Alors que se multiplient les révélations sur les manipulations médiatiques de l’OTAN pendant la guerre au Kosovo, les journalistes français les plus bellicistes gesticulent pour dissimuler leurs bavures.
Le répertoire de l’éditorialiste aux abois comporte plusieurs registres : escamoter les questions gênantes, nier ses erreurs, édulcorer les révélations encombrantes et tordre les faits à son profit. Ils furent souvent interprétés en chœur.
Tous aux abris
Le premier réflexe des publications pour qui la conférence quotidienne de d’OTAN tenait lieu de réunion de rédaction consista à éluder la question de la désinformation. " Le risque serait de lasser ", décréta Jean-Michel Helvig dans Libération (18/04/2000). Les Inrockuptibles montrèrent plus d’audace en interrogeant sur le traitement médiatique de la guerre une personnalité cajolée par les médias. Dés la première question, il était clair que l’autocritique serait différée : " On sent en ce moment les prémices d’une certaine forme de révision de l’Histoire à propos de la réalité de la guerre au Kosovo. À partir d’une remise en cause du nombre de morts, en soi légitime, quelques personnalités en viennent à dénoncer un soi-disant " bourrage de crâne " qu’auraient subi les médias... " (18/04/2000). La confession de Jamie Shea fut en revanche requise. Dans le supplément du Monde, " Kosovo, un an après ", Luc Rosenzweig reprocha au porte parole de l’OTAN d’avoir... porté la parole de l’OTAN : " Comment expliquez-vous que des informations délivrées par vous-même sur les exactions serbes au Kosovo n’ont pas été ensuite confirmées par les enquêtes sur le terrain ? " (25/3/2000). Le quotidien vespéral ne jugera pas utile de se soumettre lui-même à ce genre d’examen.