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Sur le site du "Nouvel Observateur"

"Le livre qui agite le CFJ"

Le "Journal permanent du Nouvel Observateur" consacre le 26 février 2003 un dossier au livre de François Ruffin Les Petits Soldats du Journalisme (ed. Les Arênes).

A ne pas manquer :
Un Jeudi d’Acrimed
"Les petits soldats du journalisme", avec François Ruffin et Gilles Balbastre
Jeudi 13 mars 2003
 [1].


"Dans une lettre ouverte, 49 étudiants de la plus prestigieuse parmi les écoles de journalisme répondent à un livre polémique écrit par un ancien élève.
[...] Dans son livre, François Ruffin, par ailleurs fondateur d’un journal satirique basé à Amiens, Fakir, et qui a suivi pendant deux ans la scolarité du CFJ, s’attache à décortiquer les travers de l’"école", qu’il accuse d’être une "machine à décérébrer", où "l’enseignement, intellectuel et théorique", confine au néant, et dans les cours duquel l’actualité prime sur une réflexion plus approfondie.
[...] Et François Ruffin de critiquer une vision purement "economiste" du journalisme, où l’entreprise presse est reine, où l’argent a jeté aux gémonies les idéaux d’une profession, acquise au conformisme roi.
[...]

Une vision que réfutent donc 49 étudiants : "Las, notre ex-condisciple ne prend que ce qui l’arrange - quitte à truquer la vérité - pour étayer sa thèse obsédante", écrivent-ils notamment. "Citations sorties de leur contexte, tronquées, ou mises bout à bout, second degré pris pour paroles révélées, situations détournées : François Ruffin use des raccourcis dignes du pire journalisme qu’il prétend dénoncer", expliquent-ils encore dans leur communiqué."

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Dans un entretien, Michel Sarazin, directeur du CFJ, affirme que " ce livre est profondément malhonnête, ayant recours par exemple à des procédés inadmissibles comme les citations tronquées et en servant une thèse sans chercher à prendre en compte ce qui est en dehors de cette thèse idéologique. [...] Evidemment que nous exerçons une réflexion permanente sur ce que nous sommes, depuis la création du CFJ ; entre le journalisme tel qu’il devrait être et le journalisme tel qu’il est avec les réalités du métier et ses contraintes. Et nous devons en permanence déplacer le curseur entre ces deux impératifs. [...] "

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" Ces mécanismes qui dominent dans les rédactions, je les ai observés dès l’école "

 [2]

Dans un entretien, François Ruffin précise :

" Ce n’est pas au CFJ que je m’attaque, mais à un mode de production qui domine dans la presse. Par exemple, vous m’interrogez sur mon livre sans l’avoir lu. Ce n’est pas une critique personnelle : on vous demande de produire vite et beaucoup, de suivre l’actualité, sur des sujets " chauds ", etc. Ces mécanismes qui dominent dans les rédactions, je les ai observées dès l’école. En radio, par exemple, une intervenante nous enseigna à chroniquer un film sans le voir, à critiquer un livre sans le lire. Elle devançait simplement les pratiques du métier. Peut-être s’agit-il de " portes ouvertes ". Mais au vu des réactions que suscite mon livre, les enfoncer ne semble jamais inutile. Surtout, ces évidences, les journalistes les admettent fréquemment en privé. Mais en public, ils refusent de se livrer à cette démystification. Je pointe deux impostures : le journaliste se présente comme un être libre, alors qu’il est fondamentalement soumis - à ses chefs, aux impératifs d’audience, etc. Ensuite, il se présente comme un intellectuel, alors que durant son travail il doit cesser de penser : les réflexes remplacent la réflexion afin de produire toujours plus vite et d’accepter des insignifiants mais rentables - sur les apéritifs préférés des Français, la mort de Bernard Loiseau, etc. [...]

Vous revendiquez une formation qui fasse plus réfléchir, ne pensez-vous pas qu’elle tendrait alors vers un formatage politique ?

Le formatage idéologique existe déjà, au Centre, où les patrons de presse sont chez eux. Accepter le mode de production dominant, ne pas le critiquer, c’est déjà une idéologie. Quand on invite Robert Namias de TF1 ou Laurent Joffrin, ce n’est pas neutre. Alors, pourquoi ne pas inviter Serge Halimi, Daniel Mermet, Denis Robert, des hérétiques du journalisme. Ca, l’année prochaine, l’école le fera. Elle rétablira une petite bibliothèque. Elle mènera quelques réformes cosmétiques. Mais la question centrale, en revanche, ne sera pas résolue : le CFJ, à l’image de la presse, n’est plus porteur ni de valeurs ni d’espérances. Encore une fois, ce n’est pas à une école que je m’attaque : elle n’est que le miroir de rédactions où ne subsiste plus l’espoir. "

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Notes

[1Note d’Acrimed.

[2Intertitre d’Acrimed.

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