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L’actualité des médias n°44 (août - 15 sept. 2005)

par William Salama,

Traques et dépenses publicitaires, guerre des bouquets, nouveaux supports et dérégulation, brèves nouvelles de la presse écrite

1. Traques et dépenses publicitaires

 Bolloré grignote. En France, Bolloré acquiert 6 % d’Aegis, une agence de publicité spécialisée dans la communication et le marketing [1], et s’intéresserait (comme Chaisemartin) à Marianne en quête d’un nouvel actionnaire (voir plus bas).

 Dépenses publicitaires : Méforme. L’énergie et les transports sont « deux marchés attractifs », selon La Tribune du 6 septembre 2005. Sa traduction en terme statistiques (d’investissements publicitaires) est limpide : « Chute de 14% des dépenses de l’alimentaire sur janvier-août 2005, de la toilette beauté (-3,3%) et l’information-médias (-2,9%)” qui cache des constantes « les transports (+8,9%) les télécoms (+6,7%) et les services (+15,2%) maintiennent la tendance à la hausse ».

 TF1 : opportunisme gestionnaire. Le 31 août 2005, TF1 attendait une baisse de ses recettes publicitaires annuelles (La Tribune)... jusqu’au retour miracle de Zinedine Zidane en équipe de France de Football. Dès lors, en bon gestionnaire, la chaîne a « augmenté de 10% ses tarifs publicitaires pour le match France-Iles Féroé, profitant de l’engouement populaire pour l’équipe de France de football après le retour gagnant de Zinedine Zidane contre la Côte d’Ivoire le 17 août 2005  » soit 77 000 euros à l’annonceur pour un écran publicitaire de 30 secondes au début et à la mi-temps du match.

 TNT en low cost. Pour l’instant, c’est cadeau si l’on compare avec les 77 000 euros les 30 secondes et avec les investissements sur Internet (471 millions d’euros), c’est ridicule. Selon Yacast, le prix moyen du spot est de 199 euros sur les 5 chaînes de la TNT : un total de 5,3 millions d’euros - soit 27 000 spots diffusés en juillet-août 2005 entre France 4, NRJ12, NT1, W9 et TMC (CB News du 8 septembre 2005). Mais la situation va changer (nouveaux arrivants, nouvelles mesures, extension de la diffusion).

 La chasse au cadre actif s’affine. Sur le « cadre actif », cible des publicitaires, lire notre édition précédente. Nouvelles du champ de tir :
- Nouvel arrivant : « Manchette, le Groupe Express-Expansion, Publiprint, Interdeco et Publicat lancent "Cadres Hebdo 1 500". » (Quel titre !). Une offre commerciale sur la cible cadres actifs qui regroupe L’Equipe Magazine, L’Express, Le Figaro Magazine, Paris-Match et Télérama, relaye CB News du 21 juillet 2005. Avec cet éventail de choix, le voilà bien piégé, notre cadre solvable...
- BFM qui devrait débuter ses programmes vers la mi-novembre sur la TNT s’orientent vers une programmation visant les “individus CSP+”. Ces termes n’émanent pas d’un rapport de police mais d’Alain Weill, le président de NextradioTV et éditeur de la chaîne [2].
- Jean-Charles Mathey, le président du directoire de NRJ Group, annonce être prêt à partir seul pour lancer une étude de mesure d’audience des chaînes de la télévision numérique terrestre (TNT), notamment pour son propre programme, NRJ 12. L’investissement total de cet outil s’élèverait entre 1 et 1,2 million d’euros (Stratégies Newsletter 6 Septembre 2005.)

 La drague aux jeunes de M6. La Chaîne « veut affirmer son identité de grande chaîne généraliste » (Le Monde, 3 Septembre 2005) se renforce donc, comme TF1 avec Métro l’année dernière, acteur dans la presse écrite à forte valeur ajoutée, en devenant l’actionnaire majoritaire du mensuel gratuit Citato via M6 Interactions. Les Echos du 31 août 2005 détaillent le bon plan : « Citato, une sélection mensuelle d’articles des grands titres de la presse quotidienne et magazine pour les 15/20 ans. Diffusé gratuitement auprès de ses lecteurs », Citato « est disponible dans les endroits les plus fréquentés par les jeunes notamment les lycées. »

