Le 30 janvier, le groupe français de BTP Bouygues Construction a été la cible d’une cyberattaque de grande ampleur. Le virus a depuis paralysé la totalité du réseau informatique du groupe à travers le monde, les pirates exigeant le versement d’une rançon de plusieurs millions d’euros sous peine de diffuser sur la toile les données volées.
Devant l’ampleur et la violence inédite de l’attaque contre un fleuron industriel français, la presse française a bien sûr relayé assez largement l’information ; en témoignent les résultats de la recherche « Bouygues construction » sur Google Actualités :
Absentes remarquées au casting : TF1 et LCI, deux chaînes, il est vrai, propriété du groupe Bouygues.
Une semaine après l’annonce de l’attaque, toujours pas un mot au 20h de TF1. Les limiers de la chaîne du bétonneur avaient d’autres urgences à transmettre aux Français [1] :
Côté LCI, pas un mot non plus sur la paralysie informatique de Bouygues Construction. Un silence d’autant plus étonnant que le site web de LCI publie régulièrement des articles sur le thème du piratage informatique… et n’hésite pas à taper, avec gourmandise, sur la concurrence !
Dans un article visionnaire publié une semaine avant l’attaque, LCI expliquait benoîtement que « les tentatives d’extorsion via des logiciels de piratage se multiplient. Face à ce chantage, certaines entreprises cèdent néanmoins et versent une rançon... sans pour autant récupérer l’accès à leurs données. »
À défaut d’informer sur le racket numérique de Bouygues Construction, LCI pourra toujours conseiller son patron sur la façon de faire face aux pirates…
Si on peut aujourd’hui en rire, cette affaire sonne comme l’écho d’un fait rapporté par le documentaire « Les Nouveaux Chiens de garde » [2] : le 27 mai 2008 de graves anomalies sont détectées dans la construction de la centrale nucléaire de type EPR de Flamanville, construite par le groupe Bouygues. Depuis cette date et à notre connaissance, l’information n’a jamais passé le mur de la censure sur TF1, qui est toujours la chaîne la plus regardée du pays.
Et là, on ne rit plus.
Louise Mymda