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Lire : « Au nom de la démocratie, votez bien ! » de Mathias Reymond

Cet ouvrage, coédité par Agone et Acrimed, revient sur le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017.

Il sort aujourd’hui en librairie... et est en vente sur notre boutique !


Extrait de l’introduction :

« Le 21 avril. La date est devenue un nom commun. Commun aux partis politiques et aux médias pour décrire une crainte : celle de revivre un 21 avril. À l’envers pour la droite. Et à l’endroit pour la gauche. Comme le 11 Septembre, il est inutile de donner l’année, on la connaît. Cette formule, « le 21 avril », désigne la peur de voir accéder, une fois encore, un candidat de l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle.

En 2002, donc, la chute de Lionel Jospin au premier tour, l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second et la victoire – assurée – de Jacques Chirac donnèrent lieu à deux semaines d’agitation médiatique et politique où l’irrationnel ravitaillait l’escroquerie. Quinze jours d’incantation, d’accusation, de culpabilisation, de condamnation, de moralisation, d’incitation… Une période unique dans la Ve République.

Unique ? Presque. Quinze ans plus tard, rebelote. Cette fois, le public est rodé. Il connaît la chanson. En avril 2017, Marine Le Pen accède au second tour face à Emmanuel Macron. Exit François Fillon, le candidat de la droite dure. Exit Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la gauche de gauche. L’agitation est moindre et la propagande plus policée, mais elle s’organise – sans concertation – contre un acteur qui excelle dans le rôle du méchant : Jean-Luc Mélenchon. Celui qui ne donne pas de consigne de vote. Celui qui ne joue pas le jeu républicain. À quelques nuances près dans les paroles et la partition, c’est la même chanson. »


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Les médias ont orchestré l’essentiel de la dramaturgie politique du second tour des élections présidentielles de 2002 et de 2017. Au débat démocratique qu’ils chérissent tant – et qu’ils piétinent si allègrement –, ils ont préféré des leçons de bienséance républicaine, de morale civique et de tactique électorale, inlassablement assénées aux électeurs déviants.

En collaboration avec les communicants politiques, les médias fixent l’agenda électoral, influent sur ce à quoi il faut penser et disposent du pouvoir de consécration (ou de stigmatisation) des candidats. Ce journalisme de prescription des choix électoraux légitimes et d’écrasement des opinions dissidentes, on l’a déjà connu en 1992 et en 2005 avec les référendums sur le traité de Maastricht et sur le Traité constitutionnel européen.

S’ils ne font pas toujours une élection, les médias cherchent à imposer un choix qui semble inéluctable. Le choix des maîtres. En 2002 comme en 2017, le rappel à l’ordre médiatique de l’entre-deux-tours eut pour fonction d’effacer le désastre du premier tour : « La récréation est finie ! Au nom de la démocratie, votez ! Mais surtout, votez bien ! »


Table des matières

Prélude

Acte I : Le choc
Tous coupables ?
Le vote « utile »
Matraquage sécuritaire
L’entrée des artistes

Acte II : La mobilisation
Laminer Le Pen
Tous résistants !

Acte III : La culpabilisation
Le retour des Munichois
Les guets-apens
Le mépris

Dénouement : « Le jour de gloire est arrivé »


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Cet ouvrage n’aurait pas pu exister sans les bases de données – colossales – d’Acrimed (Action Critique Médias) et de PLPL-Pour Lire Pas Lu.

Quatre articles centraux consacrés à ces périodes ont été en particulier utilisés : Edgar Roskis, « Chronique d’un orphéon médiatique » (Le Monde diplomatique, juin 2002) ; « Les bacchanales de la vertu » (PLPL, avril 2005, no 24) ; Mathias Reymond, « Les éditocrates contre Jean-Luc Mélenchon, bis repetita » et « Les bacchanales de la vertu : retour sur l’entre-deux-tours de la présidentielle » (Acrimed, 19 avril et 25 mai 2017).


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Économiste, enseignant à l’université de Montpellier, Mathias Reymond, co-animateur d’Acrimed, est également co-auteur de L’Opinion, ça se travaille… Les médias et les « guerres justes » (Agone, 2014), Les Éditocrates, ou Comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n’importe quoi (La Découverte, 2009) et Tous les médias sont-ils de droite ? (Syllepse, 2008).

 
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