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Le magazine électronique n°184

par Acrimed,


SOMMAIRE

1. Les gilets jaunes et la panique médiatique
2. Soutenez Acrimed !
3. Sur le site d’Acrimed
4. Sur d’autres sites
5. Actualité des médias
6. Livres, revues, journaux sur les médias



C’est peu dire que la tonalité médiatique générale vis-à-vis des gilets jaunes, et celle des éditorialistes en particulier, a changé depuis la journée de mobilisation du samedi 24 novembre, et, plus encore, depuis celle de samedi 1er décembre. Dans un premier temps, les grands éditorialistes se sont interrogés avec condescendance, en donnant parfois l’impression d’observer les gilets jaunes comme de petites bêtes curieuses. Certains se sont mis en scène, en s’engageant ouvertement en faveur d’un mouvement qu’ils pensaient pouvoir résumer à la seule remise en cause d’une taxe sur le carburant. Mais le discours médiatique dominant est désormais tout autre. Face à un mouvement qui s’inscrit dans la durée, à la diversité et à l’ampleur de ses revendications, à sa popularité, face aux violences protéiformes de certaines manifestations et à la situation de crise politique dans laquelle elle est en train de plonger le gouvernement, les grands pontes du système médiatique resserrent les rangs. Depuis la manifestation du samedi 1er décembre, l’heure est au rappel à l’ordre.

Une chose est sûre : la journée de mobilisation du 1er décembre a fasciné les chaînes d’information en continu qui ont commenté de manière ininterrompue les « scènes de chaos dans Paris »… et beaucoup effrayé les éditorialistes. En ce sens, elle a accéléré un processus à l’œuvre depuis quelques jours voire semaines, donnant à voir éditocrates et animateurs tenter de trier les gilets jaunes sur le volet et répartir les bons et les mauvais points, selon que leurs revendications seront jugées « légitimes » ou « surréalistes » et leurs comportements, « pacifique » ou « extrémiste ».

En quête désespérée de paix sociale depuis dimanche, les éditorialistes incarnent à l’extrême un de leur rôle médiatique traditionnel : celui de gardien de l’ordre social. Désormais prescripteur des mesures de « sortie de crise », ce « journalisme de solutions » témoigne d’une profonde panique qui gagne les médias dominants – et leurs porte-parole auto-proclamés : celle de voir remis en cause un ordre social et économique dominant qu’ils auront contribué à légitimer depuis des décennies, en soutenant quasi unanimement les vagues de réformes structurelles menées par les gouvernements successifs depuis les années 1980 ; et celle de voir radicalement remis en cause le candidat incarnant cette fièvre « réformatrice » auquel ils auront fait beaucoup de publicité lors de la campagne présidentielle et dont ils relaient assidûment la communication et la « pédagogie » depuis. Une telle déstabilisation doucherait ainsi une grande partie des espoirs médiatiques, nés avec Emmanuel Macron, et provoque le désarroi : quid de la « faisabilité » des prochaines réformes dans un tel contexte de crise ? Quelle « personnalité » à sa place pour « maintenir le cap » dans un tel contexte de défiance vis-à-vis de la classe politique et après que les grands médias ont affiché des mois durant l’artifice du « nouveau monde » ?

C’est à la lumière de ces différents éléments que l’on peut comprendre les réactions des éditorialistes des médias dominants, relativement homogènes, allant de l’indignation à la panique, en passant par la prescription de conseils et de méthodes pour que le gouvernement « sorte de la crise ». Et on le comprend assez vite, l’heure est chez eux au calcul politicien et au mépris de classe : si certains d’entre eux réclament des « gestes forts » ou des mesures en faveur des gilets jaunes, ce n’est évidemment pas au nom d’une quelconque justice sociale, mais uniquement par charité symbolique qui, selon eux, fera taire la colère.

Retrouvez nos deux premiers articles :
Face aux gilets jaunes, les éditorialistes entre condescendance et mépris
Panique médiatique face aux gilets jaunes



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3.1. Magazine, Acrimed Hebdo, Flux RSS

Nous vous proposons ci-dessous une sélection… sélective (puisque vous consultez le site régulièrement...) et un peu organisée.

