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Les tripatouillages du Le Monde (1) : contre Acrimed et l’Observatoire français des médias

par Henri Maler,

Dans un article d’une exquise malveillance, intitulé « Les débuts hésitants de l’Observatoire français des médias », Daniel Psenny, journaliste d’investigation par téléphone au journal Le Monde, prend, notamment, pour cible l’association Acrimed. Nous reviendrons le moment venu sur le contenu de cet article.

Mais un seul passage suffit pour tester la valeur des méthodes de travail des journalistes de référence qui bénéficient de la « culture professionnelle », dont Edwy Plenel s’enorgueillit dans un article récent.

Daniel Psenny écrit : « Contacté par Le Monde, M. Maler n’a pas souhaité répondre à nos questions. » Cette phrase, au moins, ne souffre d’aucune inexactitude.

M’étant expliqué au téléphone, quand j’ai été « contacté » par ce moyen, sur les motifs de ce refus, voici le courriel que j’ai envoyé à M. Psenny.

Un courriel à Daniel Psenny

« Cher Monsieur,

Suite à notre entretien téléphonique de ce mardi 25 novembre et comme je vous l’avais annoncé, voici, en résumé, ce que j’ai tenu à vous dire.

1. S’agissant de l’Observatoire Français des Médias, je n’ai rigoureusement aucune déclaration à faire, n’en étant pas le porte-parole. De surcroît, c’est sous des formes dont il décidera lui-même que l’Observatoire rendra publiques prochainement toutes les informations qu’il jugera utile de donner, en particulier sur ses premiers axes d’activité qui seront décidés lors d’un prochain Conseil d’administration.

2. S’agissant d’Acrimed, libre à vous d’utiliser comme vous le souhaitez toutes les informations publiques actuellement ou prochainement disponibles sur notre site, y compris sur nos relations avec l’Observatoire dont nous sommes partie prenante. En revanche, les relations (à supposer que ce terme ait ici le moindre sens) que la direction de votre journal entretient avec les individus et les collectifs qui se risquent à le critiquer rendent très difficiles des relations normales avec les journalistes du Monde dans l’exercice de leur profession. En particulier, sont à nos yeux intolérables les imputations d’antisémitisme distribuées contre Serge Halimi, le journal Pour Lire Pas Lu et Pierre Péan.

De la situation ainsi créée, les journalistes du Monde - dont vous même - ne portent sans doute pas directement et personnellement la responsabilité. Mais nous sommes contraints d’en tenir compte, quand nous choisissons comment et où nous entendons nous exprimer.

Notre droit d’informer librement, à des conditions choisies par nous, vaut bien, vous en conviendrez, le droit d’informer librement auquel les journalistes sont légitimement attachés.

Cordialement

Henri Maler »

Et voici ce que Daniel Psenny a retenu de ce courriel...

Une synthèse de Daniel Psenny

« Contacté par Le Monde, M. Maler n’a pas souhaité répondre à nos questions. Jugeant que la direction du Monde "entretient des relations très difficiles avec les individus et les collectifs qui se risquent à la critiquer", M. Maler nous a expliqué par courriel qu’il est "contraint d’en tenir compte pour choisir comment et où il entend s’exprimer". Ce culte du secret suscite aussi quelques réticences au sein même de l’observatoire, alors que ce dernier demande de la "transparence"aux médias. "Il n’y a rien de secret, répond Bernard Cassen, directeur général du Monde diplomatique. Les informations concernant l’observatoire seront rendues publiques quand nous aurons des choses à dire. Personne ne peut représenter l’observatoire sans un mandat explicite." »

Exercice d’analyse du journalisme d’investigation

Comparer le courriel et sa « synthèse » et rétablir les passages intentionnellement censurés pour éviter d’avoir à restituer des arguments précis ...

.... et pour tenter d’accréditer d’un prétendu culte du secret, auquel on oppose les déclarations de Bernard Cassen, pourtant identiques aux miennes, du moins dans la version complète du courriel.

Inutile d’essayer d’envoyer un « droit de réponse » au Monde : il serait vraisemblablement trituré de semblable façon. Mais saisir le médiateur, gardien de la déontologie, pourquoi pas ?

Henri Maler

Ce qui fut fait, sans la moindre réponse du médiateur, même pas un accusé de réception.

 
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