I. Audiovisuel
– Investissements publicitaires. De janvier à août 2004, les investissements publicitaires TV ont progressé de plus 6,8% par rapport à 2003, représentant quelques 3,2 Milliards d’euros bruts. Ce dont se réjouit notamment le Pdg de M6, interrogé longuement par La Tribune (20 septembre). Ledit pdg n’a jamais été aussi satisfait de sa rentrée en termes d’audience [1]. Les scores ont explosé cet été (grâce au sport) : une croissance de 10,6% par rapport à août 2003 sur les grandes chaînes TV nationales (et sans compter la « publicité régionale et parrainage »).
– Nouvelles de la convergence. Activisme tout azimuts : Sony a racheté les studios américains MGM pour 5 milliards de dollars. Par cette emplette, il détient désormais le plus gros catalogue de films de la planète, ce qui permettra à sa branche électronique défaillante de le vendre sous forme de DVD (à lire de préférence avec ses appareils), mais aussi de le proposer à la location (internet) via Comcast, le numéro un du câble américain (partenaire de Sony sur l’opération) pour les diffuser.
Dans la famille "télévision sur le téléphone portable", on apprend que les constructeurs d’appareils (Nokia, Sony-Ericsson, Motorola ...) multiplient des accords de coopération avec les diffuseurs au niveau mondial [2]. Curieusement, même si c’est de notoriété publique depuis le printemps, le journal Les Echos du 13 Septembre, nous sert l’information comme une nouvelle fraîche, comme son complice de La Tribune titrant : « L’industrie se mobilise pour la télévision sur mobile ».
– Diffusion / Social. Cognacq-Jay Image, propriété de TDF récemment privatisée, n’est pas en déficit. Pourtant, elle s’apprête à licencier 200 personnes. Motif officiel, qui de toute façon n’est pas glorieux, « la perte de plusieurs contrats cette année ». La CFDT de là-bas pense plutôt que la direction de TDF souhaite en fait « prouver aux actionnaires » (fonds de pensions, faut-il le préciser) qu’elle « ne reste pas sans rien faire » (L’Humanité, 14 septembre).
– Diffusion / Conflits. Le chef cuisinier Joël Robuchon (célèbre par ailleurs dans les hypermarchés pour ses recettes commercialisés sous nom) reproche à CanalSatellite et TPS de favoriser directement ou indirectement les chaînes dont ils sont à la fois diffuseurs et producteurs (Le Figaro Entreprises du 13 septembre). Pour la sienne (Cuisine TV qui n’appartenait qu’à lui ) et pour laquelle il payait pour qu’elle soit regardée), Robuchon sort soudain du bois comme un loup affamé : il réclame 12 millions d’euros de dommages et intérêts. Sur le sujet, Le Figaro Entreprises semble avoir son opinion, si l’on en juge par le choix de la chute de l’article : « Quand Guy Job et Robuchon ont créé leur chaîne, ils ont proposé d’être gratuits pour le diffuseur de façon à être pris partout. Deux ans plus tard, s’apercevant que leur business plan de départ n’est pas viable, ils arrêtent de nous payer et nous attaquent pour faire diversion. »
– Chaînes thématiques / Social. Le Figaro, Le Monde ou France-Soir présentent le 15 septembre la nouvelle grille de "Paris Première" rachetée par M6 qui, à leurs dires, garde « l’esprit de la chaîne ». Des échos soulagés mais qui omettent de préciser que la chaîne garde peut-être « l’esprit », mais pas son personnel.Libération qui veille sur ces choses-là se charge de réparer cette omission, en dénonçant « une restructuration à la hache » car "Paris Première" a viré (et même - pauvres d’eux - les « signatures » comme Michel Field ou Paul Amar). Mentionnons la reprise d’un propos du délégué syndical CFDT, qui admet que « que les ‘‘ les conditions du plan social sont correctes’’ même si les reclassements au sein de M6 ne se sont pas toujours bien passés ». « En revanche, il reste une inquiétude sur ce qui va advenir de certains intermittents. » Soit 80 sur 100.
– La Chaîne Parlementaire (LCP). « Les émissions politiques donnent, pour 67 % des téléspectateurs, une image négative de la politique », de fait, se rôdant avant son arrivée sur la TNT, "La Chaîne Parlementaire" (LCP) propose un JT baptisé JP, qui « prend le contre- pied de la précipitation et de l’émotion et prend le temps d’enquêter, d’expliquer, de comprendre, le temps du retour en arrière ». Un pari jugé « audacieux », par le patron de la chaîne en personne (Richard Michel) : une reconnaissance implicite de ce qu’est l’information télévisée ailleurs - L’Humanité, 13 septembre.
