- Alain Marschall : Bernard Arnault, le patron de LVMH, est le nom qui revient le plus souvent dans les manifestations aujourd’hui. C’est presque devenu un point […], à quel moment dans la discussion avec La France insoumise on va avoir le point Arnault. Et on a vu des pancartes brandies dans les défilés. Bernard Arnault, patron de LVMH, numéro 1 du luxe, devenu la première fortune mondiale, 188 milliards d’euros.
- Olivier Truchot : Vous aimez Bernard Arnault, Danièle [Obono] ? Non ?
- O. T. : Mais vous aimez la peinture ?
- A. M. : Est-ce que vous allez au musée ? Est-ce que vous allez au musée ?
- O. T. : Je vous ai posé la question : est-ce que vous aimez la peinture ?
- O. T. : Et le musée d’Orsay, par exemple, vous y allez, à Paris ?
- O. T. : Alors, parce que regardez simplement ces images. Cette toile, qu’on va découvrir à l’antenne, toile de Caillebotte, estimée je crois à 43 millions d’euros. Vous savez comment le musée d’Orsay se l’est procurée ?
- A. M. : Le musée d’Orsay ne pouvait pas s’offrir la toile Caillebotte vu son estimation, puisqu’ils sont limités dans les achats qu’ils peuvent faire d’œuvres. Et qui a comblé, qui a permis l’achat ? Bernard Arnault !
- O. T. : C’est LVMH.
- A. M. : C’est LVMH. Est-ce qu’on peut dire : merci Bernard Arnault pour ce chef d’œuvre qui arrive au musée d’Orsay ?
- A. M. : Non, non, mais est-ce que vous pouvez dire : merci Bernard Arnault ?
- O. T. : Vous auriez préféré que les Français payent 43 millions d’euros ?
- O. T. : Là il offre 43 millions d’euros, une toile, au musée d’Orsay !
- O. T. : Vous irez quand même voir cette toile au musée d’Orsay ?
- O. T. : Et admirer cette œuvre et dire merci à Bernard Arnault ?
- O. T. : Et à Bernard Arnault ?
- O. T. : Et merci à LVMH ?
- A. M. : Donc ça veut dire que vous n’allez jamais à la fondation Louis Vuitton ?
- A. M. : Mais ça vous poserait un problème d’y aller à la fondation LVMH ? C’est pour voir jusqu’où va votre raisonnement concernant M. Arnault et LVMH.
- O. T. : Est-ce que c’est un parasite Bernard Arnault, comme le dit Jean-Luc Mélenchon ?
- A. M. : Est-ce que vous iriez dépenser un billet à la fondation LVMH ?
- A. M. : Non, mais est-ce que vous iriez payer votre entrée à la fondation LVMH ?
- A. M. : Est-ce que vous iriez payer votre entrée à la fondation LVMH ?
- A. M. : Vous le ferez sans problème ?
- A. M. : Non, mais pourquoi vous ne dites pas simplement : oui, moi je…
- A. M. : Non mais là je vous parle de LVMH, de Louis Vuitton […].
Sans commentaire ? Presque. Mentionnons cette petite nouveauté au répertoire éditocratique, consistant à hameçonner la députée par des questions anecdotiques apparemment sans rapport avec le sujet (« vous aimez la peinture ? »)... pour mieux la piéger par la suite. Il est parfaitement clair que ni Olivier Truchot ni Alain Marschall ne souhaitent savoir « jusqu’où va [son] raisonnement sur M. Arnault et LVMH » : leurs « questions », comme leurs interruptions, ont précisément pour but d’empêcher de le connaître. Ajoutons, pour la petite histoire, qu’à la question « Bernard Arnault a-t-il vraiment offert "43 millions d’euros au musée d’Orsay", comme le dit BFM ? », Libération a répondu : « Si le groupe LVMH, habitué de ce genre de dispositif, décide effectivement de bénéficier de la réduction d’impôt, une grande partie de cette acquisition reposera […] en réalité sur le dos des contribuables. » CQFD.
Maxime Friot