 Lagardère scotche les jeunes devant l’écran. Lagardère « prévoit 56 millions d’euros pour lancer Europe 2 TV » et escompte (certainement pessimiste) « 3 millions d’euros de recettes en 2006, 7 en 2007 et 9 en 2008 », la chaîne musicale ciblant les « 15-34 » les arrosera sur CanalSat, TPS et la TNT (Stratégies Newsletter du 13 septembre 2005). Même destination pour Gulli, nouvelle chaîne jeunesse, qu’il détient à 66% (et 34 % par France Télévisions) qui sera lancée le 18 octobre, sa régie publicitaire Lagardère active publicité gère tout. (Stratégies Newsletter du 13 septembre 2005). La cible rajeunit, un potentiel de 7 millions de gamins. Le 10 septembre 2005, à 20 heures, devant un millier d’invités dont le ministre français de la Jeunesse et des Sports (Jean-François Lamour), a été lancée en grande pompe Al Jazira Children (dont la chaîne mère a pu être controversée - ndrl) voulue par madame l’Emir du Quatar et financée par Monsieur « une chaîne ludoéducative qui vise un public arabe âgé de 5 à 15 ans » en partenariat avec Lagardère qui produira 40% de ses programmes, soit six à sept heures de création chaque jour. » (Le Figaro du 12 septembre 2005).

2. Audiovisuel

 Heureuse Allemagne Manœuvres estivales. L’été, les médias nous font moins manger (régimes de plages). Mais ce sont les médias eux-mêmes qui se font croquer.... Une « grosse » annonce est venue d’Allemagne : le groupe éditeur de presse Axel Springer « présent dans une trentaine de pays a annoncé, vendredi 5 août 2005, son achat de 2,5 milliards d’euros sur le groupe ProSiebenSat.1 Media qui donnera naissance au deuxième groupe de médias en Allemagne (et premier sur la TV), derrière Bertelsmann, et à l’un des plus puissants groupes en Europe. » (La Tribune, 7 août 2005). Comme l’écrit si joliment Le Monde (7 août 2005), « Les Allemands lisaient déjà du Axel Springer avec le quotidien le plus populaire d’Allemagne, ils vont désormais en regarder aussi. » Certes, là-bas aussi, cela a travaillé les mauvaises grâces : « Critiques sur le rachat de ProSiebensat.1 par Springer  » (La Tribune, 9 Août 2005). Lire notre article : De Kirch à Springer : Partie de bonneteau dans les médias allemands.

Ce n’est pas en France que l’on peut connaître pareil bonheur. Pas encore...

 Audiences TV - résultats de TF1. En règle générale, décrète Le Parisien, 2 août 2005, le nez sur les audiences, les « Français » qu’ils partent en vacances ou pas « sont fous de télé ». Il est bien le seul à voir « moins de rediffusions, davantage d’inédits : les efforts des chaînes portent leurs fruits. [...] Une offre de programmes meilleure ». Soit. Retenons que selon La Tribune du 2 août 2005, TF1 à bien profité « du succès des ses séries télé ». Citons la série Dolmen, affublé du qualificatif de « phénomène » parce qu’il a accroché pas moins de 12 millions de téléspectateurs. Mais, la filiale TF1 ne réjouit pas Bouygues, sa maison mère : si les autres filiales BTP - immobilier - téléphonie connaissent une croissance soutenue. TF1, en revanche, a vu son activité diminuer de 2 %. Un chiffre peu phénoménal qui « reflète l’environnement économique » du marché (lire plus haut investissements publicitaires) selon Les Echos du 10 août 2005.

 Bouquets (1) : cohabitation tendue entre M6 et TF 1 (TPS). Le Figaro du 2 septembre 2005 fait état de « rumeurs de cession de [ses] 34 % » de TPS (rumeurs probablement en provenance de M6 à l’encontre de TF 1). M6, craignant d’être victime d’une manœuvre de cession du bouquet, a demandé à vérifier être « bien sur la même ligne stratégique  » (d’être en accord avec cette vente) avec son partenaire TF1. Et Patrick Le Lay de répondre que TF1 « n’a pas l’intention de vendre TPS. D’autant que le bouquet numérique est désormais bénéficiaire. » Une simple scène de ménage prenant les analystes à témoins (par médias interposés), caractéristique de l’état des rapports de force dominé/dominant ? Ou véritable alerte ? En tout cas, La Tribune du 23 août 2005 constatait : «  La télévision dans la ligne de mire des fonds »

