Dimanche 22 février, 19h, journal de France Inter : « Ça y est vous avez déposé toute la famille à la neige et vous rentrez pour travailler demain. Et bien si vous regagnez la région parisienne, vous n’êtes pas tout seul ». Cette information semble destinée à nous alerter sur l’état de saturation du réseau routier parisien (« vous n’êtes pas tout seul »). Pourtant, à part un pauvre accident, c’est plutôt le calme plat sur les routes, si l’on en croit le bulletin de Michel Berga, à 19h02 : « Que ce soit en Rhône-Alpes ou en Midi-Pyrénées, le trafic reste relativement fluide. Même chose aux abords de la capitale où les retours de week-end sont quasi-inexistants ».
Que s’est-il passé pour que les infos de la journaliste se trouvent en parfaite opposition avec le bulletin routier de son propre journal ? Sans doute est-ce difficile pour cette présentatrice d’admettre que tout le monde ne part pas « à la neige » en février.
Charlotte à la gare
Après ces débuts approximatifs, le journal se poursuit sur le même ton. Il s’agit maintenant d’évoquer les perturbations météo qui entraînent des retards sur les routes et dans les gares proches des stations de ski. On n’échappe malheureusement pas aux expressions mythiques de circonstance : « le chassé-croisé des touristes était très difficile ».
Pour nous parler de ce phénomène de « chassé-croisé », la rédaction de France Inter choisit d’interviewer une personne bien informée qui pourra nous renseigner sur la réalité de la situation. Pas un gendarme chargé de la surveillance des routes, pas un employé de la SNCF au courant des retards des trains. Non, non, la personne interrogée se nomme Charlotte. On ne sait pas qui elle est, mais on apprend au cours de son « témoignage » qu’elle a dû patienter de longues heures à la gare de Moutiers « tout simplement parce que les amis [qu’elle] attendai[t] étaient bloqués en station de Val Thorens ». Dur, dur.
Voilà, il est 19h04. Après ces informations sans intérêt qui nous laissent entendre que les Français sont nombreux à aller skier pendant les vacances, le journal peut désormais passer à autre chose.
Personne ne nous aura rappelé ce sondage BVA qui révélait qu’en novembre 2003 seuls 16% des français avaient l’intention de partir en vacances « à la neige » plus de 4 jours dans l’année [1].
Yann Voldoire