Résumé de la non venue de David Beckham au Paris Saint-Germain en trois actes.
Acte 1 : Il arrive !
Tout a commencé le 6 octobre 2011 dans L’Équipe : « Le PSG aimerait attirer une star internationale dès le prochain mercato d’hiver. David Beckham reste une piste. Parmi d’autres. » Et dix jours plus tard, c’est l’emballement des médias sportifs… et généralistes. Le 15 octobre, L’Équipe titre en « une » : « Il arrive ! » et annonce, que « Beckham [est] en route pour Paris » que « rien n’est signé, mais que les discussions sont avancées. » Dans Le Parisien, on s’enthousiasme : « Beckham aux portes de Paris » (14 octobre).
À partir du moment où l’annonce de la venue de David Beckham est (quasi) confirmée, les médias spéculent sur un certain nombres de sujets : son futur logement, le numéro qu’il portera, son salaire, les magasins que fréquentera son épouse…
Concernant le logement, le journal Le Monde va jouer un rôle important de légitimation de la rumeur, puisque dès le 12 octobre le quotidien vespéral annonce que « David Beckham cherche un appartement à Paris ». Pour le numéro de son maillot, c’est dans Le Journal du Dimanche (25 décembre 2011) que l’on apprend que « ses numéros fétiches (le 7 et le 23) étant déjà pris par Jérémy Ménez et Mohamed Sissoko, David Beckham et le PSG vont devoir s’adapter. Le numéro 32, qu’il portait lors de ses piges au Milan AC, pourrait coller. Le détail a son importance, vu le plan merchandising que le club de la capitale va mettre en place pour le « Spice Boy ». » Ensuite, Le Figaro Madame fait même « un petit tour d’horizon des adresses parisiennes fréquentées par Posh [Victoria Beckham, l’épouse de David.] » (28 novembre). Des informations passionnantes… surtout quand on sait qu’elles ne reposent sur rien de concret.
Acte 2 : Il a dit oui !
Et fin décembre, les spéculations cessent, on passe du conditionnel (pourtant rarement utilisé) à l’indicatif. Cela ne fait plus de doute : le fantasme est devenu réalité, ainsi que le dévoilent les « unes » du Parisien et de L’Équipe.
L’enthousiasme s’empare de la sphère médiatique. Les détails sont croustillants et le journaliste sportif de France Inter, Jacques Vendroux, est extrêmement précis, ainsi que le rappelle le site d’Arrêt sur images : « 800 000 euros par mois de salaire fixe, environ 17 millions d’euros de bonus en merchandising, deux voitures, deux appartements, l’école privée pour les enfants, un intéressement dans la vente des maillots et l’ouverture à Paris d’une antenne de la société de lingerie coquine de Victoria Beckham » [1]. On assiste alors à une pluie d’informations superficielles qui ne reposent sur aucun fondement… Mais la machine médiatique est en route. Toutes les radios, tous les journaux, reprennent cette information : l’arrivée de Beckham au PSG est prévue en janvier.
Autre exemple, Le Parisien du 21 décembre (dont nous avons reproduit la « une » ci-dessus) consacre ses pages 2 et 3 à la venue de Beckham. Extraits : « Il sera de très loin le joueur du Championnat de France le mieux payé » ; « Tout est prévu. Ainsi la présentation du joueur devrait être fastueuse. Les dirigeants souhaitent l’introniser à l’Hôtel de Ville de Paris avant de lui organiser une parade sur les Champs-Élysées » ; « L’arrivée de Beckham va engendrer une révolution au PSG. Le camp des Loges […] devrait connaître pas mal de chamboulements. On n’accueille pas Beckham comme un joueur lambda. Viendra-t-il seul ou accompagné d’un chauffeur et de gardes du corps tous les jours ? ». Etc.
Pourtant, quand on lit les dépêches Agence France Presse ou, simplement, les déclarations de David Beckham, à aucun moment il ne laisse transparaître qu’il viendra dans la capitale. Pis, l’agent du joueur est catégorique : « Il n’y a pas d’accord avec le PSG pour l’instant, une offre n’est pas un contrat » (AFP, 30 décembre).
Acte 3 : Finalement c’est non.
Puis, le 3 janvier 2012, les médias déchantent… David Beckham ne viendra pas au PSG. Il est mieux à Los Angeles. « On pensait l’affaire ficelée. Il n’en était rien », déclare, déçu, sur sa « une », le quotidien L’Équipe. L’affaire était en effet bien ficelée pour le Groupe Amaury, propriétaire du quotidien sportif L’Équipe et du quotidien de l’Île-de-France Le Parisien. Cette jolie histoire a fait vendre beaucoup de papier… Des rumeurs montées en épingle et reprises en boucle par les autres médias, voilà une « affaire ficelée ».
Mais plutôt que de s’excuser en public (pourquoi pas au milieu d’un terrain de football), comme cela devrait être la coutume dans ce genre d’affaire, les journalistes de ces deux quotidiens ont préféré se lancer sur une autre rumeur : la venue de l’Italien Pato (du Milan AC) au PSG… qui finalement ne viendra pas non plus. En attendant l’arrivée probable (si, si) de Tévez (de Manchester City) dans le club de la capitale…
Moralité de ce médiocre vaudeville : mieux vaut attendre d’avoir l’information… avant de la vendre.
Mathias Reymond (avec la documentation de Laurent)