 Bouquets (2) : séparation contractuelle entre Lagardère et Canal Plus. Dans la boutique d’en face, il y a là de la vie aussi, mais l’on s’engueule moins, ou on lave moins son linge sale en famille : « Les discussions entre les groupes Vivendi Universal (VU) et Lagardère sur la participation de 34% que détient ce dernier dans CanalSat (VU) "progressent", a indiqué hier le président du directoire de VU, Jean-Bernard Lévy, lors d’une conférence de presse. Lagardère devrait échanger ses 34% dans CanalSat contre 34% dans Groupe Canal+, moyennant une soulte.  » (Newsletter de CB News du 14 septembre).

 Bouquets (3) : TPS vs CanalSat. TPS est peut-être bénéficiaire mais il « a perdu des abonnés au premier semestre » - « 3.000 abonnés net comparé aux 1.355.000 clients constatés fin 2004 ». Et c’est M6 qui a vendu la mèche (lire plus haut), mais de « manière sibylline lors de présentation du chiffre d’affaires semestriel  ». En effet, manque le commentaire : « au 30 juin 2005, TPS comptait 1.351.192 abonnés, démontrant ainsi la solidité de sa base abonnés dans un contexte de marché marqué par le démarrage de la TNT », dont se chargent les fins limiers des Echos : « Ceci montre « à quel point TPS, le bouquet numérique détenu à 34 % par M6 et à 66 % par TF1, souffre ». Et « Cela veut dire que l’arrivée de la TNT gratuite en mars 2005 combinée à la fin du championnat de football français en juin - désormais en exclusivité sur le bouquet concurrent CanalSat - a fortement pénalisé TPS au deuxième trimestre »- qui ne couvre avec une offre médiocre que 35 % de la population. Canal Plus, lui, exulte et nargue son adversaire : « il a dépensé près de 400 millions d’euros pour recruter 1,1 million d’abonnés bruts supplémentaires à Canal+ et CanalSat, pour obtenir au final 450.000 nouveaux abonnés nets, son meilleur score depuis quatorze ans.  » (Les Echos du 14 septembre)

 Télévision, mobilité et réglementation : Urgence. Le téléviseur, le téléphone portable, l’écran ... Quels supports manque-t-il ? Le rapport « Télévision numérique et mobilité » de Daniel Boudet de Montplaisir qui prévoit un lancement commercial de la « télévision mobile » entre fin 2006 et 2008 « estime qu’il faut adapter la loi pour définir les procédures d’autorisation et d’obligations associées à ces services.  » (La Tribune 30 Août 2005). En l’occurrence, cette « adaptation » devrait permettre au cash de circuler et se diriger un peu plus librement vers les filets des acteurs. Or il y a urgence et impatience chez les acteurs. Diffuseurs de télévision, fournisseurs d’accès à Internet et opérateurs télécoms se retrouvent en concurrence alors que, a fortiori, de nouveaux types de programmes arrivent.

Exemple : TF1 et Canal Plus ont annoncé de conserve « offrir la vidéo à la demande » (La Tribune, 31 août 2005) : à savoir des plates-formes de téléchargement de films. Dans le même ordre d’idées, le réseau TV CBS (groupe Viacom) prépare une plate-forme d’informations TV en ligne (c’est-à-dire diffuser sur internet) en continu « TV en ligne en continu, destinée à concurrencer les chaînes câblées comme CNN ou Fox News. » (Les Echos du 16 juillet) Autre exemple : cette annonce de levée de fonds (américains et asiatiques) par une PME française DiBcom, dont l’objectif est de « mettre le paquet sur « la télévision mobile sur les portables et les PC  » (sic), spécialisée sur les services sur portables, symbole de l’extension du secteur à des business par origine loin du cœur de métier de l’audiovisuel (Source : Le Figaro du 30 août 2005).

 Télévision, mobilité et dérégulation (1) : Préparatifs. « En 2007, la France sera couverte à 100 % par la TNT » promet le gouvernement Estrosi aux Echos du 26 août 2005, qui, on le sait (lire nos éditions précédentes), encourage les expérimentations de TV sur mobile (Les Echos, 29 août 2005) tandis que enfin, « le CSA veut aménager de la place pour les télévisions locales » (Les Echos, 27 juillet). Le 14 septembre, le CSA autorise quatre expérimentations de télévision sur mobile en région parisienne, et le 15, plus de temps à perdre, TDF fait savoir qu’il lance la sienne (La Tribune - 15 septembre).

