« Quelles sont les causes et quelles peuvent être les conséquences de l’attaque contre New York et Washington, qui relève plus de l’acte de guerre que de l’attentat terroriste ?
La cause principale, il faut la voir sans conteste dans le ressentiment qui ne cesse de s’intensifier contre les Etats-Unis, surtout depuis l’effondrement communiste et l’émergence de l’Amérique comme « seule superpuissance mondiale », selon l’expression honnie et consacrée. Cette exécration est particulièrement marquée dans les pays d’Islam, en raison de l’existence d’Israël, attribuée à la seule Amérique. Mais elle est présente plus discrètement sur toute la surface de la planète, y compris en Europe, où elle a été élevée, dans certaines capitales, au statut d’idée fixe et de principe à peu près unique en politique étrangère.
C’est ainsi que l’on impute aux États-Unis tous les maux, réels ou supposés, qui affligent l’humanité, depuis la baisse du cours du boeuf en France jusqu’au sida en Afrique et au réchauffement éventuel de l’atmosphère. Les primates vociférateurs et casseurs de l’antimondialisation, en déshérence de maoïsme, s’en prennent en réalité à l’Amérique, synonyme de capitalisme. [1] Cette obsession aboutit à une véritable déresponsabilisation du monde. (...) »
"Pourquoi tant de haine", par Jean-François Revel de l’Académie française , Le Point, 13 septembre 2001.