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C dans l’air : France 5 marche sur la dette

par Jean-François N.,

Le 10 décembre dernier, l’émission « C dans l’air » proposait, en prime time sur France 5, un documentaire sur la dette publique. Une occasion, pour le service public, de refaire un peu de « pédagogie » économique avec, conformément à l’esprit de l’émission, un savant mélange d’expertises (à gages) et de reportages (souvent à sens unique). Et un cadrage bien particulier, puisqu’il s’agit essentiellement... de pointer du doigt les dépenses publiques. Bref, une émission qui témoigne, une fois de plus, de la misère de l’information économique.

Le documentaire s’ouvre sur une musique angoissante, accompagnant la projection d’images d’archives des façades du ministère de l’Économie et des Finances à Bercy. En fond sonore, autant de déclarations alarmantes :

Moi j’ai hérité d’un pays qui avait effectivement 40 de fièvre.
(François Hollande, 2016)

Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier.
(François Fillon, 2007)

Nous avons trop d’endettement, trop de déficits, trop de dépenses.
(Nicolas Sarkozy, 2012)

Je souhaite que notre dette diminue. Elle est tout à fait excessive.
(Jacques Chirac, 2001)

La France vit au-dessus de ses moyens.
(Raymond Barre, 1976).

Puis c’est la voix de Caroline Roux qui lance ce numéro de « C dans l’air » :

C’est l’histoire d’un refrain politique que la France entend depuis 45 ans, comme une fatalité qui résonne encore et encore dans les murs du ministère des Finances. Et si à force de peser toujours plus, cette dette publique était en train d’empoisonner le quotidien des Français ? Fermeture des services publics, ras-le-bol fiscal. Un an après la crise des gilets jaunes, la France a-t-elle encore les moyens de ses ambitions ?

Un lancement qui annonce la couleur : il ne sera pas question de passer sous le feu de la critique le constat exprimé dans les citations d’ouverture… mais d’y souscrire pleinement. L’animatrice poursuit :

Pour assurer ses fins de mois, l’État emprunte chaque année 200 milliards d’euros. Sur la planète finance, il n’a jamais été aussi facile de s’endetter. Un cercle vicieux qui, pour certains pays, peut devenir un fardeau. À qui profite vraiment cette dette ?

Une question faussement ouverte, tant les différents interviewés dans leur grande majorité tiendront le même discours, consistant à fustiger les dépenses publiques. De fait, au cours de ce long-format de « C dans l’air », l’arc de sensibilités des représentants politiques qui interviennent demeure très restreint, allant du Parti socialiste au parti Les Républicains… D’après notre calcul 78% du temps de parole est réservé à des invités issus de formations politiques de droite (cf. annexe 1).

Du côté des experts, le débat s’avère également particulièrement atrophié, du fait de la très grande proximité des points de vue représentés. Les points de vue critiques vis-à-vis de la rigueur budgétaire sont minoritaires. Et la grande absence demeure incontestablement la pensée économique hétérodoxe, puisqu’aucun de ses représentants n’intervient au cours de l’émission (cf. annexe 2).

Cette conception critique de la question de la dette est pourtant bel et bien présente dans le débat économique ou politique, que l’on pense à des membres des « Économistes atterrés » comme Christophe Ramaux [1], ou encore aux chercheurs ayant contribué à l’audit de la dette publique française publié par Attac [2].


« Où va l’argent ? » Haro sur les dépenses publiques !


Ce long numéro de « pédagogie » économique s’ouvre sur une intervention de Philippe Dessertine, grand habitué de l’émission qui interviendra tout au long du documentaire comme une forme de « fil rouge » [3]. « L’expert » reprend et étaye l’idée d’un « cercle vicieux » de l’endettement. Il pointe la responsabilité de politiciens qui se montreraient irresponsables sur la question de la dette. Dans la droite ligne de ce constat, Caroline Roux livre un bilan alarmant de la situation financière de la France :

À force de multiplier les déficits, l’État français a accumulé une énorme dette. En 40 ans, l’État a accumulé plus de 2 000 milliards d’euros de dette et rembourse chaque année près de 38 milliards d’euros d’intérêts. Pourquoi l’État n’arrive plus à faire autrement ?