La commission de Bruxelles qui doit redéfinir la directive « Télévisions sans frontières » avant la fin 2005 envisage, elle, d’assouplir les règles de la publicité. Elle a présenté le 11 juillet ses « conclusions préliminaires destinées à suivre l’évolution technologique et commerciale des médias ». En clair « d’autoriser le placement de produit à la télévision sous réserve d’une "identification claire au début du programme concerné » (selon Stratégies Newsletter du 15 juillet 2005).

Pour un rappel sur le « placement de produit » lire « Placement de produits - Lobbying »,L’actualité des médias n°31 (23-30 septembre 2004).)

 Télévision, mobilité et dérégulation (2) : Conflits d’intérêts. Comme tout l’arsenal législatif se négocie en ce moment, c’est le moment du lobbying. Ainsi, L’Union Européenne de football (UEFA) et les clubs européens (ECF) s’opposent à « l’autorisation qui pourrait être accordée aux fournisseurs d’accès à Internet et aux opérateurs de téléphonie mobile de diffuser des "petits comptes rendus" de rencontres de football” prévues dans ladite la nouvelle directive européenne "Télévision sans frontières" (TVSF) actuellement en discussion » (La Tribune, 7 septembre 2005). Gageons, qu’avec les mêmes valeurs ils finiront bien par s’entendre ... NB : ce commentaire cocasse dans cette doléance : « Cela n’a rien à voir avec le droit à l’information, mais tout à voir avec l’utilisation commerciale » tombe des nues La Tribune, 7 septembre 2005.

 Radio numérique et régulation. Au 1er août 2005, le CSA a officiellement ouvert « le chantier sensible du passage à la radio numérique » selon Les Echos du 1er août « Sensible en effet... A l’issue d’une consultation publique et « compte tenu du nombre de normes techniques disponibles et des intérêts divergents  » (Les Echos font peut-être allusion au service public et aux radios indépendantes ? - ndrl). Le CSA devra redistribuer les fréquences et en attribuer de nouvelles, avec des prétendants parfois nouveaux. Déjà, TF1 se déclare « candidat à la reprise de Skyrock. ».

 CII (1) : bataille idéologique. Rappel : pour sa première interview (au Parisien du 8 juillet), Patrick de Carolis, président de France Télévisions, s’opposait « à un partage avec TF1 », en affirmant que son groupe devait être le « moteur » de la chaîne d’information internationale, et qu’il est « légitime » que celle-ci puisse être « vue sur le territoire français ». Une temporisation qui tombait sous le sens et a ouvert certaines vannes jusqu’ici bouchées selon Yves Théard du Figaro le 16 juillet « il existe déjà TV 5, RFI ou encore la chaîne Euronews. » ; « Même si le premier ministre partage, dit-on, l’avis de Patrick de Carolis, la CFII n’est pas près de crever l’écran. Il faut aussi espérer que le gouvernement a d’autres priorités. Déjà en butte à un lourd déficit budgétaire, il prendrait le risque de s’endetter encore un peu plus, contre un gain en image très incertain pour l’étendard tricolore. Une enveloppe annuelle de 70 millions d’euros est prévue, quand celle de CNN, qui perd chaque année de l’argent, s’élève à plus de 600 millions. La comparaison suffit à traduire le caractère aventureux du projet. ».

Début août 2005, du nouveau, Jacques Chirac réaffirme son autorité, et la chaîne d’information internationale redevient pour le ministre Renaud Donnedieu de Vabres une question de « nécessité stratégique » (La Tribune, 1er Août 2005). De l’avis général, « sans chaîne leader » (le France Télévisions de Carolis souhaite être son "moteur" mais c’est TF 1, bien plus riche que l’on réclame), « le projet français ne verra pas le jour  ». Or TF1 n’en veut toujours pas (préférant la radio - Skyrock et campant sur LCI).

