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L’actualité des médias n°31 (23-30 septembre)

par William Salama,

I. Publicité

 Consommation télévisuelle. Stratégies (23 septembre) indique que 70 % des 6,5 millions de cadres actifs (traqués par Ipsos Média) se trouvent devant leur télé de 12 à 14 heures, y passant en moyenne 2 h 4 1 par jour (moyenne générale : 3H21). L’institut de sondage Sofres s’est occupé de la consommation télévisuelle « enfants » et informe qu’ils sont 3 sur 4 à se scotcher devant les programmes, surtout le matin.
Ces études destinées à aider l’annonceur à cibler le consommateur sont complétée par des « études » destinées à aider le téléspectateur à consommer. Lire l’exemple qui suit.

 Investissements publicitaires. LSA relaye l’étude de TNS qui prévoit l’incertitude des industriels sur les investissements publicitaires après la reprise ‘ Voir : « L’actualité des médias n° 30 »). Présentant le bilan sectoriel (maison, loisirs, la personne, le repas, la grande distribution) de l’année 2003, le magazine de la consommation passe les chiffres en revue, dresse les bilans (merci à la grande distribution, au jouet, au opérateurs de mobiles), donne les noms des plus gros annonceurs et détaille leurs stratégies médias (« Télévision : les marques ciblent docs et fictions »).

 Placement de produits - Lobbying. Théoriquement interdit en télévision, le « placement de produits » (quel nom !) s’infiltre pour montrer, mine de rien et par ruse (sur le pari de ne pas se faire attraper par le CSA) lesdits produits dans les fictions. Mais bientôt, la loi va dispenser les malins de ces manoeuvres : le gouvernement réfléchit en effet, sous leurs pressions (« producteurs », « annonceurs » et « agences de publicité ») à l’autoriser franchement le « placement ».

Lire « Quand Navarro change de voiture » et « le placement de produits de plus en plus courant » au cinéma Les Echos (22 septembre).

 Les 50 premiers de l’audiovisuel. Accroche « Finance » et commentaires en conséquences : « Décidément, rien n’est plus comme avant sur la planète médias. L’heure est à l’optimisation financière, au dopage du cash-flows, à la satisfaction des actionnaires. ». Palmarès des 50 premiers, où l’on retrouve ce nain de TF1, 30 ème (mais Vivendi second derrière Time Warner).

 TF1, Coca et le CSA. Refus de Dominique Baudis, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel de s’exprimer sur les propos de Le Lay, assorti de ce mémento : « Je vous rappelle que nous avons (...) depuis plusieurs mois une procédure de sanction qui est engagée contre un opérateur pour publicité clandestine d’un produit. Le produit, c’est Coca-Cola. La procédure de sanction concerne la fréquente diffusion lors de l’été 2003 du clip du tube de l’été "Chihuahua" de DJ Bobo. Le CSA a recensé plus de 200 diffusions de ce clip, dont la chanson était également utilisée par la publicité de Coca-Cola. » La dérobade de Baudis aura au moins permis de mettre au jour une autre affaire, qui éclaire, si besoin en était les rapports entre la multinationale du soda et son complice. (Le Nouvel Observateur, 22 septembre).

II. Audiovisuel

 Budget 2005 / Financement. Les 2,6% par rapport à 2004 de hausse du budget accordé par Nicolas Sarkozy et annoncé par Renaud Donnedieu de Vabres le transforme en père Noël. Vrai cadeau mais à capitaliser, l’instauration du « crédit d’impôt pour les programmes télé  », en vue d’aider le cinéma à se financer. L’autre paquet cadeau est pour la TNT. Mais pas pour CII (chaîne d’information internationale) qui peut être « repêchée » en octobre lors de l’examen rectificatif de la Loi de Finances (70 millions étés « promis » et sont requis).

