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Vidéosurveillance et flicage des journalistes de France 3

Nous publions ci-dessous deux communiqué distincts – du SNJ et du SNJ-CGT – sur « l’affaire de la cassette » des propos hors antenne de Nicolas Sarkozy et, particulièrement, sur le comportement inacceptable des directions de France 3 et de France Télévisions (Acrimed)

La vidéosurveillance de France 3 au service de la police (SNJ)

Qui, le 30 juin dernier, a « transmis » à Rue89 la courte séquence où N. Sarkozy pestait sur le plateau du 19/20 de France 3 avant l’interview prévue dans ce cadre ?

Voilà bien la question centrale qui intéressait les enquêteurs ce 1er avril.

Quatre journalistes (Karine Azzopardi et Joseph Tual de France 3, Augustin Scalberg et Pierre Haski de Rue89) ont été entendus pendant plusieurs heures ce mercredi par la police.

Les journalistes ont, bien évidemment répondu qu’ils… n’avaient pas à répondre puisqu’ils protégeaient toujours leurs sources.

Ce sont certaines cassettes des caméras de vidéosurveillance de France Télévisions où les journalistes étaient visibles que les policiers voulaient « faire parler ». On y voit, semble-t-il, les journalistes évoluer dans leur milieu de travail et dans le cadre de leur profession.

Ces cassettes ont été livrées à la police. Ce procédé est plus que douteux juridiquement. Moralement, il est inacceptable.

Quelle confiance des salariés peuvent-ils avoir désormais dans leur direction et leur hiérarchie qui les « flique » et les « dénonce » au premier battement de cil d’un pouvoir exigeant ?

Les deux journalistes de France 3 n’ont pas admis ce qu’on leur reproche.
Les deux journalistes de Rue89 ont, quant à eux, déclaré qu’ils avaient simplement fait leur métier en mettant sur leur site ce qu’ils considéraient être une information.

Le SNJ étudie, avec ses avocats, tous les aspects de cette procédure et singulièrement l’atteinte grave à la protection des sources que la livraison des cassettes de vidéo surveillance implique.

Le SNJ (Syndicat National des Journalistes), premier syndicat de la profession, en appelle à la poursuite de la mobilisation des consœurs et confrères, l’histoire est loin d’être terminée puisqu’il revient au Parquet de décider de sa suite.

SNJ, Paris, ce 1er avril 2009

***

Journalistes poursuivis – affaire propos hors antenne de Sarkozy
 Flicage des journalistes : ça suffit (SNJ-CGT)

Aucune preuve, aucune charge, ressortis libres après leur audition !

La liberté de la presse a marqué ce matin un point contre tous ceux qui essayent de la museler.

Ainsi que nous l’affirmions, rien ne permet aujourd’hui d’incriminer les deux journalistes de France 3 dans l’affaire de la cassette sur les propos hors antenne de Sarkozy diffusés par Rue89.

Alors beaucoup de bruit pour rien ? Peut-être.

Mais au-delà de l’événementiel, c’est bien à une tentative de main mise sur la liberté de l’information à laquelle s’est livrée la justice avec la complicité de la Direction de France télévisions.

C’est bien sous la pression du pouvoir UMP, comme le révèle ce matin Le canard enchaîné, que la Direction de France télévisions a porté plainte pour vol, recel et contrefaçon. Lâcheté indigne que de s’attaquer à un autre organe de presse et à ses journalistes.

Dans les heures qui viennent notre vigilance va s’exercer sur les suites que pourraient donner tout à la fois la justice et la Direction de FTV sur cette affaire.

Nous n’accepterons ni que les journalistes de France 3, ni que ceux de Rue89 puissent-être inquiétés pour avoir exercé leur métier d’information.

Nous appellerons si nécessaire à la mobilisation dans toutes les formes appropriées, comme nous l’avons fait ces dernières vingt-quatre heures à France télévisions et devant le poste de police.

Mais au-delà, c’est bien à partir des vidéos de surveillance interne, réparties dans tous les couloirs de France télévisions, que la police a convoqué ces journalistes.

C’est inacceptable !

Ainsi, tous les jours, les informateurs des journalistes sont filmés au détriment de la protection des sources, les journalistes sont épiés pas à pas dans leurs allées et venues comme de vulgaires délinquants, les salariés venant dans les locaux syndicaux sont fliqués….

Cela ne doit plus durer.

Dès aujourd’hui nous exigeons du Pdg de France télévisions qu’il désactive ces caméras de surveillance, indignes du service public audiovisuel, et qui portent atteinte aux droits de la personne.

Les élus CGT au Comité d’établissement de France 3 siège vont demander un CE extraordinaire sur cette question, avant d’engager des poursuites judiciaires.

Mais au-delà, cette affaire ne serait-elle pas orchestrée par le pouvoir pour intimider individuellement les journalistes, faire taire l’impertinente rédaction nationale de France 3 et prendre sa revanche sur des journalistes syndiqués au SNJ-CGT qui ont mené la lutte contre la réforme de l’audiovisuel public ?

Nous appelons plus que jamais les rédactions à continuer à faire preuve d’impertinence dans leurs reportages.

La liberté de la presse ne se marchande pas.

SNJ-CGT, Paris le 1er avril 2009

 
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