Chaque semaine, entre deux pages de pub, Franz-Olivier Giesbert étale ses obsessions (bien connues) dans Le Point. Depuis septembre, « immigration incontrôlée » (3/10) et impérieuse « baisse des dépenses publiques » (17/10) sont ainsi rabâchées à longueur d’éditos. « Les grands défis à relever : la déroute des finances publiques, l’immigration sans contrôle, la montée du multiculturalisme, l’affaissement de l’autorité » (5/09). Variante, trois semaines plus tard : « Trois défis […] : le vertige de l’endettement et des déficits, la sur-immigration et l’affaissement de l’autorité » (26/09).
FOG dit tout haut ce que ses confrères disent… déjà tout haut. « Continuer à tout laisser filer, les déficits, la dette, l’immigration, les gabegies et le reste, serait criminel pour notre pays » (26/09) ; « On ne s’en sortira qu’en serrant les rangs autour du patriotisme et de l’intérêt général » ; « Augmenter les impôts des particuliers et les taxes sur les grandes entreprises est évidemment une sombre idiotie » (17/10).
Le discours est rodé. Et comme Giesbert sévit depuis les années 1980, ses prouesses sont maintenant largement documentées. Ce qui ne l’empêche pas, bien au contraire, d’accumuler les faveurs télévisuelles. Habitué historique des plateaux, qu’il fréquente encore aujourd’hui (depuis septembre : BFM-TV, plusieurs fois CNews et Europe 1), il a su conquérir la reconnaissance des patrons de presse (il a notamment été directeur de la rédaction du Nouvel Observateur puis de celles du Figaro, directeur du Point et directeur éditorial de La Provence)… et entretenir celle de ses pairs.
Last but not least, Franz-Olivier Giesbert épouse aussi, quand il ne les initie pas lui-même, les pires campagnes contre la gauche. Dans son édito du 9 octobre, sobrement titré « Chez nous, la "cinquième colonne" de la République islamique d’Iran ne se cache même plus », il verse dans l’outrance et le complotisme : « Nos ennemis œuvrent désormais au grand jour, jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée » ; « Nous voilà tombés bien bas pour que la gauche islamo-gauchiste, tant d’intellectuels et une fraction de la jeunesse aient emboité le pas des mollahs iraniens » ; « L’extrême gauche n’a plus qu’une obsession, en dehors du riche : le Juif ».
Que dire ? FOG est un révélateur. Que ses pratiques professionnelles et ses partis pris réactionnaires lui permettent non seulement de perdurer mais surtout d’occuper une position dominante et légitime en dit long sur l’état du paysage médiatique. Indéboulonnable, Franz-Olivier Giesbert ?
Maxime Friot