– Publicité télévisée / secteur interdits. Ultimatum de Bruxelles qui n’en peut plus. La Commission demande à la France des propositions d’évolution de sa réglementation pour ouvrir la publicité télévisée au cinéma (alors que ce dernier reste hostile à cete ouverture
En attendant, la presse continue de se montrer sur le petit écran. On note l’arrivée du quotidien économique La Tribune et l’offensive-surenchère de Prisme Presse en opération de relance de son quinzomadaire à coup de 10 millions d’euros d’investissements.
– Vivendi et Lagardère. Vivendi « améliore son résultat opérationnel » de 29 % titre le journal Les Echos le 15 septembre. Il « triple ses pertes » (- 1,86 milliards d’euros) titre de son côté La Tribune.
Mais ce qui a vraiment excité les observateurs, c’est surtout cette information "capitale" donnée par Jean-René Fourtou, Pdg de Vivendi Universal. A savoir « qu’il entendait étudier avec Lagardère « une réorganisation de leurs participations croisées [3] dans la télévision, qui pourrait conduire à une entrée de Lagardère dans le capital de Groupe Canal+. ». En parler toujours, et le faire un jour ?
Ces prétendues "modalités d’entrée" (prendre tant de % ici en en lâchant tant ailleurs pour renflouer Vivendi Universal) n’ont jamais été présentées que par les quotidiens économiques. Ce qui a permis à l’un deux - Les Echos de s’amuser de nouveau tancer Lagardère, comme la semaine dernière, dans sa rubrique de Père Fouettard intitulée "Crible" : « Le problème c’est que cela ne représente qu’environ 20 % d’un Canal au bord du gouffre, il y a deux ans, quand VU était prêt à le céder pour rien, Lagardère se voit proposer aujourd’hui d’échanger une première loge dans CanalSat contre un strapontin dans sa maison mère ».
Que retenir de ces échauffements ? Ou bien que Vivendi s’est offert une belle publicité en lançant aux relayeurs amis de la presse économique un os qu’ils ont rongés pendant quelques jours, ou bien que Lagardère lit et écoute Les Echos : la jour même de ce "Crible", il annonçait qu’il ne prendrait pas les 20 % dans "Canal Plus" mais, qu’en revanche, il n’était pas contre une « augmentation de capital de Canal + groupe. Pour se maintenir à 34 % » (Le Figaro, 16 septembre).
– Redevance et Publicité. Décision officialisée et bien accueillie par la presse ("Une" de Libération) : la redevance sera adossée à la taxe d’habitation (hors résidence secondaire).
– Havas et Bolloré. En juillet dernier, l’investisseur Bolloré prenait sous les hourras 5 % d’Havas, deuxième groupe publicitaire français et sixième mondial (1.60 milliards d’euros de CA). Sang neuf national, mais vite mauvais sang.
Le 9 août dernier « Alain de Pouzilhac, PDG de Havas, se déclarait "ravi" de l’arrivée de Vincent Bolloré au capital de son groupe, qui s’était faite "en harmonie" entre les deux hommes. Alors que Havas étudie le rachat de l’américain Grey, "l’entourage indiquait que Vincent Bolloré aura son mot à dire sur l’opération". » (La Tribune).
Et il l’a dit, mais pas comme on aurait pu le prévoir. En effet, si Havas s’estime désormais armé pour chasser, le 7 septembre, c’est contre l’avis de Bolloré qu’il déclenche l’assaut sur l’un des moindres concurrents : le britannique Grey). Et Havas de présenter cet assaut comme « l’opération de la dernière chance », pour ne pas se faire croquer par d’autres américains et continuer à engranger français (Les Echos, 14 septembre).
Manque de chance pour Havas (mais pas pour Bolloré), WWP le second groupe mondial a décidé de devenir le premier en raflant à la barbe d’Havas, le convoité Grey.
Du coup, nos médias économiques piquent une grosse colère contre ... Bolloré qui met Havas sous les sarcasmes et à la merci de l’étranger. Feignant de se demander ce « qu’il (le rabat-joie Bolloré - ndrl) vise », quelles sont ses « intentions », alors qu’ils ont la réponse et... la donnent.
Bolloré est ce qu’il a toujours été, un spéculateur opportuniste : « Vincent Bolloré, à la tête d’un conglomérat présent dans le transport maritime, ou encore la distribution d’énergie, est connu pour ses coups boursiers. Ses allers-retours au capital de Bouygues, Pathé ou Rue Impériale, holding du groupe Lazard, lui avaient permis d’empocher des plus-values conséquentes, respectivement 230, 190 et 290 millions d’euros. Dès hier, l’abandon du rachat de Grey a dopé l’action Havas » (La Tribune, 14 septembre).
Après avoir régalé la presse économique en amusant moins Havas, Bolloré est monté à 10.60 % dans le capital en fin de semaine (15 septembre) charriant des rumeurs de placement de Pierre Dauzier, l’ancien Pdg de Publicis entre Pouzillhac et lui-même (Libération, 18 septembre).