De surcroît, Acrimed vous offre une liste qui complète celle-ci : Acrimed Hebdo. En vous inscrivant, vous recevrez la liste hebdomadaire des articles parus sur notre site. Pour s’inscrire, merci de contacter le secrétariat en écrivant ici, ou  !


3.2. Sélection d’articles publiés sur le site (novembre 2018)


I. CONSTRUCTION DU DÉBAT PUBLIC

** Dans les talk-shows : le poids des éditorialistes de la droite extrême et d’extrême-droite
Un débat médiatique ramené à leurs obsessions réactionnaires.


II. LA DISTRIBUTION DE LA PRESSE

** Petite histoire de la distribution de la presse (1/3) : les origines de Presstalis
Presstalis, la loi Bichet et le Syndicat du Livre.

** Petite histoire de la distribution de la presse (2/3) : splendeur et décadence des NMPP-Presstalis
Des « 40 glorieuses » à la crise de Presstalis

** Petite histoire de la distribution de la presse (3/3) : menaces et enjeux actuels
Menace sur la loi Bichet : la distribution aux abois


III. ANGLE MORT

** Des archivistes contre Papon, des journalistes silencieux
Des « journalistes d’investigation » en flagrant délit de solidarité rétrospective ?


IV. LA PRESSE, GARANTE DE LA DÉMOCRATIE

** In memoriam 1914-1918 : quatre années de presse aux ordres
Quand la presse se vautrait dans les bras des généraux.




 Emmanuel Macron offre à Eric Zemmour une nouvelle occasion de faire l’apologie de Pétain (Télérama.fr, 9/11) - « Pour BFMTV et CNews, pas de meilleur spécialiste de Pétain qu’Eric Zemmour. Elle se sont donc empressées de l’inviter à commenter la “polémique” créée par Emmanuel Macron. Un président qui, hormis cette étourderie due à la fatigue, a su renouer le dialogue avec les Français… et même les convaincre. Enfin, surtout Josiane. »

 Débat Zemmour-Weil : les chercheurs ont-ils vocation à intervenir dans les médias ? Quatre d’entre eux répondent (francetvinfo, 29/10) - « Pierre Lefébure : Dans les discussions que nous avons régulièrement entre collègues de sciences sociales et humaines, nous déplorons souvent le fonctionnement des médias généralistes qui nous invitent dans des formats où il est non seulement impossible de transposer les modes d’expression écrite ou orale de notre milieu professionnel mais aussi quasiment impossible d’infléchir la logique d’expression médiatique (brièveté, rotation des sujets, simplification, affirmation...). »

 "Le Monde" et les milliardaires (blog de Thomas Piketty, 13/11) - « On continue de partir du principe que la société par actions constitue l’organisation normale des médias, avec à son fondement le principe "un euro, une voix" : celui qui apporte un milliard aura toujours un milliard de fois plus de voix que celui qui apporte un euro. Pourtant, de nombreux secteurs d’activités sont organisés tout à fait différemment. On pense par exemple à l’éducation, la culture et la santé, qui au total regroupent incomparablement plus d’emplois que les médias ou l’industrie automobile. »

 Nordpresse : les articles parodiques sont les nouvelles fake news (Libération.fr, 23/11) - « L’âge du Gorafi semble révolu. Ce site qui avait fait les belles heures de l’info parodique sur le web est maintenant rattrapé en audience par Nordpresse, un site aux intentions nettement plus douteuses, alternant articles vraiment parodiques et textes uniquement destinés à piéger les lecteurs les moins attentifs. Inutile de préciser que ce sont souvent les seconds qui rapportent le plus d’audience, et incidemment de revenus publicitaires. »

 Plantu et les Faces de citron (blog d’Alain Korkos, 23/11) - « Penchons-nous maintenant sur les méchants Nippons. Ils ont tous les deux exactement la même trombine : ronde, à lunettes rondes, avec les deux dents de devant qui dépassent. Ce cliché raciste existe depuis la Seconde Guerre mondiale ; il fut répandu par des dessins satiriques parus dans la presse étasunienne et par un dessin animé, Private Snafu. »

