Les orientations politiques et les pratiques de Jean-Luc Mélenchon devraient-elles être exemptes de toute critique ? Non. Mais est-ce à cet exercice que se prêtent les éditocrates… ou à un concert d’opprobres ? « Populiste » pour Dominique Reynié (« C dans l’air », 14/04), « plombé par son passé trotskiste » pour Thomas Legrand (Libération, 15/03), Jean-Luc Mélenchon est un « tribun insoumis […] emporté par sa rage contre l’institution et ceux qui la dirigent » pour le rédacteur en chef de l’Est Républicain, Sébastien Georges (3/05). « Rage » ? BHL plussoie en dénonçant la « bave aux lèvres de Mélenchon » (Twitter, 28/04). « Il est temps de traiter Jean-Luc Mélenchon pour ce qu’il devient, écrit encore le rédacteur en chef de l’Opinion, Rémi Godeau (2/05) : un gourou en perdition dévoré par sa prose bolivarienne, un marchand de chaos à une clique de petits révolutionnaires, le meilleur agent d’un Rassemblement national, par contraste raisonnable. » On s’étonne moins, en revanche, de lire Gaëtan de Capèle, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, s’en prendre au « mélenchonisme [...] qui a entraîné toute la gauche française dans un délire révolutionnaire » (26/03) – et l’éditocratie dans un « délire » tout court ? Ni de lire Causeur le qualifier d’« imprécateur compulsif », « jamais avare de démagogie », moquer « l’esprit chagrin, l’esprit étroit de notre Robespierre de tribune » et se lamenter : « C’est plus fort que lui, il faut qu’il la ramène. À tout propos. Et surtout hors de propos. Se taire est manifestement au-dessus de ses forces » (8/05). « L’encombrant monsieur Mélenchon » titre Le Parisien (5/05), singeant Libération et sa Une sur « L’écrasant monsieur Mélenchon » – et ces mots de la directrice adjointe de la rédaction de Libé, Alexandra Schwartzbrod : « Trop perso, sectaire et parano, voilà les grands défauts de Jean-Luc Mélenchon » (23/02). Et dire qu’il s’en trouve certains pour voir en Jean-Luc Mélenchon le « chouchou des médias » !
29 avril, France 2. L’animatrice de « Quelle époque ! », Léa Salamé, demande à Jean-Michel Aphatie la question qu’il aimerait poser à Jean-Luc Mélenchon. Réponse : « Oh ! Euh pfffff... Quand est-ce que tu pars Jean-Luc ? » On pourrait retourner la question.
Maxime Friot