En septembre 2020, Reworld Media avait débarqué le directeur de la rédaction, Hervé Poirier, qui réclamait au groupe des garanties sur le maintien des effectifs et sur l’indépendance éditoriale des journalistes. La rédaction s’était alors mise en grève sur la base de ces deux revendications, comme l’explique la société des journalistes (SDJ) du magazine.
Les discussions entamées depuis n’ont pas abouti et la situation a même empiré. « L’équipe digitale de Reworld Media a totalement pris le contrôle du site internet, désormais alimenté par des chargés de contenus non-journalistes. Ces derniers ont désormais toute liberté de poster des contenus ou de republier et rééditer des articles du mensuel » explique la SDJ. Une motion de défiance a été votée à l’encontre de Karine Zagaroli, la directrice des rédactions, nouvellement nommée.
Une journaliste de Science et Vie, citée par Le Monde, évoque une situation calamiteuse :
Des « chargés de contenus » ont commencé à produire des « posts catastrophiques » sur le site, raconte une représentante de la SDJ du titre (à laquelle appartiennent aussi les rédacteurs de Science & Vie junior, Science & Vie Découvertes…). « On a vu des plagiats, des traductions de communiqués de presse, des erreurs, des articles sans enquête, des articles republiés tels quels plusieurs années après leur parution, détaille-t-elle. Une calamité qui décrédibilise le titre. »
Près des trois quarts de la rédaction de Science et Vie envisagent de quitter le titre, d’après France Inter. À l’initiative du collectif « Sauvons Science et Vie », une pétition a été lancée afin de soutenir les journalistes, ainsi que les salariés des autres titres du groupe, face à Reworld Media. Le collectif est également à l’initiative d’une tribune publiée sur le site du Monde, qui récapitule les enjeux et appelle à se mobiliser contre les pratiques brutales des propriétaires de médias, parfaitement illustrées par les agissements de Reworld Media ou encore Vincent Bolloré. Affaire à suivre…
Frédéric Lemaire