L’avant sommet
Chacun a droit à son tract : 3 articles (datés respectivement du 26 et 31 octobre, et du 6 novembre) annoncent la participation au Forum d’organisations " antiracistes " telles qu’Ave Basta, A Manca Nazionale et Corsica Nazione. C’est par ailleurs une manière de rappeler que " la Corse a toute sa place dans ce combat contre l’uniformisation du paysage humain qui tend à broyer les peuples, leur culture,… ". Bien. Dommage que ce lyrisme qui précise l’essence du Forum ne soit disponible que dans l’édition … corse. On est jamais mieux servi que par soi-même.
A contrario, Nice-Matin ne manque pas d’informer - dans toutes ses éditions - que " les italiens rétablissent les contrôles à la frontière " : le 23 octobre en brève et, deuxième couche, le 4 novembre sous forme d’article. Où l’on apprend que ce dispositif est instauré dans le but de " décourager les manifestants […] automobilistes désireux d’entrer en Italie, voyageurs suspects", et qu’ il a surtout l’inconvénient de " partager les usagés " (prétexte à une moitié de l’article).
Une question pointe : les carabiniers vont-ils contrôler Corsica Nazione ?
Le sommet
7 novembre. A la lecture de " Florence au rythme des antimondialistes ", papier couvrant l’ouverture du Forum, voici ce qu’il ressort : que les 20 000 personnes attendues sont " contestataires " (deux citations), que Florence est plongée le " souvenir des violences de Gênes " (deux citations), que c’est une " ville d’art " qui pendant le Forum n’en reste pas moins " culturelle ", lequel Forum est sous " haute-surveillance " policière (3 citations), que les " McDo sont camouflés ", qu’un dispositif policier de 6000 agents " quadrille " la ville.
Heureusement, tout n’est pas noir dans ce monde psychotique : " certains commerçants ont choisi le camp des antimondialisation ". Il faut attendre l’avant-dernier paragraphe pour découvrir ce que " se veut " (sic) le Forum. Ultimes bonnes nouvelles, de " nombreux spectacles sont annoncés ", et l’article signale en chute : que " les manifestants ont finalement pu franchir la frontière franco-italienne ". Mais toujours pas de nouvelles de Corsica Nazione.
Or, il semble que Florence, n’ait pas le monopole de la psychose sécuritaire… Nice-Matin, le même jour (7 novembre) ne manque pas de consacrer un article au moins aussi long plus une brève, pour rassurer ses lecteurs plongés dans l’angoisse : " Menton : Vaste mobilisation policière en ville pour le forum social de Florence". Nous voilà sauvés…
Retour en Italie le 8 novembre. Après avoir expédié les affaires courantes (" le mouvement antimondialiste planche sur une nouvelle stratégie " - heureux de l’apprendre), Georges Bertolino, pour les lecteurs qui n’auraient pas compris que Florence était sous " haute surveillance ", entre dans les détails. " L’ombre de Gênes plane sur Florence " est un papier d’atmosphère chargée qui pointe les " 250 objectifs à risques ", consignes, plongeurs, tout en dressant le portrait du chef de la brigade policière anti-black bloc… On n’est pas là pour rigoler même s’il ne se passe rien.
Dans l’article, un petit paragraphe résiste pour nous apprendre vaguement que " dans la Fortezza da Basso […] on remarque beaucoup de jeunes témoignant de leur intérêt pour ce qui se veut un laboratoire d’idée et d’action ".
Pour les lecteurs qui sont plus People : un encadré sur Bové et les politiques présents mais sans raillerie.
Tiens tiens … Le samedi 9 novembre, une brève s’attarde sur les délégations étrangères et notamment françaises ("trois mille Français dont Danielle Mitterand ") en citant, comme à la parade, Attac, Alain Krivine, la Ligue des droits de l’Homme et tutti quanti.
Sur la même page, l’article est tout aussi encourageant. Comme il a épuisé l’arsenal des adjectifs et épithètes sécuritaires, Georges Bertolino, équilibre plus son papier en s’intéressant aux débats dans " Social Forum de Forence : pour une autre Europe ". Pourtant, la nature reprend vite ses droits : en vue de la manifestation pacifique du lendemain, " la peur ", " les menaces ", " la nébuleuse No Global " contamine les bonnes intentions (peut-être tardives) de Nice-Matin pour qui d’ailleurs le Forum s’arrête à cette date.
Sans incidents à déclarer, la bonne grosse peur s’est dégonflée comme une baudruche.