Puis c’est au tour d’Édouard Balladur de commenter ce constat, suivi de Michel Sapin, puis de Gérald Darmanin, et enfin de Éric Woerth pour enfoncer le clou. Tous d’accord pour asséner l’impérieuse nécessité de réduire les dépenses publiques. Une première illustration éclatante du pluralisme en matière de pensée économique. Dans une seconde partie de l’émission, Caroline Roux s’interroge :

Où va l’argent ? Cette question va résonner dans toute la France, à travers un appel lancé sur Internet il y a un an par Jacline Mouraud, figure du mouvement des gilets jaunes.

S’ensuit un extrait de quelques secondes d’une vidéo dans laquelle l’ex-gilet jaune, qui sera par ailleurs la seule du mouvement à être présentée à l’écran, s’indigne brièvement de l’usage des dépenses publiques [4]. Belle manière que de passer à la trappe un mouvement social, en le réduisant à un seul « coup de gueule »… Car dès lors, le documentaire donne la parole aux « experts », et le mouvement social est mis entre parenthèses. Caroline Roux choisit immédiatement de rebondir avec Didier Migaud, Premier Président de la Cour des comptes. Interview dont on ne peut résister à l’envie de transcrire ici quelques extraits :

- Didier Migaud : Trop souvent, on s’intéresse insuffisamment aux résultats : il y a un problème, très souvent la réponse qui est apporté en France c’est : il faut une loi nouvelle et il faut des crédits supplémentaires…

- Caroline Roux : C’est ce qui s’est passé avec les gilets jaunes ! La réponse ça a été 17 milliards... C’est beaucoup !

[...]

- Didier Migaud : Nous sommes parmi les pays qui dépensons le plus par rapport à notre richesse produite. En revanche, nous sommes rarement sur le podium lorsqu’il s’agit d’évaluer les résultats de nos politiques publiques.

[…]

- Caroline Roux : Il y a toujours cette volonté en France de répondre à la colère sociale en disant : « Il faut plus, c’est une question de moyens ». On peut parler de la justice, de l’éducation nationale, on peut parler de…

- Didier Migaud : Tout n’est pas qu’une question de moyens. Il faut aussi s’interroger […] si les crédits qui sont déjà disponibles sont utilisés avec le maximum d’efficacité et d’efficience.

À noter que l’animatrice pose tout de même la question de l’opportunité de la fermeture de la maternité de Die, qui fait l’objet d’un reportage dans le documentaire. Mais à part ce point, Didier Migaud a toute latitude pour dérouler un discours conforme aux « grands témoins » précédents : il faut réduire la dépense publique [5].


Les petites lignes et les gilets jaunes dans le viseur


Caroline Roux poursuit en s’intéressant à certaines dépenses publiques qualifiées, selon ses propres mots, de surprenantes : « Illustration avec une autre passion française : le rail ». On bascule alors sur un nouveau reportage traitant du financement de la ligne de chemin de fer entre Épinal et Saint-Dié-des-Vosges. Reportage qui ne cessera de pointer les mauvais choix d’investissement de l’État, présentés comme des gaspillages en chaîne.

Retour en plateau. L’inoxydable Philippe Dessertine commente le premier, suivi de près par Sophie Fay [6], responsable du service économique de L’Obs, et autre grande habituée de l’émission :

- Philippe Dessertine : Sans arrêt et sans arrêt, la Cour des comptes n’arrête pas de souligner à quel point en matière de dépense publique, il n’y a finalement aucune stratégie, ni aucune rigueur. Nous sommes dans un mode de fonctionnement qui est la plupart du temps un mode de fonctionnement clientéliste.

- Sophie Fay : L’État en France est devenu quelque chose de tellement omniprésent et de tellement naturel, on est habitué à recevoir, que l’on ne sait plus très bien ce qu’on touche.

- Philippe Dessertine : Tout notre système est sous perfusion et chacun s’en félicite.

