À la fin du mois d’août, le quotidien L’Indépendant titrait à la « une » : « L’amoureux est passé aux aveux », avec pour surtitre « Perpignan : égorgée par dépit ». Cette « une » faisait suite au meurtre d’une jeune femme par son ex-compagnon à Perpignan. Ce cas n’est que l’un des derniers exemples du traitement médiatique déplorable des violences faites aux femmes. Le vocabulaire utilisé dédouane le meurtrier, forcément trop « amoureux », le crime est « passionnel », la parole est toujours donnée à l’agresseur plutôt qu’à l’agressée ou aux parties civiles, et tout est souvent bon pour trouver des responsabilités à la victime.
Pourquoi note-t-on une telle absence de réflexion autour des violences faites aux femmes dans les médias ? Le sensationnalisme des affaires relatées est-il seulement lié aux difficultés économiques des groupes de presse, qui ne prennent donc pas le temps d’interroger les experts, les associations de victimes, et ne réalisent qu’un travail de court terme, ou doit-on également interroger la composition des rédactions et leur perméabilité à l’idéologie sexiste ? Y’a-t-il un travail de prise de conscience à effectuer dans les rédactions, face à des crimes et délits trop souvent banalisés ou réduits à des euphémismes ?
N.B. : on pourra également (re)lire le n°2 de notre magazine Médiacritique(s) dont le dossier principal est consacré au sexisme médiatique.