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Starification des journalistes : le cas Léa Salamé

par Maxime Friot,

L’arrivée de Léa Salamé au 20h de France 2 s’est accompagnée d’une avalanche de portraits, articles et autres chroniques à sa gloire.

Le 29 août, quelques jours avant la première de Salamé au JT de 20h de France 2, Le Parisien et Paris Match entament une série d’articles consacrés à la vedette médiatique. La vie et l’œuvre de Léa Salamé sont feuilletonnées pendant 4 jours dans Le Parisien, 3 jours dans Paris Match. Au programme : son enfance, ses débuts dans le métier, ses « succès » professionnels, son couple avec Raphaël Glucksmann... « Léa Salamé impressionne » insiste à trois reprises Le Parisien (30/08 et 01/09). « La poigne et le glamour, l’autorité et l’humour » synthétise Paris Match (29/08), qui y avait déjà consacré un entretien et sa couverture en juillet (24/07).



Même registre dans Libération, pendant l’été, dans un portrait fidèle au genre (23/07), dans lequel Léa Salamé est, « comme toujours, primaire et stratège, cash et diva, virevoltante avec son rire d’enfant ». Mais aussi « charmeuse, gouailleuse, légère et sérieuse », ou encore, fille d’un illustre père, Ghassan Salamé, « qu’Emmanuel Macron consulte encore sur le Moyen-Orient ». Un mois plus tôt, la chronique de Luc Le Vaillant (Libération, 22/06) donnait déjà le ton :

L’arrivée de Léa Salamé au JT n’a rien d’étonnant. C’est l’aboutissement de sa présence invasive qui va de pair avec une compétence rarement prise en défaut et avec un phrasé peu maniéré qui s’évite lapsus et raptus. Salamé a surtout une capacité à assimiler presto et à réutiliser le tout illico, sans hoquets, ni haut le cœur. Ce bel appétit est celui d’une ogresse jubilante ne virant jamais papesse présomptueuse, ni persifleuse fielleuse.

Et la starification de se répandre partout : « Léa Salamé-Raphaël Glucksmann. Un couple, deux ambitions » (Le Nouvel Obs, 28/08) ; « Portrait. "La vie est mouvement" : Léa Salamé à l’assaut du 20 heures de France 2 » (Ouest-France, 01/09) ; « Léa Salamé au JT de France 2 : ce régime alimentaire qu’elle s’impose pour rester en forme » (Gala, 2/09), etc. Jusqu’à France 2 directement, qui s’amuse à filmer Léa Salamé s’entraînant à prononcer « Madame, monsieur, bonsoir ».

De fait, si la carrière professionnelle de Léa Salamé reste centrale dans la plupart des papiers, elle n’est en général évaluée qu’à travers deux prismes : les témoignages (presque toujours dithyrambiques) de ses ex-collègues et les audiences de ses émissions. Caractéristique de cet aveuglement, le seul défi qu’elle aurait à relever en accédant au JT de France 2 consisterait à rapprocher ses audiences de celles du concurrent TF1. Quant au défi qui consisterait à mieux informer, il semble beaucoup plus lointain.


Maxime Friot

 
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