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Le Monde : vers un renforcement du médiateur ?

Le contenu du Monde laisserait-il à désirer, au point de justifier un renforcement du rôle du médiateur du journal ? C’est ce qu’on peut déduire des quelques informations qui ont filtré de l’assemblée générale (AG) de la Société des rédacteurs du Monde (SRM), réunie lundi 28 juin 2004 [1].

En effet, l’AFP (29 juin) rapporte qu’ " une question a été posée sur un éventuel changement du médiateur du Monde, Robert Solé et sur une possible évolution de la fonction de médiateur évoquée par le patron du Monde, Jean-Marie Colombani.
Interrogée par l’AFP, Marie-Béatrice Baudet (présidente de la SRM [2]) a indiqué avoir souligné en AG que "Jean-Marie Colombani, s’exprimant devant le conseil de la SRM, a dit qu’il réfléchissait à renforcer le rôle du médiateur en le chargeant de réaliser des contre-enquêtes. C’est une évolution de la définition précise du rôle de notre médiateur, qui est médiation entre le lecteur et la rédaction, tel qu’il est défini dans notre Livre de style.
(...) Le conseil de la SRM a dit, il y a un an, qu’il était tout à fait attaché au rôle du médiateur. J’ai réaffirmé devant l’AG cet attachement et indiqué que si jamais, il devait y avoir évolution du rôle du médiateur, cela donnerait lieu à un débat dans la rédaction et que nous serions partie prenante, bien évidemment". "

Des " contre-enquêtes ", c’est précisément ce à quoi s’est plié le New York Times, confronté ces derniers mois à deux cas successifs de graves " dérapages " : d’une part la publication de plusieurs reportages " bidonnés " réalisés par un jeune journaliste couvert par le directeur de la rédaction (les deux ont été renvoyés...) [3] ; d’autre part un " mauvais journalisme " (selon les termes du médiateur du NYT) dans la couverture de la guerre d’Irak et des arguments avancés par l’administration Bush pour tenter de justifier l’offensive. De graves erreurs que le NYT a reconnu et détaillé fin mai dans un texte de son médiateur et dans un éditorial.

Le Monde, toujours prompt à faire l’autocritique des autres [4], a d’ailleurs donné un large écho aux " mea culpa " du NYT, par exemple en consacrant ces jours-ci (2/07/04) une page entière aux " tempêtes au "New York Times" " ou relatant il y a quelques semaines (1/06/04) que " le médiateur du "New York Times" revient sur les défaillances du journal dans sa couverture de la guerre en Irak ".

Le "mea culpa" du New York Times n’inspire pas Le Monde, était-il relevé ici. Que la direction du Monde mentionne l’éventualité de " contre-enquêtes " sur ce qui, dans la " production " du journal, suscite la suspicion, pourrait paraître un pas dans la bonne direction. S’il ne s’agit pas, encore une fois, de se payer de mots, et de temporiser, pour satisfaire, ponctuellement, une rédaction légitimement inquiète.

 
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Notes

[1A propos de l’AG de juin 2003, lire Colombani bousculé par sa rédaction.

[2Note d’Acrimed.

[3Voir ici-même (colonne de gauche) le "thème associé" New York Times.

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