« Rares » sont les ouvrages qui s’attardent sur la " qualité " de la presse française, notamment quand elle se prévaut de ses enquêtes.
C’est un tel travail d’investigation qu’effectue Jean-Pierre Tailleur [1], en prenant pour objet la presse elle-même : des enquêtes faussées des " grandes institutions " aux reportages minimalistes ou bâclés des quotidiens régionaux.
Cet inventaire empirique, conforté par une comparaison internationale avec la presse espagnole et la presse anglo-saxone, permet à l’auteur de diagnostiquer avec précision certaines des " maladies dédaignées du journalisme français ".
Ce dédain explique à ses yeux l’insuffisance des thérapies proposées - qu’il s’agisse, par exemple, du " métajournalisme " pratiqué par les " médiateurs ", des émissions sur les médias ou du rôle des instances corporatives.
Mais le sombre constat des " bévues" vaut-il vraiment comme une critique qui substituerait à d’autres ? Le " maljournalisme " à la française n’est peut-être que la version française des effets de la marchandisation de l’information et du prêt-à-penser qui lui correspond.
Henri Maler