 Pourquoi une telle différence de traitement médiatique entre les « gilets jaunes » et #NousToutes ? (20minutes.fr, 25/11) - « Bibia Pavard, historienne du féminisme, renchérit : "Les médias ont raté le caractère historique de la marche #NousToutes. Le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et des rassemblements ont lieu depuis des années, mais avec 2.000 personnes maximum. Or, là, il y avait des dizaines de milliers de femmes et d’hommes, des groupes féministes et des non-militants, plusieurs générations, et des jeunes femmes dont c’était sûrement la première manifestation." »

 J’ai passé une semaine devant les chaînes Bolloré... et j’en suis sortie dégoûtée (Télérama.fr, 6/11) - « Si quelques émissions alibis valent le détour, la majorité des programmes distillent une “mal-information” qui, sous des dehors parfois inoffensifs, gangrène l’esprit. De Cyril Hanouna à Thierry Ardisson en passant par Jean-Marc Morandini, petit tour d’écran… »


Vous pouvez retrouver sur notre site le 20e épisode de notre série « Actualité des médias ». Vous pourrez prochainement retrouver sur notre site le 21e épisode. Au sommaire ce mois-ci, en avant-première :

I. Du côté des journalistes, des médiacrates et de leurs œuvres
 Énième cas de violence policière contre un journaliste
 Le Monde pris à s’extasier pour l’école où siège son directeur
 Fin des chroniques de de Michel Onfray sur France Culture et de Frédéric Beigbeder sur France Inter
 Elise Lucet confirme toucher 25 000 euros par mois
 Le nouveau directeur Philippe Jannet recalé par les salariés de L’Express
 Nouveau cas de censure intéressée au Figaro

II. Du côté des entreprises médiatiques et de leurs propriétaires
 Fin de la consultation de Radio France et France Télévisions
 Lancement de Disclose, un nouveau média d’investigation
 Le groupe Vice se serre la ceinture
 Plans d’économie à France Télévisions... et TF1
 Touche pas à mon poste : les annonceurs qui avaient annoncé un boycott sont revenus
 Suppressions de postes à Reuters et à l’AFP
 Le Parlement impose un texte controversé sur les fake news


De très bonnes, de bonnes et de moins bonnes lectures.
 Belin (Olivier) et Ferran (Florence), Les éphémères et l’événement, Maison des sciences de l’homme, novembre 2018, 54 p., 22 euros.
 Brunier-Coulin (Claude), Morphologie du divertissement, Orizons, novembre 2018, 26 euros.
 Duprat (Jean-Antoine), Fake news : mode d’emploi, Esprit du temps, novembre 2018, 19 euros.
 Combeau (Yves), L’Évangile en direct, Presses de la Renaissance, novembre 2018, 380 p., 19,90 euros.
 Goldnadel (Gilles-William), Névroses médiatiques, Plon, novembre 2018, 252 p., 19,90 euros.
 Greste (Peter), Voyage d’un reporter au pays de la censure, Éditions de l’Observatoire, novembre 2018, 21 euros.
 Lesueur (Daniel), Petite histoire de la radio française de 1920 à nos jours, Camions blancs, novembre 2018, 26 euros.
 Malik (Renaud), Dictionnaire impertinent des médias, Slatkine, novembre 2018, 128 p., 19 euros.
 Minne (Olivier), Speakerines. Une histoire des femmes à la télévision, Éditions du Rocher, octobre 2018, 376 p., 19,90 euros.
 Narre (Nina), Les dessous d’un envoyé très spécial, Artisans Voyageurs, novembre 2018, 9 euros.
 Okania (Joseph), État des lieux de la presse aux Congos, L’Harmattan, octobre 2018, 160 p., 17,50 euros.
 Papin (Bernard) et Tsikounas (Myriam), Fictions sérielles au temps de la RTF et de l’ORTF, L’Harmattan, octobre 2018, 266 p., 26,50 euros.



Prochain magazine : janvier 2019

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