 CII (2) : Propositions sensées. Devant ce statu quo, le 4 juillet 2005, Emmanuel Hamelin, président du « club parlementaire sur l’avenir de l’audiovisuel et des médiasés », proposait de :
- Fédérer l’existant : « compétences et les moyens techniques existent déjà. »
- Donner la priorité au secteur public « mise en place d’un holding partagé à 70 % par France Télévisions et 30 % par RFI maîtrisera la ligne éditoriale. »
- Serrer le budget « 40 millions d’euros devraient suffire. Grâce aux différents partenariats avec l’AFP et TV5, nous dégagerons une économie de moyens considérable par rapport au projet initial de 70 millions d’euros. » (L’Humanité du 5 juillet 2005).

Une décision sera prise avant le débat budgétaire 2006 (Les Echos du 15 Septembre). Mais déjà sait-on que le Ministre de la culture Donnedieu de Vabres souhaite qu’elle soit diffusée en France, qu’elle « voit le jour », et qu’elle associe « toutes les rédactions, le public comme le privé ». Il le souhaite mais ne s’engage pas.

3. Presse écrite.

 Presse Quotidienne Nationale (1) : quelques nouvelles (formules). Le Monde. Selon Les Echos du 25 juillet 2005, les ventes de DVD (7,7 millions en plus) ajouté à sa « politique de réduction des coûts » (plan de départs volontaires de son personnel - 90 postes - ndrl) aidant, Le Monde allait mieux, ayant drastiquement ramené « ses pertes opérationnelles au premier semestre de 5, 2 millions d’euros l’an dernier à 1, 1 million d’euros. Ce qui lui permet même d’être en avance sur son budget de 400.000 euros ». Et de se préparer une nouvelle formule. Une manie qu’il partage avec Le Figaro - pour le 7 novembre, Le Parisien (qui a au préalable lancé un supplément économique hebdomadaire de 36 pages le 5 septembre 2005) et de La Tribune. Et même La Croix y songe (Challenges du 8 septembre 2005).

 Presse quotidienne nationale (2) : France Soir = départs. Elle était pourtant plein d’ambitions (lire Actualité des médias n°32) ... mais Mme Valérie Lecasble, 47 ans, qui était directrice de la rédaction de France Soir depuis octobre 2004, saute de cette haute fonction à une autre « pour devenir directrice générale de la chaîne d’information du groupe Canal+, I-Télé, à la place de Jean-Claude Pâris » (AFP, 2 septembre 2005). Autre départ, en principe moins volontaire, celui de son ex-patron  : Ramy Lakah. Il quitte la présidence de France Soir, mais reste actionnaire » révèle (Les Echos du 14 septembre). Détails de Libération (même jour) plus éclairants : « Lakah a été mis en minorité, semble-t-il, au sein de Montaigne Press, le holding qui détient 70 % de Presse Alliance, société éditrice de France-Soir. Les élus du comité d’entreprise ont aussitôt engagé une procédure de droit d’alerte interne ». Il a annoncé hier aux élus du comité d’entreprise qu’il allait devoir céder son fauteuil à un « gestionnaire de crise ». Ne faudrait-il pas plus tôt un exorciste ?

Pour suivre la saga de France-Soir et ses plans de redressements, lire « France soir : Encore repris » dans L’actualité des médias n°32 et « France Soir dans ses œuvres », dans L’actualité des médias n°33.

 Presse Magazine (1) : économique - changement de rythme. L’économie doit vraiment passionner (les annonceurs en tous cas), Le Parisien lance donc son supplément (voir plus haut) et du côté des périodiques, le très libéral magazine Entreprendre, qui réssucite Madelin dans son dernier numéro (groupe Robert Laffont) devient un hebdomadaire ... dans la foulée de Challenges (groupe Nouvel Observateur) depuis le 1 septembre 2005. A noter que Stratégies du 9 septembre 2005 brocarde la ligne éditoriale afférente des ces derniers qui se proposent de « positiver l’économie ».

 Presse Magazine (2) : L’Express revient le jeudi. Si les Français, sont « grands dévoreurs de magazines » nous dit Le Figaro du 5 Septembre 2005, ce n’est pas pour L’Express a connu des débuts de semaine difficiles ... Ce dernier qui paraissait le lundi depuis janvier 2004, et revient donc à son ancien jour de parution, le jeudi, à compter du 15 septembre 2005, notamment pour faire face au recul de ses ventes « en magasins insuffisants, inférieurs de 5,6% en 2004 par rapport à 2003 (105 000 ex. France et étranger) » (Le Monde, 20 août 2005). La décision vient du groupe Express-Expansion (Socpresse). Va-t-il rejoindre Le Point, parmi les magazines qui enregistrent une hausse de leur audience supérieure à 10 % [3] ?

