Accueil > Critiques > (...) > 2003 : Le Forum Social Européen de Paris-Saint Denis

Présentation du dossier

Les médias et le Forum Social Européen de Paris-Saint Denis

A l’occasion du Forum Social Européen de Florence, « une équipe de valeureux " envoyés spéciaux ", dépêchés par Acrimed sur le front des petits écrans et de la grande presse (avec quelques incursions dans les stations de radio) » avait « prélevé des échantillons du journalisme d’enquête et d’investigation à l’œuvre pendant le Forum » (lire notre dossier : Le Forum Social Européen de Florence).

Les médias nous observent ? Observons les médias ! Nous renouvelons donc cette observation à l’occasion du Forum de Paris Saint-Denis, en présentant ici le dossier qu’Acrimed réunit peu à peu. Cette présentation provisoire est réactualisée, à mesure que paraissent les articles correspondants.

(Première version : le 10 novembre 2003. Dernière version : le 22 novembre, vers 16 heures.)

Préambule. De Florence à Paris

A l’approche du Forum, Florence avait été déclarée « ville en danger » par les médias français, venus au secours des médias italiens mobilisés pour " sauver le patrimoine artistique de la ville ". Rien de tel, jusqu’à présent, à Paris.

Et pendant les débats de Florence, force fut de constater que, « à peine social et fort peu européen, le Forum n’exista guère : on se demande encore en quoi ce fut un Forum Social Européen ».

Nous écrivions alors :

«  Un Forum  ? S’il arrivât que l’on fasse état de débats, rares - très rares - sont les médias qui rendirent compte, ne fût-ce que partiellement, de leur contenu ;
Un Forum Social  ? S’il arrivât que l’on fasse état de la dimension sociale de ce Forum, en soulignant par exemple la participation plus importante des syndicats, plus alléchants pour les journalistes furent les passages éclairs et les prestations de quelques responsables politiques français ;
Un Forum Européen ? S’il arrivât que l’on mentionne la dimension européenne de ce Forum, la plupart des comptes-rendus (quand ils existèrent…) se concentrèrent sur la participation française.
(…) Que le Forum social européen soit un espace démocratique (ou un segment de l’espace démocratique dans son ensemble) n’intéresse pas les tenanciers de l’espace médiatique. C’est bien connu : c’est l’espace médiatique qui est (par nature, par vocation, par destin) l’espace démocratique lui-même
 ».
(lire :Peur sur la ville, forum sans forum et manifestation festive.)

I. Préparatifs

Forum social 2003 : l’information sous perfusion

Le 16 octobre 2003 se tenait une conférence de presse de présentation du Forum social. Résultat ? Il n’y eut, à de rares exceptions près, aucun compte-rendu.

Depuis, la presse quotidienne nationale et régionale, une fois encore à de rares exceptions près, n’a diffusé qu’au compte-goutte des informations sur le Forum. Une parcimonie sans doute bienvenue, à en juger par les « biais », les approximations et les « erreurs » de ce journalisme à l’économie. Qui ne deviendra, le plus souvent, prolifique que pour écraser les informations sous le poids des commentaires.

Lire : « Forum 2003 : l’information sous perfusion »

Forum social 2003 : Tariq Ramadan super star ?

En revanche, il a suffi qu’un texte de Tariq Ramadan soit diffusé sur une liste Internet de préparation interne du Forum, pour que quelques maîtres-tanceurs s’en emparent et, complaisamment relayés par d’éminents journalistes, et de non moins éminents responsables politiques, soumettent le Forum Social Européen à des tirs de sommation. Tant que cette campagne médiatique durera, la critique des médias risque, malgré elle, de lui être associée. Mais nous n’entendons nous taire ni sur son point de départ ni sur son déroulement. Nous y reviendrons le moment venu.

Attac, en revanche, directement mis en cause par cette campagne, se devait d’y réagir. Lire : « Une opération médiatico-politicienne contre le FSE » (Communiqué d’Attac)

Forum Social 2003 : à l’affût de la récupération politique ?

