Le journaliste américain Peter Arnett a été licencié par la chaîne NBC pour des commentaires faits à la télévision irakienne suggérant que les plans de guerre des Etats-Unis avaient échoué.
Verdict de La Dépêche du Midi (mardi 1er avril) : le journaliste est classé " en baisse ".
En effet, par mimétisme avec quelques hebdomadaires parisiens [1], ce quotidien régional offre à ses lecteurs un espace " people " réservé aux personnes que le journal juge, arbitrairement et avec un commentaire de 8 lignes, " en hausse " ou " en baisse ". Dans l’encart " en baisse " se côtoient des dictateurs, des stars, ou des journalistes (mais pas encore de journalistes de La Dépêche du Midi).
" Rien ne va plus pour Peter Arnett " : La Dépêche du Midi explique qu’il a été " licencié par la chaîne NBC " parce qu’il a " donné une interview à la TV irakienne dans laquelle il critiquait la stratégie américaine ".
Qu’un journaliste soit licencié parce qu’il a tenu des propos qui ne correspondent pas à la ligne éditoriale de sa chaîne ne semble pas choquer les journalistes de La Dépêche du Midi. Le journaliste serait ainsi pieds et poings liés à la ligne de son média, même quand il s’exprime ailleurs… Une rédaction effectue déjà un choix, que l’on peut considérer comme une censure, sur les sujets produits par ses journalistes. Le licenciement de Peter Arnett devrait être décrié par tous les journalistes comme une atteinte à la liberté de la presse, la censure ne s’effectuant plus sur les articles mais sur le journaliste lui-même. On attend encore les cris scandalisés des organisations de journalistes ou de défense de la liberté de la presse...
Ce manque de précision tenait-il à l’urgence ? Non, puisque le " cas " Peter Arnett est à nouveau traité dans l’édition de La Dépêche du Midi du lendemain, en deux lignes, tout en bas de la colonne " En bref ", elle-même en bas (et à droite) de la page 3, sous ces termes : " Le journaliste américain licencié par NBC pour avoir critiqué la stratégie américaine a été embauché par le seul tabloïd anglais anti-guerre. "
Par l’absence de toute réserve, La Dépêche du Midi semble justifier ce licenciement par un supposé point de vue anti-guerre du journaliste, équivalant à une erreur professionnelle, en tout cas au yeux de sa chaîne et peut-être aux yeux de La Dépêche du Midi.
Non seulement Arnett ose critiquer les positions de son gouvernement, mais en plus il passe au service d’un organe de presse ouvertement anti-guerre ! [2]. Assurément, voilà un bien mauvais exemple, trop éloigné de la connivence entre les politiques et les journalistes, monnaie courante en France.