Le Sans-Culotte, mensuel vendéen dont nous présentions le lancement en 2007, se retrouve dans le viseur de Philippe de Villiers. Le procès en diffamation, intenté par ce dernier, s’ouvre aujourd’hui mercredi 1er octobre. En cause ? Un article paru dans l’édition de février 2019, recensant la parution d’un livre d’enquête sur Le Puy du Fou, le parc d’attraction fondé par le notable vendéen (Puy du Fou : la grande trahison, publié par Christine Chamard, ancienne proche des de Villiers). « L’article ne fait que résumer ce livre, qui, selon nous, n’expose rien de plus que les dix ans d’enquête que nous avons menés sur ces choses-là », nous explique Marie Coq, rédactrice en chef du Sans-Culotte.
En effet, la plainte de Philippe de Villiers porte sur des termes qui n’apparaissent que dans les extraits du livre, cités par le journal, ainsi que… sur un post Facebook de l’auteure relayant l’article. Une absurdité au vu du travail de longue haleine du Sans-Culotte pour dénoncer le « système De Villiers ». Depuis toujours en effet, le vicomte d’extrême droite a eu les faveurs du journal, mais il semblait jusqu’ici ignorer ou mépriser les critiques de la presse indépendante. « En 14 ans d’existence c’est notre premier procès en diffamation, renchérit Marie Coq. Avec tout ce qu’on a publié sur lui, des articles sur les affaires de sa famille en Russie, les témoignages de ce qu’il s’est passé à l’époque au Puy du Fou, etc. On se demande ce qu’il lui prend de nous attaquer sur cet article, alors qu’on lui tape dessus depuis tout ce temps ! »
Un coup dur pour le journal, qui ne compte pas pour autant renoncer à sa vocation initiale : bousculer, par ses enquêtes, les puissants de la région. « Le risque pour un journal comme nous, craint néanmoins Marie Coq, c’est de nous couper l’herbe sous le pied alors qu’on vient de rebondir » [1].
Les procès dits « bâillons » — intentés par les pouvoirs économiques ou politiques qui voient leurs intérêts menacés par une presse qu’ils jugent un peu trop curieuse — se multiplient contre les médias indépendants [2]. Le 13 octobre prochain, Le Ravi passera lui aussi en justice, devant la cour de cassation. Autant de procédures qui menacent l’existence même d’une presse alternative d’enquête. Une condamnation du Sans-Culotte constituerait ainsi une sérieuse atteinte à la liberté de la presse. À l’heure où les grands médias s’érigent en grands défenseurs de la « liberté », force est de constater que le sort des « petits » confrères passe sous leurs radars…
Pour toutes ces raisons, Acrimed dénonce ce procès-bâillon, et tient à apporter son soutien au combat des journalistes pour une presse locale, indépendante et combative !
Antonin Padovani