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Quand « Arrêt sur images » enquête auprès de Nicolas Demorand

par Henri Maler,

À la suite de la parution de notre article, « Les fidélités de Nicolas Demorand », le site « Arrêt sur images » a publié, dès le lendemain (2 septembre), un « vite-dit », sobrement intitulé « Acrimed et "Les fidélités de Nicolas Demorand" ». Une contre-enquête ? Pas exactement…

En réalité, « Arrêt sur images » a accordé à Nicolas Demorand le droit de réponse… que celui-ci s’était bien gardé de nous demander.

« Selon Demorand, que nous avons contacté », déclare @si, notre article ne serait qu’un « tissu de mensonges ». Pas des erreurs, mais des assertions sciemment falsifiées. L’accusation est grave : @si l’attribue certes à son auteur, mais sans se prononcer.

Mais erreurs ou mensonges, il faut avouer que le « tissu » serait passablement troué, si la longue liste que l’animateur d’Europe 1 a sans doute fournie se limite aux deux faits mentionnés par l’enquêteur d’ « Arrêt sur images ».

« Un seul exemple », écrit @si qui en tient sans doute en réserve beaucoup d’autres, et omet donc l’essentiel de nos arguments. Quel exemple ? Nous avions noté que Colombe Schneck dans la défunte émission « J’ai mes sources » diffusée lors la matinale d’Inter présentée par Demorand avait très souvent invité des auteurs de la collection "Médiathèque" codirigée par Demorand depuis 2008.

« Coïncidence ? », demandions-nous, et non « faut-il y voir la main de Demorand ? » ainsi qu’@si traduit notre interrogation qui portait, en l’occurrence sur ce que nous appelons non une collusion volontaire, (du moins quand elle n’est pas établie…), mais un « effet de microcosme »..

La réponse de Demorand en version @si est la suivante : « Contacté par @si, le journaliste réfute en bloc : “ Colombe Schneck faisait ce qu’elle voulait, elle était autonome. C’est elle qui composait ses plateaux, je ne faisais que la relancer. Je n’étais pas rédacteur en chef de J’ai mes sources”. »

Evidemment… Mais qu’est-ce que cela change ? Faut-il qu’il y ait concertation pour qu’il y ait concordance ? [1]

« Autre angle d’attaque d’Acrimed […] », poursuit @si. Cette fois, c’est le lien que nous avions constaté entre la rédaction d’un portrait de Nicolas Demorand par un certain Jonathan Bouchet-Petersen présent dans l’équipe des attachés de production du 6.30/10 de France Inter présenté par Nicolas Demorand. Simple constat que nous nous étions bien gardés d’interpréter comme « l’autopromotion du journaliste par ses propres collaborateurs », contrairement à ce qu’affirme @si.

« Là encore, Demorand réfute, l’embauche de Bouchet-Petersen étant postérieure à l’article », écrit @si qui cite Nicolas Demorand : « Quand il a rédigé le portrait dans le JDD, on ne travaillait pas ensemble, je ne l’avais jamais rencontré. Par la suite, il s’est retrouvé au chômage et je l’ai embauché. C’est aujourd’hui l’un de mes plus proches collaborateurs. Il est titulaire d’une carte de presse et il m’a accompagné pour le 18-20 d’Europe 1. » Désormais nous sommes mieux informés des modalités et des effets de cette rencontre entre un journaliste et son modèle. À la suite d’un portrait flatteur, une embauche bienvenue pour son bénéficiaire et une solide collaboration. Dont acte ! Nicolas Demorand sait être amical, mais ne l’est pas toujours ? Nous n’en doutions pas.

Bilan ? Deux vraies-fausses « mises au point » qui complètent nos affirmations sans les réfuter et laissent intacts tous nos constats et l’essentiel de notre article. Qu’en conclut @si (qui, curieusement, a omis de nous contacter pour parachever son « enquête ») ? Rien, du moins explicitement. Mais l’auteur de ce « vite-dit », pour présenter cet étrange droit de réponse, réécrit, très partiellement, notre article dans ses propres mots, le transpose à sa convenance sans l’avoir compris, comme s’il fallait sauver le soldat Demorand d’un procès totalement gratuit.

Il y a nettement pire, sur le plan professionnel, que Demorand ? Evidemment ! Et si de très nombreux auditeurs l’apprécient, il doit bien y avoir quelques raisons. Et alors ? Nous nous proposions simplement de répondre, par un exemple, à cette question : « Quelles sont, étroitement liées aux qualités professionnelles, les qualités sociales qui sont requises pour devenir un animateur connu et reconnu de la radio et de la télévision ? »

Ce genre de question n’intéresse pas un site de « décryptage des médias » ? Ce serait troublant.


Henri Maler

 
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Notes

[1D’autres coïncidences ? « Un seul exemple »(comme dit @si ) que nous n’avions pas mentionné : Nicolas Demorand a lui-même réalisé (le 8 octobre 2008 et le 2 juillet2010), lors de la matinale de France Inter deux interviews d’Olivier Duhamel son partenaire en édition (devenu désormais son partenaire sur Europe 1).

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