 Presse Magazine (3) : Marianne choisit Chaisemartin. Dans la torpeur de l’été, Marianne cherchait encore à vendre 49,3 % de son capital suite au désengagement de son principal actionnaire. Cette part juteuse de 9 et 10 millions d’euros - le magazine a été bénéficiaire de 300 000 € l’an dernier, pour un chiffre d’affaires de 20 millions et pour la cinquième année consécutive - suscitait « beaucoup d’offres » (selon son fondateur Jean-François Kahn à l’AFP, 7 août 2005) dont on ne savait rien, sauf pour celles de Vincent Bolloré et ... Yves de Chaisemartin. Le gagnant est Chaisemartin en compagnie de deux autres « personnalités de la presse, au profil singulier  » selon Le Figaro du 9 septembre 2005 qui notifie : « le conseil d’administration de Marianne a approuvé hier le projet de recapitalisation de l’hebdomadaire, prévoyant [...] l’entrée d’Yves de Chaisemartin, ex-Pdg de la Socpresse, de l’ancien journaliste Guy Sitbon et de l’éditeur Thierry Verret. [...] les actionnaires-fondateurs du magazine Jean-François Kahn et Maurice Szafran, devenant "le premier actionnaire du journal  ». Le 7 août 2005, JFK avertissait, c’est « l’homme d’affaires Robert Assaraf, qui détient 48,5 % qui négocie le rachat de ses actions. S’il trouve un accord, il doit se retourner [vers Marianne] pour qu’on lui dise oui ou non  ». JFK a donc dit oui pour Chaisemartin, qui travaille pour un fond d’investissement : Carlyle. JFK pourtant ne cessait d’afficher son hostilité à voir Marianne rejoindre « une grande société capitalistique emblématique » (AFP, 7 août 2005.

A noter, dans ce cas précis, qu’aucun article ne précise si Chaisemartin agit en son nom ou celui de Carlyle, fond au sein duquel il officie.

 Presse gratuite : Marketing. Un aspirateur à annonceur de plus : un certain "PPDL Publishing" donnera le 22 septembre 2005 un magazine d’information consacré aux loisirs numériques, baptisé "Numérique Attitude" selon Stratégies Newsletter du 9 septembre 2005. Il est certainement lancé sans étude de marché, il va sans dire, ces dernières existant en veux-tu en voilà sur le secteur : les investissements publicitaires des télécoms et de l’informatique avoisinent les 11 % en 2004 (TNS), qu’il va falloir revoir à la hausse et qui font leur effet : « Selon l’Insee, les postes « carburant » et « services de communication » absorbent aujourd’hui, à eux deux, 5,7 % des dépenses de consommation des ménages [...] L’essentiel de cette évolution est lié à l’envol des dépenses de communication des Français, qui avoisinent aujourd’hui 20 milliards d’euros » (Challenges, 9 septembre 2005). Enfin, par exemple, « 24 % des 10-13 ans et 66 % des 12-17 ans possèdent un portable » relaye Le Parisien du 10 septembre 2005.

 Presse Quotidienne Régionale (1) : La Socpresse et ses cessions. Serge Dassault entend vendre la presse régionale de son groupe, mais d’aucuns ne l’entendent pas de cette oreille.

- Le pôle Ouest : ils vont embêter Serge Dassault encore longtemps ? Cet été, Les Echos du 15 juillet révélait que le Conseil de la concurrence avait saisi pour avis par le ministre de l’Economie et des Finances sur le rachat du pôle Ouest de la Socpresse par le groupe Ouest-France. Verdict au 7 septembre 2005 du Conseil de la concurrence se dirigerait vers « un avis négatif », ce qui repousse de plusieurs mois « l’éventuelle » conclusion de la vente [4].

- Le pôle Nord et région centre. Promesses de vente. Le 24 août 2005, l’éditeur belge Rossel qui déjà en détient déjà 34 % annonçait aller reprendre les 40 % de La Voix du Nord à la Socpresse. Le 26 août 2005 Le Figaro (Socpresse) faisait part d’une « réunion extraordinaire » : la tenue d’un CE extraordinaire consécutif à « la modification de l’actionnariat du holding Voix du Nord Investissement ».

