« On n’a pas fini de se moquer des pauvres » titrait André Gunthert dans un article revenant sur la petite histoire d’un dessin de Xavier Gorce, refusé par Le Monde « en raison de son caractère injurieux » [2], mais que son auteur a tout de même choisi de publier sur Twitter le 17 novembre :
Le Monde a une conception de l’injure visiblement toute relative, c’est le moins que l’on puisse dire. Car depuis plus de deux mois, Xavier Gorce continue de se bidonner sur le dos des gilets jaunes, dans les colonnes du journal ou sur le site du quotidien. À l’unisson des éditoriaux du Monde – symboles de ce que le site « lundimatin » qualifie à juste titre de « violences médiatiques » – ses dessins véhiculent une seule et même représentation des manifestants. Et un message qui tient en réalité en peu de mots : les gilets jaunes sont des abrutis.
Notre florilège par thèmes :
Des abrutis, des cons, des beaufs...
...qui « grognent » sans savoir pourquoi ils manifestent :
Des violents et des nazis...
... qui imposent leurs vues, dites « minoritaires » :
Des égoïstes autocentrés...
...à qui tout serait permis :
Et ce n’est là qu’une sélection… [3]
La populace qui grogne sans raison, dénuée de tout sens politique, râleuse par nature, hargneuse, individualiste, bête, moche et méchante… Xavier Gorce n’est pas à un cliché près, et son œuvre lui ouvre d’ores et déjà la porte du panthéon des illustres militants de la profession, qui passent le plus clair de leur temps à user de leur position publique pour cracher sur les classes populaires et les exploités dans des journaux gavés de subventions publiques. Et sur ce point, il faut reconnaître que Le Monde sait choisir ses dessinateurs : en l’absence de mouvement syndical à même de réveiller la morgue de Plantu, Xavier Gorce prend le relais. Au Monde, que ce soit en matière d’économie ou de politique, dans des éditos ou des dessins de presse, le pluralisme est décidément au sommet de son art.
Pauline Perrenot
Post-scriptum : le plus beau des trios
Finissons par des remerciements. Remerciements au Monde, à Libération et à France Culture, d’ouvrir leurs colonnes ou micros à trois commentateurs, dont la suffisance et le mépris envers toute forme de mobilisation et de lutte collective s’exprime en roue libre. Trois grands esprits qui, sans surprise, se sont rencontrés sur les réseaux sociaux et forment le plus beau des trios :