Et pour ceux qui croient encore au Père Noël, RDDV (pour Renaud Donnedieu de Vabres...) promet « l’enrichissement de l’offre de programmes de l’audiovisuel public  » (cf. « RDDV : les applaudissements aujourd’hui, la crise demain », Ecran Total, 29 septembre), « la lutte contre les délocalisations de tournage  », « favoriser la présence de la culture dans les médias  » et « faire de FranceTélévisions l’un des moteurs de la future TNT » (Le Figaro Economie du 22 septembre).

 TNT et la Haute-Définition. On croyait le dossier tranché en faveur de la norme. Bernique ! Les lobbys de TF1-M6 (pro-MPEG 4) et les pro-MPEG 2 continuent de se crêper le chignon pour les mêmes raisons (lire : « L’actualité des maédias n°28 ». « L’écueil de la norme de compression », nous réapprennent Les Echos (22 septembre).

Il semblerait dès lors, que pour avoir la paix et parvenir, enfin, à lancer les premiers bouquets gratuits en mai 2005, le gouvernement dirige son choix vers une plate-forme qui satisferait les deux parties, comprenant à la fois la normeMPEG-2 et la MEPG-4. Pour preuve de cette impatience : Patrick Devedjian, ministre de l’Industrie a soutenu le fournisseur Internet Neuf Telecom qui entend faire converger la télévision par ADSL et la TNT. Il encourage dans sa foulée les autres fournisseurs d’accès à aller dans ce sens.

Enfin, TPS comme le directeur général de TPS Star (groupe Tf1) ont annoncés le passage à la haute définition du bouquet satellitaire de TF1 et M6 (Le Figaro Economie, 30 septembre).

 Sondage : les Français et la télé. Un de ces sondages, déjà oublié, jusqu’au prochain [1] : un sondage ISL... et un dossier de Télérama, qui juge ce sondage « déroutant », comme le confirme son titre « Télé je t’aime, télé je te hais  » et qui fait passer les Français pour schizophrènes (« 48,4 ne sont pas contents de la télévision, - les abonnés à une télévision payante le sont à 43,7 % ), mais moins incultes que le voudraient certains (« ils associent TF1 au service public » certainement, gageons-le, parce qu’ils ne considèrent plus France 2 comme le service public. Ils veulent d’ailleurs « supprimer la chaîne » même si dans une autre question ils la plébiscitent avec Arte...)

 Télévisons locales. Un dossier de La Tribune du 29 septembre ramasse, en deux pages et trois graphiques, les nouveaux enjeux de la Télé locale. On y lit ceci sur « l’équation économique » : «  Depuis le 1er janvier, l’arrivée de la publicité pour la distribution, réservée jusqu’en janvier aux chaînes locales et thématiques a un impact positif ».

 Pink TV. Lancement en fanfare par relations presse sur le câble de Pink TV, la première télévision à « sensibilité gay et à couleur nationale ». « Une démarche qui s’inscrit sans doute moins dans l’ère du politiquement correct que dans la quête de la nouvelle cible marketing parfaite : la communauté homosexuelle » note, lucidement (mais oui...), Le Figaro Economie du 29 septembre. D’où la présence en parrains techniques, actionnaires des intérêts comme TF1, M6, France Télévisions et Lagardère.

 Chaînes d’information. Sans rapport aucun : CII est aux abonnés absents (voir plus haut) et la Chine lance une chaîne info en français (Le Figaro Economie du 27 septembre). Sans rapport apparent non plus : l’émanation privée de la chaîne publique britannique, BBC Wordlwide est à vendre 1,5 milliards d’Euros, Disney ou Bertelsmann et Time Warner sont « aux avant-postes » - L’Express du 27 septembre.

 Fonds d’investissements et câble. Dans la vente de France Télécom Numéricâble, la CFTC a déclaré « s’opposer à l’arrivée des fonds d’investissements Cinven et Altice ». Certainement un peu tard (vente en décembre).
Toujours concernant les fonds d’investissements - lire « qu’ils ont faim », découvrir qui ils sont, ce qu’ils ont déjà mangé, ce qu’ils veulent dévorer (Le Figaro Economie, 30 septembre) - leurs mœurs.

