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Un magnat du pétrole porte plainte contre le quotidien suisse Le Courrier

Le quotidien indépendant Le Courrier, basé à Genève, est l’objet d’une double plainte – civile et pénale – déposée par le magnat du pétrole Jean Claude Gandur et sa holding AOG. Il est reproché au Courrier d’avoir rappelé, dans un portrait paru en mai dernier, le contexte dans lequel l’homme d’affaires suisse a bâti sa fortune. Nous relayons, en signe de soutien, le communiqué de presse du Courrier dénonçant ces plaintes (Acrimed).

Jean Claude Gandur attaque « Le Courrier »

Dans son édition du jour, « Le Courrier » informe ses lecteurs qu’une double plainte – civile et pénale – a été déposée par l’homme d’affaires et collectionneur vaudois domicilié à Malte Jean Claude Gandur, la Fondation Gandur pour l’art et The Addax and Oryx Group (AOG). Le partenaire de la Ville de Genève pour le Musée d’art et d’histoire accuse notre journal « d’atteinte à la personnalité » et son journaliste Benito Perez de « calomnie » et de « diffamation » suite à la parution d’un portrait dans notre édition du 16 mai dernier. Le classement de la plainte pénale contre M. Perez par le Ministère public, le 24 novembre dernier, fait l’objet d’un recours des plaignants.

« Le Courrier » maintient le contenu de l’article incriminé et regrette que M. Gandur ait choisi la voie judiciaire, plutôt que de défendre son point de vue dans nos colonnes. Il considère en outre avoir respecté en tout temps la déontologie professionnelle.

Dans cette affaire, « Le Courrier » n’a fait que son travail, soit de présenter le parcours d’un homme d’affaires devenu le mécène et partenaire artistique d’un très important projet muséal genevois, sur lequel les citoyens genevois s’exprimeront le 28 février prochain. Brosser le portrait professionnel de M. Gandur était d’autant plus indispensable qu’il est actif dans un domaine sensible, celui du pétrole, qui lui vaut d’être aujourd’hui très fortuné. Aurait-il fallu taire les affaires ayant concerné d’anciens partenaires et employés de AOG pour s’assurer une tranquillité juridique ? « Le Courrier » a préféré les éclairer, au-delà des rumeurs, avec des sources fiables et réputées. Au demeurant, à aucun moment « Le Courrier » n’affirme que M. Gandur ou ses sociétés ont commis un acte illicite. Si le ton de l’article est critique, l’enquête n’est pas à charge.

« Le Courrier » rejette toute accusation d’hostilité de principe contre M.Gandur et sa société, mais s’estime dans son droit de porter un regard aigu sur le secteur du négoce et de l’exploitation des matières premières. À l’heure où la Suisse mise gros sur ce domaine, il serait regrettable qu’on muselle la presse. La notion « d’atteinte à la personnalité », telle que retenue par le code civil, ne doit pas devenir le prétexte à empêcher la publication d’informations d’intérêt public. Il en va de la liberté de la presse et du droit qu’a le public d’être informé.



Contacts : Benito Perez, journaliste : 022 809 55 43 et 076 488 85 75
et Christiane Pasteur, co-rédactrice en chef : 022 809 55 56 et 078 774 79 56.

D’autres informations ici : « Jean Claude Gandur dépose deux plaintes contre "Le Courrier" ».

 
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