« L’association Non à la drogue, oui à la vie a mené une action de sensibilisation aux dangers de la drogue et ses substituts à la sortie du métro Château-Rouge », écrit Claire Cousin, dans l’édition du jeudi 15 avril 2004. En effet, l’opération a été menée dans toute la capitale, mercredi 14 avril. Le problème, c’est qu’elle a « oublié » de lire le tract où l’on pouvait lire en petites lettres que l’association est parrainée par l’église de Scientologie.
« Les produits de substitutions sont désormais dealés dans la rue », affirme notre journaliste en sous titre. Témoignages à la clé, elle « démontre » en réalité, ce que l’association combat, c’est-à-dire la substitution, jugée inefficace (ça ne marche pas) et dangereuse (ça favorise le trafic). « Je viens de croiser un mec avec vingt boîtes de Subutex et 1700 euros sur lui alors qu’il s’est fait coffrer il y deux semaines », explique Alexandra Michel, porte-parole, de l’association, avant d’oser ajouter qu’ « il est deux fois plus dur de décrocher du Subutex que de l’héroïne. » En outre, pour Saïd, commerçant à Château Rouge, « les pharmaciens et les médecins qui distribuent ordonnances et cachets sans véritable restriction sont aussi responsables : il faut leur donner juste leur dose, pas plus. »
Pour éviter de tomber dans le panneau de la propagande, Claire Cousin aurait pu lire sur le site Internet de « Non à la drogue » cette « Présentation » :
« L’association “Non à la drogue, Oui à la vie” parrainée par l’église de Scientologie, a été créée en 1991 par l’acteur Xavier Deluc qui fit énormément pour informer les jeunes et leur éviter de tomber dans le piège de la drogue. Il monta et interpréta au théâtre Caumartin une pièce sur ce thème, "La pluie du soleil". Le but de notre association est d’informer et de prévenir des réels dangers de la drogue et de soutenir tout programme de désintoxication et de réhabilitation qui n’utilise pas de drogue de substitution comme le programme Narconon (créé d’après les travaux de Ron Hubbard).[...] Nous sommes aujourd’hui une des rares associations à dénoncer clairement les dangers de la drogue et à refuser la politique officielle de réduction des risques qui se contente d’apprendre aux jeunes à “se droguer proprement”. »
Le programme Narconon s’apparente en fait plus à un programme miracle qu’a un véritable traitement. Car à bien chercher sur le site attitré, www.vivresansdrogue.com, on nous explique que le programme réussi a 70 % et que tous les autres traitements sont inefficaces [1].
En revanche, on ne trouve aucune trace des « solutions » : « Narconon est une démarche complètement naturelle, sans drogue de substitution, ni médicament, ni psy. (...).Tous les facteurs physiques, mentaux et moraux sont prix en compte, un par un, étape par étape, pour rendre à celui ou celle qui vous est cher sa vie affective et intellectuelle pleine et entière. (...) La procédure de Désintoxication pour une vie Nouvelle donne les résultats suivants : réduction ou élimination de l’état de manque, qu’il s’agisse de drogues ou d’alcool ; aptitude à penser plus clairement etc... »
En fait, la réponse est sans doute dans la bouche de ce passant cité dans l’article : « Mon neveu, il faudrait l’enfermer, quitte à le sevrer par la manière forte ». Ce que confirme Alexandra Michel, porte-parole, qui défend « la solution du sevrage strict, (...), même si c’est très douloureux ». Les « drogués » apprécieront.
Jérôme Munier