Tous les quotidiens (ou presque ...) en conviennent, même si chacun d’eux espère tirer son épingle du jeu (sur le dos des autres ?) : la presse écrite est en crise.
La plupart des commentateurs s’en affligent : la prestation de Patrick Lelay, marchand de programmes et de Coca Cola est criante de vérité. Et la privatisation de TF1 n’a pas fini de produire ses effets sur l’ensemble des médias et sur le secteur public, dépendant et sous financé.
Mais, alors que la vitalité des médias associatifs est menacée par le financement dérisoire des radios et par l’absence totale de financement des télévisions, les voix se font plus rares.
Et si, de tous côtés, montent les critiques de la médiocrité de l’information, c’est sans illusion sur la possibilité de la corriger par des autocritiques de circonstances sur de prétendus « dérapages », trop voyants il est vrai.
Pourtant, si l’on excepte les médias critiques, les syndicats de journalistes et de salariés des médias et les associations de critique des médias, le quasi-silence est assourdissant. Les fédérations et confédérations syndicales, les associations altermondialistes, les partis politiques réputés de gauche ou d’extrême gauche protestent parfois et pétitionnent un peu, mais agissent rarement ou trop peu. Quelques signes encourageants de-ci de là. Mais elle est lente et longue à remonter la pente de l’indifférence et de la complaisance.
Dans l’espoir de se ménager les faveurs des médias dominants, faut-il tout concéder ? Tenir pour intangible l’appropriation privée des médias de masse, admettre comme un pis-aller leur subordination croissante à la publicité, admirer comme un miracle démocratique les méfaits de la contre-révolution libérale dans les domaines de l’information du divertissement et de la culture ? Et, pour finir, déléguer aux barons de la presse la défense d’une maigre idée de l’indépendance et de la diversité de l’information ?
La question des médias et de leur avenir est une question trop sérieuse pour être abandonnée à leurs tenanciers. C’est une question trop grave pour que seuls s’en préoccupent quelques syndicats et associations. C’est une question politique : elles concernent toutes celles et tous ceux qui n’entendent pas que le marché pense pour eux et agisse à leur place.
Si un autre monde est possible, d’autres médias le sont aussi. Il est grand temps de le manifester et de le concrétiser dans les projets et dans les actes.
Acrimed
Editorial du recto/verso imprimé, publié par Acrimed en octobre 2004