 Trombinoscope. Initiative de L’Express (27 septembre) qui présente la garde montante de la télé, mais du côté « homme de l’ombre ». On trouve donc, Christopher Baldelli « poulain de Sarko », directeur général de France 2. Maxime Lombardini, de TF1, « venu du bâtiment (...) comme Patrick Le Lay », qui a négocié l’entrée de la Une dans le capital de Métro - et qui dirige aujourd’hui l’ensemble des juteuses filiales de TF1 production. Christophe Belmer, venu d’HEC et de Procter & Gamble venu appliqué ses dogmes marketing chez Canal Plus. Et, enfin, Jean d’Arthuys, l’une « des pointures du secteur » chez M6. Beaucoup de copains et pas de femmes.

 Objectif Est. Pour information : « RTL Group veut se développer dans les télévisions d’Europe de l’Est  » (Le Monde du 28 septembre). Un investissement à moyen terme.

III. Presse écrite et édition

 Presse magazine. Emap pense atteindre ses objectifs, mais se plaint de que le marché français est « de plus en plus difficile ». Le groupe accuse moins 8%des ventes, dont 20% de Télé Star et Télé Poche. La publicité magazine a baissé de 4% en France.

 Presse Locale/ Dassault. Maintenant qu’il est élu sénateur, Serge Dassault va pouvoir revendre son outil de propagande [2]. Selon la newsletter Stratégies (24 septembre), la filiale du groupe Ouest-France (Publi-hebdos) étudierait le rachat des Nouvelles de Versailles et de La Gazette du Val-d’Oise appartenant à Serge Dassault. France-Antilles est également « attentif » à ces dossiers.

 Annuaires et fonds de pensions. VNU (le hollandais, par ailleurs détenteur presse informatique SVM) vends ses annuaires à un fonds de pensions bien connu ici : Apax Partners et Cinven, rejoignant de ce fait une tendance que Les Echos rappellent par une chronologie assez édifiante (28 septembre) et, stratégiquement pour VNU permettant de « se retirer d’activités mature pour réinvestir dans les services marketing, les études de marché, les mesures d’audience des médias....  ». Il aura de quoi faire avec 2,1 milliards d’euros.

 La Martinière - Le Seuil mécontente. Depuis qu’Hervé de La Martinière (aidé en cela par les « mystérieux frères Wertheimer  » qui le possèdent à 35 %) a racheté Le Seuil, le président du groupe éponyme semble semer son parcours d’inimitiés. Dernier épisode en date, la structure de distribution qui mécontente les libraires (lire l’édifiant : « Les problèmes de diffusion de La Martinière-Le Seuil provoquent la colère des libraires  », Le Monde 23 septembre).

Fait marquant, les éditions Odile Jacob qui avaient depuis leur création confié leur diffusion-distribution aux éditions du Seuil, victime des effets de ce rachat a décidé de se faire distribuer à partir de janvier 2005 par la CE/SODIS.

Et Libération publie « une Lettre à M. Hervé de La Martinière » qui accuse : « Les plus optimistes que nous ne sommes plus disent que tout va s’arranger ; techniquement, peut-être, sur le reste on peut s’interroger. En effet, il est de plus en plus évident que votre conception industrielle et internationale de l’édition est en train d’asphyxier le Seuil, en vidant cette maison de l’esprit qui l’a fait naître et prospérer. »

A suivre...

La crise de la presse quotidienne nationale nous vaut diagnostics, querelles, mesures et propositions qui ont marqué toute la semaine. C’est grave et cela mérite un examen séparé.

 
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Notes

[1Des sondages dont l’utilité est de faire tourner les rotatives de la presse écrite pour commenter ces jouets médiatiques

[2« Articles amputés, maires de gauche coupés au montage, amis de l’avionneur épargnés... », Des hebdos made in Dassault, ParisObs, 22 septembre.

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