Le documentaire s’attache alors à mettre en regard l’investissement – jugé inutile – dans le réseau ferré entre les petites villes, et le financement d’un réacteur thermonucléaire situé à Cadarache. La parole est ensuite donnée à François Ecalle, haut fonctionnaire passé par la direction générale des finances publiques et la Cour des comptes, président du site d’information FIPECO et membre de l’Institut Montaigne, think tank néolibéral bien connu, qui revient sur le financement des petites lignes de chemin de fer : « C’est pour acheter de la paix sociale, et il n’y a pas de stratégie. » [7]

La parole est ensuite donnée à l’inénarrable Nicolas Bouzou, autre « expert » néolibéral omniprésent dans les médias :

On sait que l’État a beaucoup de mal à faire ça, il a beaucoup de mal à identifier les bons projets ; trouver des projets qui soient rentables à long terme, c’est beaucoup plus difficile que ça en a l’air. Il y a plein de jeux de pouvoir, il y a plein de frictions, il y a plein de complexités et donc l’État ne prend pas forcément les meilleures décisions.

Au cas où le spectateur n’aurait pas encore compris le message de l’émission, cette conception orthodoxe de l’intervention (et de l’inefficacité) de l’État est encore appuyée par le commentaire de Caroline Roux, qui poursuit :

Mais comment imaginer le futur quand l’urgence dicte le calendrier politique ? Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron voulait en finir avec les déficits publics et miser sur l’investissement. Mais une colère jaune va avoir raison de ses ambitions. Résultat : 18 milliards d’euros de mesures d’urgence donnés à la suite du mouvement des gilets jaunes. […] Deux mois plus tard à l’Assemblée nationale, les annonces du président pèsent lourd dans le projet de budget.

Après avoir présenté les investissements « inutiles » dans le réseau ferré secondaire, ce sont les gilets jaunes qui sont accusés d’avoir fait dérailler le budget prévu par Emmanuel Macron. Une vision, du reste, que la rédaction de « C dans l’air » partage avec la quasi-totalité des autres chefferies éditoriales du paysage médiatique [8]. Plus tard, c’est George Ugeux [9] qui enfonce le clou, l’occasion de faire exploser le baromètre du mépris de classe :

La France est en déni : 2 300 milliards d’euros [de dette publique], c’est beaucoup ! 100% du PIB, c’est beaucoup ! Mais surtout, il n’y a aucun signe donné en France de mesures qui auraient pour objectif d’essayer de diminuer l’endettement. […] Le plus bel exemple d’une gabegie totale, dans ce gouvernement-ci, c’est quand Emmanuel Macron donne 10 milliards en espérant que les Gilets Jaunes ne vont pas se retrouver dans la rue. Dix milliards c’est beaucoup d’argent. Cet argent est dépensé à des choses inutiles.

Sans commentaire… Dans une séquence qui suit, Caroline Roux, face à Jean-Claude Trichet, s’emploie à lui tirer les mots de la bouche, dans une tirade qui résume l’angle de l’émission :

On ne fait pas assez ! En réalité, c’est ça que vous laissez entendre. La France ne fait pas assez pour ne pas être vulnérable, pour baisser ses déficits, pour réduire la proportion de sa dette, c’est ça que vous pensez au fond.


La « ruine » qui vient


L’animatrice brandit enfin l’ultime menace, afin d’achever de convaincre le pauvre spectateur prostré sur son canapé : « À quoi ressemble un pays accablé par sa dette publique ? À un pays en ruine. » S’enchaînent alors des images de la Grèce, ravagée par les plans d’austérité. Puis c’est au tour des États-Unis d’être passés au crible : « 70 000 ponts menaceraient de s’écrouler. Les déraillements de trains sont fréquents ». On assiste à une succession d’images d’archives de ponts écroulés, d’ouvrages d’art qui se délitent, d’infrastructures publiques vieillissantes, à l’instar des canalisations d’eau en plomb de la ville de Newark, datant du XVIIIe siècle, qui empoisonnent progressivement les habitants.

La dernière interview du reportage est celle de l’économiste américain Joseph Stiglitz [10], lauréat du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 2001, qui apporte cependant enfin une nuance à l’émission, en critiquant les politiques de « cadeaux fiscaux » accordés aux ménages les plus aisés et aux plus grandes entreprises.

Mais chassez le « naturel », il revient au galop : le reportage se conclut aussitôt sur un retour à l’orthodoxie budgétaire, avec notamment Philippe Dessertine et Éric Woerth qui nous rappellent une dernière fois à l’ordre sur la nécessité de rembourser la dette publique :

- Philippe Dessertine : Je crois que les Français ont complètement omis qu’ils sont sous perfusion, en particulier depuis que l’euro est créé. […] Les autres [pays européens] ont été vertueux à notre place.

