La Une annonce la couleur : deux pleines pages, introduites par l’inévitable édito du directeur de la rédaction Nicolas Charbonneau, dont le titre donne le ton : « Jusqu’au-boutisme ». L’occasion d’enchaîner les poncifs : d’un côté « une poignée d’irréductibles à la tête de bastions, qui n’ont même pas regardé les propositions qu’on leur présentait », de l’autre « le gouvernement [qui] a finalement tapé du poing sur la table et décidé de réquisitionner une partie des grévistes. » Et on appréciera ce parti pris à peine déguisé : « "Il était temps", notaient ce mardi soir des observateurs, qui s’inquiétaient de voir un conflit social assez banal mettre un pays tout entier à l’arrêt. » « Des observateurs » ? Mystère.
Après avoir joué la partition des grévistes-qui-sont-tous-des-privilégiés (en reprenant la communication plus que douteuse de la direction de TotalEnergies sur le salaire moyen à 5000€/mois), Charbonneau conclut :
Ces grévistes pénalisent d’abord ceux qui n’ont pas le choix. Des artisans, des salariés de PME, des commerçants, des entrepreneurs… Tous ces Français qui n’ont ni transports en commun ni pistes cyclables, et aucun autre choix que de prendre leur voiture pour aller travailler. C’est à tous ceux-là que les grévistes font un bras d’honneur, tout en pariant que les Français, à cran, les suivront dans leur combat. Pas sûr qu’ils soient très convaincants.
On connaît la chanson.
Maxime Friot