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Les médias et le Forum social européen

La Vie, un hebdomadaire d’exception ?

par Laurent Daguerre,

"La Vie", "hebdomadaire chrétien d’actualité", est l’un des rares hebdos français à traiter non seulement sans morgue ni mépris, mais avec un certian discernement.

Dans son n° 2985 (14-20 novembre), La Vie couvre le FSE sur la forme comme sur le fond, dans un article de plus de deux pages annoncé en première de couverture : "Florence : 500 000 manifestants contre la guerre". Titre de l’article, page 26 : "La grande marée de Florence".

Autour de l’article

Page 27, une photographie en couleur de la manifestation, avec au centre une banderole d’ATTAC. Légende : "Les militants, jeunes idéalistes comme vieux routiers des ONG, ont manifesté calmement le week-end dernier dans les rues de Florence". En dessous, rappel de "huit étapes pour une autre mondialisation", de 1999 à 2003.

Page 28, deux photos en couleur plus petites (un manifestant et une manifestante), avec cette légende : "Le Forum social européen avait placé cette manifestation sous le signe de la guerre en Irak. Contre Bush et pour le Che !".

Page 28, un encadré intitulé "Pour une alter mondialisation". Le texte rappelle le succès du FSE. Il souligne que Silvio Berlusconi "s’est trompé" qui avait "affolé les foules en prédisant des violences"."En ville, pas une vitrine n’a volé en éclat." Enfin, "le mouvement contre la mondialisation soigne son image. Jusqu’à imposer un autre terme que celui d’antimondialiste que lui avait accolé la presse. Ses partisans prônent désormais une altermondialisation(...)."

En chapô : "Pari gagné pour les organisateurs du premier Forum social européen : 60 000 participants, 500 000 manifestants contre la guerre en Irak.Un arc en ciel des sensibilités alternatives à l’ultralibéralisme".

L’article de l’envoyé spécial de La Vie Gérard Desmedt, décrit le Forum avant d’aborder l’influence et l’avenir du mouvement.

1) Description du FSE

Gérard Desmedt décrit l’ambiance du FSE (celle d’"une kermesse alternative"), la diversité des sensibilités, des nationalités présentes ("Au total, 80 nationalités !"), son succès ("qui a surpris jusqu’à ses organisateurs"), l’affluence, donc, "très jeune", "l’organisation ... à l’italienne, vite dépassée", mais aussi le contenu du Forum lui-même. "Le programme est tellement dense qu’il est impossible de tout suivre" ; "les participants ont le choix entre 18 conférences, 140 séminaires et 250 ateliers !". L’article cite les trois thèmes, donne des exemples d’intitulés de débats. L’envoyé spécial cite des paroles de militants (Attac, Dal, Apeis), connus ou non, qui expriment le sens de leur présence et de leur engagement.

2) L’influence et l’avenir du mouvement

Gérard Desmedt estime que l’avenir "va poser des questions difficiles aux organisateurs de ce premier Forum social européen. Ils vont devoir maintenant gérer leur succès".

Le succès, c’est d’avoir "réussi à imposer au monde syndical et politique des thèmes hier marginaux, aujourd’hui en discussion jusque dans les organisations internationales : la défense des services publics contre les privatisations à outrance, la prise en compte de la volonté des citoyens au niveau d’un quartier ou d’une ville, la limitation du pouvoir des entreprises multinationales, l’aspiration à une Europe plus sociale".

"A Florence, la présence du monde syndical atteste que ces idées ont trouvé plus qu’un écho dans ce milieu" (CGIL, pour la France : CGT, Sud, FSU, Confédération paysanne).

En revanche, Gérard Desmedt souligne que "vis-à-vis des politiques, la discussion reste très difficile". "La montée en puissance" des "trublions" "pose un vrai problème aux organisations de gauche des pays de l’Union". Après "les avoir regardé de haut", "les hommes politiques ont donc accouru à Florence" (citation des "personnalités" présentes à Florence) mais "les militants se montrent très circonspects". "Eternel débat entre les révolutionnaires et les réformistes" estime Gérard Desmedt.

Les "questions difficiles" posées au mouvement sont semble-t-il de deux ordres pour l’auteur de l’article. D’une part, son "extraordinaire diversité". Tous les militants ("des écolos,des pacifistes, des chrétiens, des tiers- mondistes, des gauchistes et même quelques dinosaures marxistes-léninistes purs et durs") "s’accordent sur quelques points clefs ("non à la guerre", "non à l’ultralibéralisme") mais ils n’ont certainement pas tous en tête le même modèle de société".

D’autre part, leur rapport à la politique instituée : "Or, il faudra pourtant qu’ils acceptent de passer par le filtre de la politique. Simplement parce que les partis ont vocation à gouverner, donc à prendre des décisions" (on retrouve la thématique de l’édito de Libération). "Quel parti relaiera les idées de Porto Alegre ? (...) La LCR est, peut-être, la plus en phase, mais refuse les compromis liés au pouvoir".

 
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