- Éric Woerth : Ce n’est jamais le bon moment, il y a toujours une élection qui arrive, il y a toujours une crise sociale qui arrive, il y a toujours un nuage, il va pleuvoir, ce n’est pas le bon moment… Ça se paiera… Un jour ou l’autre, ça se paiera…

Pour les téléspectateurs qui n’auraient pas encore compris…


***


S’il fallait une illustration de la misère du débat économique dans les grands médias (et sur le service public), ce serait bien cette émission de « C dans l’air ». Celle-ci témoigne du resserrement du champ du débat médiatique sur l’économie. On assiste ainsi dans l’émission, comme c’est le cas dans de nombreux médias dominants, à un accaparement de la parole par des représentants politiques ou d’institutions représentant un arc très restreint, et dont l’écrasante majorité est en accord avec le dogme de la rigueur budgétaire. Et à une mise en scène du débat économique entre des « experts » médiatiques qui, majoritairement, n’en pensent pas moins, en l’absence de tout représentant d’une conception critique (ou hétérodoxe) de la dette publique (cf. annexes). Bref, une parodie de débat qui cache en réalité une atrophie du pluralisme. Et un problème démocratique, dans la mesure où les grands médias, en présentant la réduction des dépenses publiques comme seule et unique option, contribuent à faire disparaître du débat toute politique alternative.


Jean-François N.


Annexe 1 : les représentants politiques


Sur 1h31 de documentaire, un peu plus de 10 minutes et 37 secondes ont été accordées à des représentants politiques. L’arc des sensibilités politiques représenté demeure très restreint, allant du Parti socialiste au parti Les Républicains : Gérald Darmanin (LR puis LREM), Édouard Balladur (ex-LR), Eric Woerth (LR) ; Nathalie Goulet (UDI-UC) ; Michel Sapin (PS) et Didier Migaud (ex-PS).

La répartition du temps de parole penche très nettement en faveur de Gérald Darmanin, qui occupe à lui seul 49% du temps de parole réservé aux invités politiques. Les invités de droite et centre-droit (actuels ou anciens membres du parti Les Républicains et UDI) bénéficient de 78% du temps de parole ; contre 22% pour les membres ou anciens membres du Parti socialiste. Les autres formations politiques ne sont tout simplement pas représentées.

Répartition du temps de parole réservé aux invités « politiques » :


Annexe 2 : quand les « experts » cadrent le débat


Du côté des experts, le temps de parole cumulé est de 23 minutes. Le débat s’avère particulièrement atrophié du fait de la très grande proximité des points de vue représentés : Philippe Dessertine, Nicolas Bouzou, François Ecalle représentent le camp des orthodoxes « durs », pour lesquels la réduction de la dette publique est impérative. Le niveau des prélèvements fiscaux étant considéré comme trop important et handicapant pour la compétitivité de l’économie française, le désendettement public doit se faire au prix d’une grande rigueur budgétaire et d’une attrition des budgets alloués par l’État. Leurs interventions ponctuent l’ensemble du documentaire. Avec Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne et fidèle à sa position « dure » sur la question de la rigueur budgétaire, ils occupent à eux seuls la moitié du temps de parole. Loin d’apporter la contradiction, Sophie Fay et George Ugeux affichent une très grande défiance vis-à-vis des dépenses publiques réalisées en réaction aux protestations sociales, notamment le mouvement des gilets jaunes.

Olivier Blanchard, Mathieu Plane, et Joseph Stiglitz, proches ou issus de la « Nouvelle économie keynésienne », sont les seuls invités qui remettent en cause les politiques d’austérité, en mettant en avant le rôle de la dette dans le financement d’infrastructures publiques ou de la protection sociale. Ils représentent 38% du temps de parole. Ainsi Joseph Stiglitz met-il en avant la trop faible contribution fiscale des foyers les plus riches, ainsi que des grandes entreprises… Mais ce constat n’apparaît qu’en fin d’émission et ne fera l’objet d’aucun développement documenté. Et la grande absence demeure incontestablement la pensée économique hétérodoxe : aucun de ses représentants n’est intervenu au cours de l’émission !

