Alors que se multiplient les révélations sur les manipulations médiatiques de l’OTAN pendant la guerre au Kosovo, les journalistes français les plus bellicistes gesticulent pour dissimuler leurs bavures.
Un orage printanier s’est abattu sur les rédactions parisiennes qui, un an plus tôt, embrassaient sans réserve la " juste cause " de l’OTAN au Kosovo [1]. Le bilan humain, politique et militaire de cette " guerre humanitaire " est revu à la baisse.
Contrairement à ce qu’avait certifié la presse française, on sait aujourd’hui que les tentatives de règlement diplomatique ont été délibérément torpillées à la conférence de Rambouillet (février 1999) ; que la campagne de bombardement, prévue pour durer quelques jours, s’est prolongée dans l’improvisation [2] ; que l’exode massif des Kosovars a coïncidé avec le début de l’opération militaire (rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, décembre 1999) ; que les Serbes n’ont pas commis de " génocide ", le nombre de victimes albanophones s’établissant de manière presque définitive à " moins de 3 000 " (The Guardian, 18/08/2000, chiffre tenant compte des investigations menées au cours de l’été 2 000 par le Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie). On sait également que 78 jours de bombardements " chirurgicaux " ont laissé l’armée yougoslave intacte tout en ruinant les infrastructures civiles (Newsweek, 15/5/2000). On sait enfin que l’OTAN s’est rendue coupable de crimes de guerre par " l’attaque délibérée " d’objectifs civils comme l’ambassade de Chine et l’utilisation d’armes interdites telles que les bombes à fragmentation ou à l’uranium appauvri (rapports d’Amnesty international,7/6/2000 et de Human Rights Watch, 7/02/2000).
" Nous n’avons pas dit la vérité ", admet le général Dieter Stockmann, adjoint du nouveau commandant US de l’OTAN (Newsweek, 10/07/2000). Aux États-Unis, l’éditorialiste du Los Angeles Times, William Pfaff, pourtant partisan de l’intervention, s’interroge : " Quels autres mensonges nous a-t-on racontés ? " (The International Herald Tribune, 11/05/2000).
Comment les télégraphistes français de la " guerre humanitaire " émargeant au Monde, à Libération, au Nouvel Observateur, au Point, à Charlie Hebdo, aux Inrockuptibles ou à Télérama ont-ils rendu compte de ces informations ?
Le répertoire de l’éditorialiste aux abois comporte plusieurs registres : escamoter les questions gênantes, nier ses erreurs, édulcorer les révélations encombrantes et tordre les faits à son profit. Ils furent souvent interprétés en chœur.