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Les médias et le Forum social européen

Quand l’Agence Reuters protège " la perle de la Toscane "

par Henri Maler,

L’agence Reuters a vu venir de loin les enjeux du Forum Social Européen.

Une dépêche datée de lundi 4 novembre 2002, 17h23 et signée Luke Baker, consacre au maximum dix lignes sur une cinquantaine, et encore très indirectement, a l’objet et au contenu du Forum.

Cette dépêche est correctement résumée par son titre : " Florence craint des débordements antimondialistes comme à Gênes ".

Florence, personnifiée, craint des débordements ? Quels débordements. Policiers ? Que non : " antimondialistes " : adjectif absurde pour une crainte fort unilatérale

Une dépêche exemplaire qui épouse presque entièrement le point de vue de la police et des gouvernants.

Citations et commentaires.

Lundi 4 novembre 2002, 17h23 : " Florence craint des débordements antimondialistes " comme à Gênes Par Luke Baker

" ROME (Reuters) - Plus de 100.000 militants antimondialistes sont attendus cette semaine à Florence pour une réunion du Forum social européen (FSE) dont la police souhaite éviter qu’elle ne donne lieu à des débordements aussi graves que ceux qui avaient fait un mort et des centaines de blessés lors du sommet du G8 l’an dernier à Gênes. "

Qu’importe si c’est la police qui est à l’origine de la mort d’un manifestant et de la majorité des " centaines de blessés ". Vient alors " l’information " :

" Le FSE, qui cherche à fédérer divers courants écologistes, antimondialistes et pacifistes au niveau du Vieux continent, sur le modèle du Forum social mondial qui se réunit chaque année à Porto Alegre (Brésil), multipliera du 6 au 10 novembre débats et séminaires dans la cité toscane, joyau de l’architecture Renaissance. "

Lors du prochain Forum qui se teindra à Saint-Denis, il ne fait aucun doute que la dépêche de Reuters précisera : dans la cité du Grand Stade de France joyau de l’architecture contemporaine. Après le bref détour " informatif " par l’objet du Forum, retour à l’essentiel :

" La manifestation culminera samedi avec un défilé de 100.000 à 150.000 personnes contre une intervention militaire américaine en Irak, dont les organisateurs promettent qu’il sera pacifique - sans pour autant garantir que les anarchistes du "Bloc noir" ou des militants anticapitalistes incontrôlés ne la feront pas dégénérer. "

Si la police souhaite (voir plus haut), les organisateurs promettent, mais sans offrir de garantie.

" Mais les actions de contestation débuteront dès le 6 novembre devant une base militaire américaine des environs de Florence où des pacifistes ont prévu d’organiser un sit-in de deux heures, a priori symbolique mais qui permettra de mesurer la température politique du rassemblement de cette semaine. "

" Mais "… Mais quoi ? Il y aura un sit-in… Son enjeu ? " A priori " (mais pour qui ?) " symbolique ". Et encore : " mais ". Mais quoi ? Il permettra de mesurer la température. La suite nous indique qui tiendra le thermomètre :

" Pour la police italienne, encore traumatisée par les violences de Gênes, où un manifestant avait été abattu par un carabinier et des centaines autres battus, la réunion de Florence servira de test de la maîtrise de sa force et de sa capacité à tenir la rue. "

Car " nous " avons besoin d’une police qui se maîtrise. Et ce " nous " encore implicite se découvre peu à peu dans les paragraphes suivants, entièrement dédiés aux mesures policières et gouvernementales :

" PROTEGER LA PERLE DE LA TOSCANE
Le président du Conseil Silvio Berlusconi, qui avait un moment envisagé de "délocaliser" la réunion pour mettre les trésors artistiques florentins à l’abri de toute déprédation, a averti les organisateurs que la police agirait avec modération mais fermeté contre toute violence.
"Nous ne pouvons sous-estimer les renseignement que nous tenons de nos forces de sécurité. La menace de violence est bien présente. Nous devons être vigilants et nous assurer que les citoyens pourront vaquer à leurs occupations en toute quiétude et sécurité", a-t-il dit.
Les Etats-Unis, où le mouvement anti-mondialiste est né il y a trois ans lors d’un sommet de l’Organisation mondiale du commerce, à Seattle, n’ont pour leur part pas hésité à mettre en garde leurs ressortissants contre des incidents possibles et à leur conseiller d’éviter samedi le centre de Florence.
Le ministère de l’Intérieur a commencé il y a deux semaines à redoubler de vigilance aux frontières de la Péninsule pour éviter l’infiltration de meneurs présumés dangereux et autres agitateurs potentiels indésirables, dont plus d’une vingtaine ont déjà été refoulés.
Plus de 6.000 policiers en uniforme ou en civil et membres de la police militaire patrouilleront dans les rues de la "perle toscane", que 25.0000 touristes visitent quotidiennement, et disposeront d’un système de vidéo-surveillance spécialement installé en ville pour l’occasion.
"Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour nous assurer que les monuments de Florence ne risqueront rien. Mais encore faudrait-il être sûr que des groupes marginaux violents ne déborderont pas les manifestants pacifiques", a souligné le ministre italien de la Culture, Giuliano Urbani. "

 
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