Répartition du temps de parole réservé aux « experts » :

 
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Notes

[1Ramaux C., L’État social. Pour sortir du chaos néolibéral, Fayard, Mille et une nuits, mars 2012, 472 p.

[2« Que faire de la dette ? Un audit de la dette publique de la France », Attac, 2014.

[3Philippe Dessertine est professeur de gestion à l’université Paris I Panthéon Sorbonne, il est aussi directeur de l’Institut de haute finance du groupe IFG et membre du Haut Conseil des finances publiques. Déjà en 2012, nous relevions son omniprésence dans les médias.

[4Un choix pour le moins audacieux de la part de « C dans l’air » qui, sans rien indiquer des orientations politiques de Jacline Mouraud ni des controverses qu’elle a suscitées au sein du mouvement des gilets jaunes, en fait la porte-parole d’un mouvement tout entier ! Même si ses premières interventions ont incontestablement joué un rôle important, Jacline Mouraud a quitté le mouvement social quatre mois après sa naissance, estimant que « beaucoup de fainéants se plaignent » (L’Express, 18 mars 2019). Elle a notamment participé aux universités d’été du Medef, organisées à l’hippodrome de Paris-Longchamp les 28 et 29 août 2019 (France 3 Bretagne, 29 août 2019). Elle ne cache pas sa sympathie à l’égard de Nicolas Sarkozy (Le JDD, 23 décembre 2018).

[5Notons également l’absence de toute mise en perspective de la comparaison opérée par le Président de la Cour des comptes. Les comparaisons internationales avec d’autres pays de l’Union européenne ou de l’OCDE sont très présentes dans les médias ou dans les discours de responsables politiques qui omettent systématiquement de préciser qu’il n’y a aucune harmonisation des normes comptables. Des services similaires peuvent ainsi être classés dans des secteurs institutionnels différents, ce qui modifie les éléments pris en compte ou non dans la « dépense publique ». Comme toujours en économie, les chiffres doivent faire l’objet d’une grande prudence... qui ne semble pas observée ici.

[6Passée par Sciences Po Paris de 1985 à 1988, Sophie Fay a ensuite étudié une année à la très orthodoxe London School of Economics (LSE) dans laquelle enseigna l’économiste autrichien Friedrich Hayek à partir de 1931. La LSE s’érigea en principale opposante à l’Université de Cambridge où enseignait John Maynard Keynes. Sophie Fay a ensuite été journaliste au journal Le Monde de 1996 à 2005, avant de rejoindre Le Nouvel Obs en 2008. Elle est aussi passée par les rédactions du Figaro, du journal Les Échos et de « Option Finance ». Elle a également participé aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, organisées par le Cercle des économistes. Voir nos articles à ce sujet dans la rubrique « Journalisme économique ».

[7Ce grand expert, très prisé des grands médias, mais dont la parole n’est jamais « située » pour ce qu’elle est dans le champ politique, apparaît régulièrement dans nos articles. C’était le cas au moment de la réforme de la SNCF, mais également tout récemment, dans le cadre de la réforme des retraites, sur Canal + en compagnie d’Yves Calvi, comme sur France 2.

[9George Ugeux fut vice-président du New York Stock Exchange, enseigne à l’école de droit de l’Université de Columbia et a fondé une société de conseil, Galileo Global Advisors, un fonds d’investissement basé à New York et spécialisé dans les « marchés émergents ».

[10Joseph Stiglitz est un économiste fondateur de la « Nouvelle économie keynésienne », dans laquelle on retrouve notamment Olivier Blanchard, autre intervenant dans l’émission. Contrairement à ce que son nom peut laisser entendre, cette école de pensée reprend en fait l’essentiel de l’analyse microéconomique néoclassique en conservant l’individualisme méthodologique et l’hypothèse de rationalité des agents. Elle se montre très critique vis-à-vis des prescriptions keynésiennes traditionnelles, sur le plan de la politique budgétaire comme de la politique monétaire – relance budgétaire par le déficit public et taux d’intérêt bas. Percevant le marché comme le système d’allocation optimal des ressources, la « Nouvelle économie keynésienne » se distingue de l’école néoclassique en relâchant l’hypothèse d’information parfaite. Les marchés n’atteignent pas nécessairement pour cette raison l’optimum économique et justifie, sur ce point, l’intervention de l’État.

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