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Défense du petit commerce

Pour Le Parisien, les commerçants sont harcelés, pas les handicapés

par Jérôme Martineau,

L’incivilité, ce n’est pas le commerçant qui gêne ou bloque fauteuils roulants et poussettes, du moins selon Le Parisien qui s’émeut du « harcèlement » des terrasses illégales.

Toujours à l’affûtde la délinquance, le Parisien sait distinguer entre le fauteur de trouble - voleur, agresseur, drogué et autre gibier de fait-divers - et l’honnête commerçant. Dans son édition de Paris du lundi 8 novembre 2004, le quotidien s’inquiète sur quatre colonnes : « Les pervenches zélées verbalisent les terrasses ». Et l’article attaque : « De l’"excès", de l’"abus", du "harcèlement" (...) chaque commerçant, parfois anonymement, y va de son qualificatif pour exprimer sa colère. »

Motif de ce courroux ? Les contraventions « coup de massue » que leur valent des terrasses en dépassement. Et l’article de nous présenter le cas d’une fleuriste et d’un épicier. Le second explique que sans réponse de sa demande d’extension, « il a anticipé une réponse positive et écopé d’une amende ». Et tout à l’avenant, avec ce mot d’un anonyme : « Certes, il y a des règles à respecter, s’enflamme un voisin. Mais il y a la lettre et l’esprit de la loi. »

Le Parisien compatit avec ces braves gens. Un second article - en encadré dans la même page - sur ces « pervenches » qui font « un peu de zèle » est titré « Elles traquent aussi les incivilités ». Cet « aussi » est admirable. Avis aux handicapés tatillons de Mobile en Ville, aux ennemis du petit commerce de l’Association des Paralysés de France, toutes associations qui évaluent l’accessibilité des lieux et passages et auxquelles Le Parisien ne demande surtout pas leur avis dans son ode aux malheurs des commerçants (le journal se contente de citer un commissaire de police) : l’incivilité, ce n’est pas gêner le passage d’une poussette, obliger un handicapé à passer par la chaussée avec son fauteuil roulant ou empiéter illégalement sur l’espace public, mais les « jets de détritus, déjections canines, tags ou bruits de voisinage ». L’illustration des articles, une grande photo en couleurs d’une terrasse de fleuriste sanctionnée, nous le dit bien : ces « pervenches zélées » devraient comprendre que « il y a la lettre et l’esprit de la loi ». Heureusement il y a au Parisien des journalistes non moins zélés pour nous y éduquer...

Jérôme Martineau

 
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