– Réception. Séduction des opérateurs sur ADSL. Le président de France Télécom (maqué avec TF1 pour TPSL, la télévision par Adsl) : « Fin 2004, 90 % des Français auront accès à l’Internet haut débit" » Le Monde 14 Septembre, et Neuf Telecom - filiale du groupe Louis Dreyfus - (maqué avec Canal Plus pour CanalSat, idem) revendique le rang de leader dans le dégroupage lancera fin octobre 40 chaînes gratuites.
II. Presse écrite - Edition
– Lancement. Le marché de technologies explose dans chacun de ses segments. Le groupe Entreprendre lance donc trois nouveaux titres informatiques en septembre Micro Revue, High Tech, le 15 et La revue du web (8 octobre).
En octobre, TF1 lance un quinzomadaire destiné aux « ados » qui ne manquera pas d’intéresser également les annonceurs [4] : 7 Extra (en SMS dans le texte) centré sur la musique, le cinéma et les jeux vidéo et Dora L’Exploratrice pour les 2-5 ans.
– Presse Féminine. Marie-Claire souffle se cinquante bougies, et Le Monde (21 septembre) sert le gâteau en interviewant Evelyne Prouvost, la présidente du groupe. Il y a trop de convives selon elle : « La presse féminine souffre d’un foisonnement de titres ». Ce qui est sans doute vrai, mais pourquoi ? [5].
Mais, il y a également des réductions de la masse salariale qu’évidemment, Evelyne Prouvost n’évoque pas en ce jour de fête. Le Monde non plus (et pour cause : lire ci-dessous).
– Le Monde. Confirmation (notamment dans Les Echos, du 21 septembre) : le lecteur fuit et le navire amiral Le Monde prend l’eau avec 8 millions de dettes. D’où un ajustement, contesté par la Société des Journalistes, opéré par ponction sur la masse salariale (moins 12 % des effectifs) et un projet le parution le matin (qui apparaît compliqué « à tous les niveaux : impression, distribution et éditorial ». Mais les syndicats protestent. Stratégies, ainsi que Libération et Le Figaro du 22 septembre s’en font l’écho. A suivre...
– Socpresse / Offensive des salariés. Une motion qui a été soumise le 16 devant l’Assemblée générale convoquée à l’initiative de la Société des rédacteurs (SDR) a été votée le 15 septembre par les journalistes du Figaro à 93 %. Elle « s’alarme » de certains propos de Dassault Père, et déclare son refus de se transformer en « journal militant »(sic).
En parallèle, FO demande « à être reçu par le Ministre Donnedieu de Vabres », chose promise le 1er octobre.
Enfin que la Société des Journalistes de L’Express soutient celle du Figaro dans une (autre) motion où il est, une fois de plus, question d’indépendance...
Dassault Fils, député de l’Oise, fanfaronnait dans l’un des organes de son Père, Le Courier Picard (18 septembre) [6], en se déclarant satisfait d’être vice-président de la régie publicitaire de la Socpresse. Et d’avouer, sans gène, prendre plaisir à apprendre dans cette régie les rouages essentiels de la presse pour un jour devenir le patron du groupe (Le Monde, 21 septembre) : « C’est bien, à travers la publicité, de découvrir la fabrication d’un certain nombre de titres. Ensuite, il y a d’autres supports dans le groupe. »
– Social. Au Parisien les photographes pigistes sont sous la « menace de licenciement ». Grève.
– City Guide Gratuits. Proposé le lundi matin dans les couloirs du métro (en moyenne à 350 000 exemplaires par numéro) aux parisiens fatigués du week-end, A nous Paris est fier d’annoncer ... aux annonceurs, grâce à une étude Ipsos Media, qu’il serait lu par 1 millions de lecteurs.
En face ou en complément, arrive à Paris « Paru Vendu » du groupe France-Antilles (qui possède aussi, tout est logique, 15 % d’A Nous Paris) et annonce déjà 700 000 exemplaires. Il se positionne sur les annonces classées (La Tribune, 16 septembre).
– Edition/ concept de rentrée littéraire. Interview d’Eric Nalleau dans Le Figaro (16 septembre) à propos de la rentrée littéraire et ses 661 romans : « un jeu de massacre », un cumul « d’absurdités ». Où l’on apprend (ou il rappelle) que la « logique éditoriale repose sur un système de cavalerie, non illégal mais perverse. » ; que la pluralité de l’offre est un leurre (« à partir d’une certaine masse, on ne peut pas voir la qualité »), que les éditeurs ne jouent pas le jeu des jeunes auteurs contrairement à ce qu’ils claironnent (« ils décident en mai ce qu’ils privilégient en terme de communication en août ») et que les petits éditeurs sont morts car ces « gens » (Hachette, Editis, Le Seuil-La Martinière - ndlr) veulent une croissance à deux chiffres, la place va être de plus en chère dans les librairies. »
Et pour finir...
Acrimed propose, bientôt, une nouvelle "série" : « Lu, vu, entendu ». A suivre...