Historique
La décision de lancer Fakir a été prise au début de l’été 1999. L’idée de départ, selon François Ruffin, son fondateur, c’était de « démolir le journal municipal hebdomadaire [le Journal des Amiénois (JDA)] qui ment par omission de manière constante, faire que ce journal disparaisse de la scène publique amiénoise. ». Et Fakir d’annoncer la couleur, dès le numéro 1 qui sort en décembre 1999 : « Rédiger un contre-JDA, c’est rappeler, simplement, que subsistent dans notre cité de sérieux problèmes. » Plus loin : « le 5 mai dernier, alors qu’une centaine d’amiénois étaient licenciés pour cause de profits [Yoplait, déjà], le JDA titrait sur "un carnaval fou et gratuit." Chacun ses priorités. »
Quelque temps plus tard, au printemps 2000, F. Ruffin rencontre Serge Halimi, journaliste au Monde Diplomatique, de passage à Amiens. « On ma dit que j’étais presque aussi con que vous » lui lance François Ruffin en lui remettant un exemplaire de Fakir. La phrase était du responsable de la communication de l’université d’Amiens. « Je vous remercie, je prends ça comme un compliment. » lui avait répondu François Ruffin. Dans la foulée, Serge Halimi rédige une note dans le Diplo. « Une note super encourageante ; et ça, quand tu te bagarres quasiment tout seul dans ton coin pour faire vivre un truc, quand tu as ça dans le diplo, ça aide sur le plan moral (beaucoup plus que sur le plan financier), ça contribue à te faire dire "continue" ».
La note ? « Ce bimestriel alternatif publié à Amiens est un bon exemple de ce que devrait être la presse dissidente partout où les quotidiens régionaux, en situation de monopole de fait, préfèrent dorloter les puissances en place. Au sommaire, une excellente enquête sur les conditions de travail dans une centrale d’appel de la région. » [1]
La troisième date clé, après un an d’existence, c’est le passage par le réseau Somme Presse, la filiale locale des NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne) qui permet à Fakir d’avoir une démarche professionnelle de diffusion (Cf. plus bas Diffusion).
Les procès sont aussi autant d’étapes dans la vie du journal. Fakir vient de sortir son dix-huitième numéro.
Les collaborateurs
« Ce sont des gens extrêmement différents. J’essaye de mettre un peu d’huile dans les rouages », indique Thérèse Couraud, présidente de l’association.
L’équipe de départ était composée de François Ruffin (à l’époque étudiant en linguistique), son cousin (Jérôme Ruffin), une amie et un « camarade ultra-libéral biélorusse (sic) ». Tous trois sont venus en amis, pour « donner un coup de main », sans trop se soucier de la ligne éditoriale.
« La plus grosse tâche que j’ai pu faire c’est soutenir François moralement » se souvient Jérôme Ruffin. « Plus le journal marche et plus on commence à gêner, on se fait taper sur les doigts. Moralement ça commence à jouer de plus en plus. François, il a baissé deux-trois fois les bras. Le premier procès qu’on a eu, ça fait tout drôle. Il y a pas mal de doutes. C’est toujours lui qui a Fakir sur ses épaules. C’est un gros morceau. »
Jérôme a également participé à beaucoup de tâches matérielles : mise en page, photocopies, tractages, affichages, développement des dépôts ventes.
Aujourd’hui, un emploi jeune est dédié aux tâches administratives. Il est occupé par François Ruffin. Il devrait être remplacé mi-novembre 2003. Il pourra alors se consacrer à la rédaction.
La rédaction, les enquêtes, les dessins... sont presque tous bénévoles.
La rédaction est composée de Darwin, François Ruffin et quelques « brèveurs » occasionnels.
F.R. : « Ca peut paraître comme une absence de modestie mais tant pis : Fakir c’est le journal de François Ruffin. J’écris 95 % du contenu. »
« Le problème pour recruter d’autres collaborateurs c’est qu’il est plus facile de trouver des volontaires pour produire des tribunes, des éditoriaux, des billets d’humeur que pour faire des enquêtes qui demandent du temps et la volonté de se prendre des portes dans la gueules et d’aller rencontrer l’autre. Et pour l’instant je n’ai pas trouvé quelqu’un pour faire ce travail avec moi, en plus de moi ou pour me remplacer. »
« Darwin est plus sur une logique de billet d’humeur, bien écrit. Je l’invite à aller chercher des faits, même dans la presse. »
« La distance par rapport aux organisations politiques et syndicales [2] a fait qu’il n’y a jamais eu d’entrisme. Evidemment que ces organisations aimeraient être des collaborateurs réguliers du journal qui est un peu la tribune de "l’intelligentsia". Ce sont les minorités actives qui sont touchées par Fakir : militants associatifs, cadres politiques et syndicaux. »
Dessinateurs : Viny, Fabian, Gambit, Crouy,...
F.R : « Pour le premier numéro, j’ai payé les dessins : quand tu veux avoir quelque chose, que tu veux l’avoir vite, que tu t’imposes à toi même des délais et que tu veux les imposer aux autres, si tu veux avoir un dessin dans la semaine, tu le payes ne serait-ce que 100 balles t’as plus de chance de l’avoir. Surtout qu’au départ le journal n’avait pas de capital symbolique. Aujourd’hui c’est différent. Il y a du monde pour faire des dessins. Il est plus urgent de trouver d’autres rédacteurs. »
« On paye surtout les dessinateurs qui ont peu de revenu (étudiants, personnes bénéficiant des minima sociaux) ; c’est un accord entre nous. Les gens qui sont salariés font ça bénévolement. » précise Fabian, dessinateur des premiers jours. Il ajoute : « Il y a des gens qui font ça bénévolement aussi parce que c’est plus par conviction. »
Précisons que ce dessin de Fabian fait référence à la visite de Jean-Pierre Raffarin à Amiens le 1er septembre 2003. [3] Ajoutons que le « Dans le c. Michel » concerne le procès perdu par Michel Maïenfisch contre Fakir. (Cf. plus bas Les procès)
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