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En bref

Sonia Devillers critique la déconnexion des « élites » des médias… aux États-Unis

par Jean Pérès,

Ailleurs, mais pas chez nous…

Tous les matins sur France Inter, Sonia Devillers éditorialise sur le thème des médias à 8h52 pendant 2 minutes. Le 17 juin, sa chronique évoquait une question relevant d’un des aspects de la critique des médias : la distance sociale qui sépare les « élites » journalistiques du reste des rédactions. Cette critique, Sonia Devillers ne la fait pas elle-même directement, mais en exposant le contenu d’un article de Ben Smith, journaliste média au New York Times, intitulé « Les rédactions sont en pleine révolte. Les patrons, eux, sont dans leur maison de campagne » [1].

Il est vrai que Ben Smith semble avoir la plume bien pendue. Il se réfère à la période de confinement où les « élites », patrons et stars des médias, officiaient du fond de leurs résidences secondaires situées dans les lieux les plus selects du pays. Il retrace de façon « hilarante » selon Sonia Devillers, des discussions vidéo sur fond de piscine de luxe, et souligne la fracture entre les rédactions en proie aux débats issus de l’affaire George Floyd (pluralisme…), et les dirigeants en villégiature, loin de tout. Et cela sans hésiter « à bousculer son propre journal ». Sonia Devillers conclut par cette assertion acerbe à l’égard des dominants, qui résonne comme un véritable appel à la révolte : « Un soulèvement qui vient de la base des médias, dans une Amérique post-confinement en plein bouillonnement. Les stars et les patrons : ils sont où ? Au vert. Au calme. ».

Léa Salamé a introduit l’éditorial de Sonia Devillers comme suit :

Alors Sonia, il y a un article du New York Times hier qui vous a enchantée, qui a fait jubiler Nicolas Demorand, qui nous l’a envoyé expressément toute affaire cessante, tant il interroge sur la déconnexion des élites médiatiques.

Que d’enthousiasme ! On attend donc avec une certaine impatience un éditorial de la même teneur ciblant les « boss et les grands visages » des médias français dans lesquels, que l’on sache, la distance sociale entre les dirigeants et la plèbe journalistique n’a rien de négligeable. Ciblant également les rédactions qui, dès mars, se sont arraché les « journaux de confinement » et les témoignages d’illustres personnalités confinées au vert. Des médias par ailleurs eux aussi « en plein bouillonnement » (plans sociaux, licenciements, etc.) après la période de confinement… et même avant : « au calme » ou non, rappelons que les « stars » de Radio France ne se sont pas pressées au portillon pour donner à entendre la grève ayant secoué, fin 2019, leur propre maison [2]. Et de même que Ben Smith n’a pas « hésité à bousculer son propre journal », on ne doute pas que les stars de la matinale n’hésiteront pas à « bousculer » France Inter.

Courage, Sonia Devillers !


Jean Pérès

 
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Notes

[1« Newsrooms Are in Revolt. The Bosses Are in Their Country Houses », 14/06 (article réservé aux abonnés).

[2Les podcasts de qualité « Radio dedans dehors », produits par les travailleurs de la Maison ronde, ayant dû se rabattre sur des plateformes externes pour être diffusés (faute de place à l’antenne sans doute !)

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