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Bernard Arnault s’invite encore dans les colonnes du Parisien ?

par Attac,

Nous relayons sous forme de tribune [1] un article publié par Attac sur le traitement médiatique par Le Parisien d’une action menée le 3 avril à La Samaritaine à Paris (et qui fait écho à un épisode similaire en juillet 2021). (Acrimed)

Attac a l’habitude de voir une partie de la presse réagir de façon parfois vigoureuse à ses actions désobéissantes. En juillet dernier, la rédaction du Figaro posait même la question : « Faut-il dissoudre Attac ? ». Nous ne rejetons pas le débat, nos actions sont aussi créées pour cela : faire réagir. Mais hier, suite à notre action à la Samaritaine, Le Parisien a fustigé en des termes grossiers et mensongers l’action pacifique et non-violente à laquelle participaient plusieurs organisations (les associations Attac et Droit au Logement, le collectif Inter-Urgences et le syndicat Solidaires Finances Publiques). Selon le quotidien, cette action était « violente », menée par un mouvement « d’extrême gauche ». Un vocabulaire qui interroge puisque l’action visait notamment le propriétaire de ce même journal.



Quotidien de référence, Le Parisien est détenu par le groupe LVMH du milliardaire Bernard Arnault. Sa rédaction a déjà été traversée par des secousses en 2016, suite à l’ordre donné par la direction de ne pas recenser le film de François Ruffin Merci Patron !, peu flatteur pour Bernard Arnault, puis en 2018, quand la SDJ du journal s’inquiétait de voir le même Bernard Arnault « s’inviter trop souvent dans les pages ».

À travers la récente couverture du même journal des actions d’Attac à la Samaritaine, nous assistons à un nouveau cas d’école des effets de la concentration des médias dans les mains des milliardaires ! En juillet 2021 déjà, Le Parisien signait un article à charge contre notre association, suite à une action non-violente devant la Samaritaine et le siège parisien de Louis Vuitton. L’article y décrivait un « acte de vandalisme insensé vigoureusement critiqué sur les réseaux sociaux. », se permettant de préciser qu’il s’agit d’« une opération qui laisse pantois. » Il relayait de nombreuses réactions à notre action sur les réseaux sociaux, parfois insultantes (« connerie humaine », « révolutionnarisme des petits-bourgeois repus d’extrême gauche »), mais surtout, toutes dénonciatrices. Les marques de soutien à notre action n’ont pourtant pas manqué ce jour-là, jusque dans la bouche de personnalités publiques ou politiques importantes, mais aucune n’est relayée dans l’article.


Article tiré de l’édition 75 du Parisien, le 4 avril 2022.


La couverture de notre action d’hier s’effectue aujourd’hui de la même façon. Celle-ci est qualifiée de « violente », dès le titre, par les propres mots du journaliste. Encore hier, aucune violence pourtant. Les 70 personnes impliquées ont pénétré dans l’enceinte de la Samaritaine par l’entrée principale, sans bousculade, avant d’installer une banderole au premier étage. Elles ont ensuite occupé le magasin pacifiquement pendant 2 heures, animant l’ensemble de prises de paroles, de quelques morceaux de rap et de parodies de jeux télévisuels. L’ensemble de l’action s’est menée dans le calme, accompagnée d’un dialogue constant avec la sécurité de l’établissement et les forces de police. Plusieurs clients ont d’ailleurs assisté depuis les balcons à une partie de cette action, certains l’ont même applaudi, avant que la direction ne prenne elle-même la décision de fermer les lieux. Les vidéos de l’action, prises ici en direct, ou ici par le journaliste indépendant Clément Lanot en attestent.

Dans quel but également désigner comme « militants d’extrême gauche » des familles mal-logées et les membres de deux associations reconnues d’utilité publique, d’un collectif de soignants, et du premier syndicat de la Direction générale des Finances publiques ? Enfin, ni en juillet 2021, ni hier, Le Parisien n’a cherché à nous contacter pour apporter la contradiction au sein de ces articles.

Nous ne demandons pas au journalisme d’être neutre, nous lui demandons par contre d’être factuel. Ces méthodes qui visent à jeter le discrédit sur nos actions et sur les combats de notre association, discréditent de fait leur auteur : un journal de référence qui altère sa ligne éditoriale pour défendre son propriétaire, quitte à transformer la réalité. Nous le regrettons, mais cela nous encourage à redoubler d’efforts pour dénoncer la mainmise de quelques milliardaires sur l’écosystème médiatique français.


P.-S. : Dans cet article, Le Parisien relaie les propos d’un responsable de la Samaritaine déclarant avoir « déposé une plainte après cette action violente et face aux propos diffamatoires qui l’accompagnent ».

Si plainte il y a, nous sommes sereins, car certains de n’avoir commis aucune violence ni tenu de propos diffamatoires. Du reste, nous notons qu’après l’action de juillet 2021, Bernard Arnault avait également annoncé son intention de porter plainte, plainte qui n’est jamais arrivée. Et pour cause, un procès contre Attac se transformait en procès contre LVMH et ses pratiques d’évasion fiscale.

 
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Notes

[1Les articles publiés sous forme de « tribune » n’engagent pas collectivement l’association Acrimed, mais seulement leurs auteurs dont nous ne partageons pas nécessairement toutes les positions.

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