N’ayant apparemment rien à dire du Forum Social lui-même, les zélés commentateurs se sont penchés avec délectation sur les interventions de formations politiques qui, de l’UMP à la LCR en passant par le PS, ont fait connaître leurs positions dans des meetings d’avant Forum. Libre à chacun de considérer, selon ses options politiques et selon les cas, qu’il s’agit-là d’interventions légitimes ou de tentatives de récupération. Ce qui est sûr, c’est que la récupération médiatique, dans une version politicienne de la politique, bat son plein. Un Forum trop social ?

A paraître prochainement : « Forum 2003 : Un forum social en pages politiques »

Forum social 2003 : ceux qui savent avant de savoir

N’ayant toujours pas expliqué en quoi consistait le Forum Social Européen et quels étaient son contenu et son programme, quelques éditorialistes, forcément remarquables, ne se sont pas privés de commenter par avance sa dynamique et son sens. Mais le pire est sans doute à venir.

Libération, au risque de denir obèse, a gonflé les 10 et 11 novembre le volume de ses pages consacrées au Forum. Mais pour dire quoi ? Lire « Libération, un quotidien "branché" sur l’altermondialisme »

Les Echos, de leur côté, ont consacré un suppément de 24 pages à l’altermondialisme vu des hauteurs libérales. Lire : « Le quotidien Les Echos offre un manuel à ses lecteurs »

Les hebdomadaires, à classer ici pace que leurs délais de rédaction les contraignaient à se limiter à de longues enquêtes aussi approfondies que préalables, promettaient de savoir et de comprendre.

Bilan pour Le Point, L’Express et Le Figaro Magazine ? Manoeuvres des partis politiques, divisions, financement, stérilité de la contestation, insinuations : tout est bon, dans les hebdos, pour parler du Forum Social Européen… sans en parler. Lire : « Les hebdos désinformés de la droite inspirée »

Quant aux radios et aux télévisions, leur silence juqu’au 10 novembre fut assourdissant. La télévision publique fut, évidemment, exemplaire. Lire : « France 2 réinvente le service minimum »

Les radios au moins se sont rattrappées depuis. Mais comment ?

II. Pendant le Forum (12-15 novembre)

Des informations réduites au minimum. Des " angles " et des commentaires qui construisent un FSE pour journalistes-chroniqueurs… Des interviews de leaders… Toujours les mêmes… Quelques plages d’expression où les altermondialistes sont invités le plus souvent à rendre des comptes.

Questions de biais pour information d’une grande densité et pour débat de haute intensité. Lire : « France Inter interroge José Bové "sur le fond" »

Il existe, il est vrai, quelques îlots préservés où les altermondialistes parviennent parfois à dire eux-mêmes ce qu’ils sont et ce qu’ils pensent. Ce ne sont pas les journalistes qui vont tenter de le faire à leur place : ils sont beaucoup trop préoccupés de trouver des " angles " et de donner leur avis, plutôt que d’informer sur la réalité et les débats du Forum Social Européen…
Il fallait écouter les radios, pour prendre la mesure de cete "malinformation". Lire (en deux articles) : « Quelques extraits des "grandes" radios »

Dans la presse écrite, Libération a tenté de résoudre un épineux problème. En effet, comment flatter les altermondialistes, sans renoncer à ce prétendu « réalisme » que Libération cultive depuis tant d’années ? En affectant de contester la contestation, mais en lui concédant quelques raisons d’exister. De là, dès le début, des articles d’information qui servent de prétexte à de savants éditoriaux. Lire : « Libération, quotidien "branché" sur l’altermondialisme »

Dans la presse écrite toujours, Le Parisien a fait dans la diversité ! Le décalage a été constant entre les éditions de banlieue traitant honnêtement le Forum (même au prix de présentations souvent anecdotiques), une édition parisienne l’ignorant presque totalement et, enfin, des pages nationales sélectives et biaisées jusqu’à la caricature. Lire : « Le Parisien préfère ses banlieues »

Dernière version : le 22 novembre, vers 16 heures. A suivre…

NB. Pour avoir un premier aperçu des débats du Forum lui-même, du moins sur les médias, l’information et les journalisme, suivez le " thème associé " : "Interventions au FSE de 2003"

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

A la une