A propos du résultat de ces élections, qui a vu le PSOE l’emporter, Imbert ne craint pas d’invoquer « la tentation » « d’échapper au premier choix des assassins » !
Certes, le fondateur du Point écrit, avec distance, comme s’il décrivait une fable : « Ainsi l’Espagne se trouva-t-elle désignée aux trains de la mort pour s’être ralliée à Bush dans l’expédition en Irak. Alors, Aznar se trouve puni par une opinion qui avait, en son temps, honni cette alliance . Puni, surtout, pour avoir, à la veille de l’élection, tenté par dissimulation d’imputer à l’ETA le crime d’Al-Qaeda. » Mais aussitôt, Imbert s’interroge :
« Mensonge d’Etat ? » demande-t-il, mettant l’expression entre guillemets. La réponse, l’éditorialiste la met dans la bouche de Jose Maria Aznar : « Puni, dirait-il, lui, de s’être exposé aux côtés du « Grand Satan » américain parmi les premiers combattants de la gangrène qui le découronne aujourd’hui ».
C’est donc à Jose Maria Aznar que Claude Imbert choisit de rendre un hommage appuyé : « Aznar, congédié, quitte la scène après avoir illustré et conduit l’essor exceptionnel de l’Espagne, un des plus impressionnants du dernier siècle…L’Histoire, espérons-le, lui rendra les lauriers qu’Al-Qaeda lui arrache »
Ce n’est pas le peuple espagnol, mais Al-Qaeda qui aurait « découronné » Aznar, lui aurait « arraché » ses lauriers. Si l’on comprend bien Claude Imbert, Aznar a payé le prix de son courage, face à un peuple munichois et ingrat et non le prix de son mépris et de ses mensonges. Claude Imbert n’en veut pas du tout à José Maria Aznar d’avoir pris les Espagnols pour des … « naïfs » comme l’écrit joliment BHL dans son bloc notes, dans le même numéro du Point. [2]
Le fondateur du Point nous donne ici une grande leçon de journalisme : admettre sans sourciller le mensonge et la raison d’Etat.
Laurent Daguerre