Le dessinateur de presse Xavier Gorce, qui s’était illustré pour ses dessins sur les Gilets jaunes a eu le loisir d’exprimer sa vision du journalisme lors d’un entretien sur Public Sénat (14/10) et de dénoncer la régression de la liberté d’expression. À l’heure où la concentration des médias se durcit et les procès-bâillons se multiplient ? Non, à l’heure « d’une sorte de tyrannie à la fois de l’identité et du ressenti. »
Dans cet échange, Gorce fait une présentation très simpliste du journalisme en estimant qu’aujourd’hui deux conceptions s’opposent, avec d’un côté « des journalistes qui sont conscientisés, qui estiment que le travail du journaliste est de combattre certaines inégalités, certaines injustices » et de l’autre « une génération de journalistes dont le cœur du métier était de rapporter les faits, la réalité ». Pour le dessinateur, la « volonté de combat, de justicier, introduit un biais dans la façon de voir d’abord le réel, et ensuite d’en rendre compte ».
Le dessinateur non engagé revient aussi sur son… « combat » contre les Gilets jaunes :
Rebecca Fitoussi : Ceux-là non plus vous les aimez pas beaucoup, vous les avez pas épargnés les Gilets jaunes. Je vais juste rappeler ce dessin que Le Monde a refusé de publier à cause d’un risque d’injure mais que vous avez quand même posté sur votre compte Twitter : « C’est pratique cette auto-signalisation des troupeaux d’abrutis » et dans un autre dessin vous allez jusqu’à les traiter quasiment de nazis. Pourquoi avoir passé des mois à les critiquer, vous avez senti, peut-être même avant les autres, que c’est un groupe qui allait dériver ou vous avez généralisé ?
Xavier Gorce : Dès le départ j’ai trouvé qu’il y avait des relents fascistes dans ce mouvement-là, les choses qui m’ont choqué c’était de voir des gens qui sur des ronds-points arrêtaient des voitures et demandaient aux automobilistes d’exhiber un gilet jaune, de le poser sur leur tableau de bord, sinon ils passaient pas. Donc cette façon d’occuper le terrain, la voie publique et de forcer les gens à les soutenir avec un signe extérieur, j’ai trouvé ça hyper choquant. Ça, plus l’ensemble des dégradations, franchement, j’ai trouvé que c’était un mouvement potentiellement fasciste. Et je crois pas avoir été très loin du compte quand on voit comment les choses ont évolué.
Encore une belle leçon de journalisme de classe. Version dessinateur de presse.
Sophie Eustache