" Le directeur du Monde s’est acquis une réputation journalistique de dimension internationale grâce à un éditorial publié au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington. Personne n’a oublié ce sublime "Nous sommes tous américains" ", rappelle Bernard Poulet dans le Pouvoir du Monde (La Découverte, 2003).
Le Monde " boucle " en fin de matinée. Ce n’est pas l’édition datée du 12 septembre, mais celle datée du 13 qui " couvre " les attentats terroristes aux Etats-Unis, et publie le fameux éditorial [1].
Jean-Marie Colombani n’a donc pas écrit son célèbre édito " dans l’urgence ", comme on peut le lire ici ou là. Il a pu le peaufiner jusque dans la matinée du 12 septembre.
Or, Bernard Kouchner a confié à Bernard Poulet que " le soir même des attentats " (soit le 11 septembre), il a rédigé " à la demande du Monde " un article dont les premiers mots sont : " Nous sommes tous, aujourd’hui, désormais, des Américains. "
Mais la contribution de Kouchner ne paraîtra pas le lendemain, dans l’édition datée du 13 - où est publié l’édito de Colombani -, mais dans celle du 14 septembre [2]. Ce qui signifie que le directeur du Monde a pu prendre connaissance du texte de Kouchner (" Nous sommes tous, aujourd’hui, désormais, des Américains ") avant de " boucler " le sien.
Kouchner confie à Poulet : " J’ai été un peu surpris qu’il (son propre article) ne paraisse que le lendemain. Mais ça ne me dérange pas, on peut très bien avoir la même idée en même temps. "
Et Bernard Poulet de conclure : " Kouchner a du caractère, c’est bien connu, on découvre ici qu’il sait aussi être beau joueur. "