Challenges du 8 septembre 2005 révèle que le groupe Dassault a « confié à Natexis un mandat de vente comprenant Le Progrès de Lyon, Le Dauphiné libéré, Le Bien public " Le Journal de Saône et Loire ». Stratégies donnait : « Hachette Filipacchi Médias, Challenges de rajouter “le fonds d’investissement Cinven et "des groupes de médias européens ».

Pour l’instant sur ces deux dossiers, pas d’émois signalés, sinon ceux renouvelés du SNJ-CGT qui rappelle donc que Serge Dassault « continue à faire des affaires avec les titres de la Socpresse qui ne l’intéressent pas », et vend ses journaux « à la découpe ». Dernier en date « l’hebdomadaire Lyon capitale à un groupe de capital-développement Evolem le 23 août 2005 » [5].

 Presse quotidienne régionale (2) : Normandie. Des rapports de bons voisinages ... Le groupe France Antilles (Hersant) projette de confier au Télégramme la refonte éditoriale des quotidiens de son pôle normand (Paris Normandie, Havre Libre, Le Havre Presse, Le Progrès, et au passage à la « fin octobre une prise de participation minoritaire du Télégramme dans le capital des quotidiens normands  » selon CB News du 7 septembre 2005.

Et pour finir :

Où sont-ils passés ?

 Pantoufl(age)s - Aillagon prié de les ôter - Marc Tessier au cinéma. Constatant une « prise illégale d’intérêts », le Syndicat national des journalistes et la CFDT a assigné, le 13 juillet, Jean-Jacques Aillagon Aillagon, président de TV5 nommé en force par Raffarin en avril dernier (lire : L’actualité des médias n°39 (16 mars au 6 avril 2005) devant le tribunal correctionnel de Paris. Ce dernier a tenu audience le 9 septembre 2005 : pas de nouvelles. Jean-Jacques Aillagon a aussi travaillé cet été, en communiquant sur le fait qu’il signait un partenariat avec Jean-Pierre Elkabbach, président d’Europe 1 pour ... une émission. De son côté, Marc Tessier, ancien président de France Télévision, inspecteur des finances, a été recasé en président de la commission d’aide à la distribution du Centre national de la cinématographie-CNC (7 septembre 2005) et pour mémoire, il est également membre du conseil d’administration de l’Agence France-Presse (avril 2005). C’est du travail.

 Mais où est passée la commission Lancelot ? La commission Lancelot, voulue par Jacques Chirac et instaurée par Raffarin (lire L’actualité des médias n°36 et n°37), devait remettre ses propositions au plus tard le 1er juillet 2005. Au 13 septembre : aucunes nouvelles ou alors très confidentielles. Ou sans intérêt...

 
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Notes

[1Spécialiste du conseil et de la stratégie média, du média-planning, de l’achat d’espaces publicitaires, du marketing direct, des relations publiques, etc. Aegis compte près de 9.000 employés à travers le monde et réalise 1/3 de son CA en Amérique du Nord, 10% en Asie-Pacifique et le reste en Europe.

[2Intimidation concurrentielle : « Jean-Claude Dassier, le patron de LCI, [...] s’intéresse à l’évolution de BFM TV  ». Il confie qu’il « n’hésiterait à déposer un "recours" auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel si la future chaîne de NextradioTV s’écarte de sa convention initiale ». sans détails supplémentaires sur ladite convention CB News 14 septembre

[3Etude d’audience de l’AEPM conduite par Audipresse entre juin 2004 et juillet 2005

[4Propriétaire de quotidiens de presse régionale en Espagne, l’espagnol Vocento a fait part de son intérêt pour le pôle Rhône-Alpes, selon un proche du dossier. Le groupe Sud-Ouest détient 6 % de Vocento et siège au conseil d’administration selon Les Echos du 14 septembre

[5Il aura à faire face à deux nouveaux concurrents, présentés le 10 septembre 2005 par Libération : la Tribune de Lyon : « journal qui comptera une trentaine de salariés, dont une dizaine de journalistes pas trop manchots de la plume et de l’objectif. Il sera doté d’un budget reportage conséquent et sera luxueusement imprimé » et les Potins d’Angèle « politico-satirique, d’une douzaine de pages, [...qui], promet d’y révéler « ce qui ne s’écrit pas ailleurs »

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