t-on précisé de même source . La jeune femme a affirmé aux enquêteurs avoir été agressée vendredi matin par six jeunes, dont quatre d’origine maghrébine selon elle [...] Selon ses déclarations, après s’être emparé de son sac, ses agresseurs, la croyant juive, lui ont coupé des mèches de cheveux (...) »

En début d’après midi, une autre dépêche signale que le Syndicat national des officiers de police (SNOP - majoritaire) dénonce les « pressions » qui pèsent sur les enquêteurs, dues à la « surmédiatisation » et la « politisation » de l’affaire. « Surmédiatisation [qui] a été aidée par les déclarations de certains responsables syndicaux qui veulent se faire de la publicité et finissent par dire n’importe quoi », a déclaré à l’AFP le secrétaire général adjoint du SNOP, Dominique Achispon, qui souhaite que l’on « [laisse] les enquêteurs travailler dans le calme et la sérénité » (AFP, 13h12)

« Il n’a pas cité d’organisation mais fait référence aux déclarations, lundi soir, de deux responsables du syndicat de police Synergie (second syndicat chez les officiers) », précise la dépêche de l’AFP.
Frank Carabin a les oreilles qui sifflent...

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Quand le vent tourne...

Quand le vent tourne, les girouettes le font aussi. Plus ou moins rapidement. Et non sans grincer. Des grincements qui annoncent déjà la suite : « C’est la police qui nous a induit en erreur, avant de rectifier » ; « On a eu (un peu, beaucoup...) raison d’avoir tort » ; « Qu’importe, puisque l’antisémitisme existe bel et bien » et que...

« Cette affaire [...] a en tout cas révélé, d’après tous les témoignages recueillis ensuite, la réalité des bandes de voyous qui font régner la terreur dans les trains. Ça c’est vrai. » (Jean-Pierre Pernaut)

Que l’on imagine un seul instant quelles réactions - légitimes - susciterait une transposition comme celle-ci :

« Cette affaire [...] a en tout cas révélé, d’après tous les témoignages recueillis ensuite, la réalité d’une bande de pseudo-journalistes qui font régner le bavardage dans les médias. Ça c’est vrai. »

A 17h05, l’AFP apprend à ses clients que « La jeune femme [...] a été placée en garde à vue ». Puis, à 18h45, l’agence précise qu’elle « a avoué lors de sa garde à vue mardi après-midi qu’elle avait menti. » Une information confirmée plus tard par le procureur de la République de Pontoise (AFP, 20h17).

Comment sauver alors le peu qu’il reste des apparences ?

 
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Notes

[1Pour être exact il faut attendre d’avoir vu défiler 2027 caractères (espaces non compris) sur les 2575 du corps de l’article (sans le titre ni le chapô), soit 78 % du corps de l’article.

[2Outre les exceptions déjà mentionnées, c’est également le cas du Monde pour les lecteurs qui ne lisent l’édition du soir que le lendemain matin, décalage funeste en l’occurrence.

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