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Scènes de la vie parisienne

Jean-Marie Messier, le reporter photographe et "Paris Match"

Les complaisances de la presse à l’égard de Jean-Marie Messier, pendant ses " années de gloire ", ne sont plus un mystère. On lira ci-dessous quelques épisodes récents des relations entre J2M et ses laudateurs.

(Un aperçu des complaisances de la presse à l’égard de Jean-Marie Messier, pendant ses " années de gloire " : sur le site de PLPL "Quand le PPA [1] léchait Messier".)

Messier et ses gorilles, "Paris Match" et ses (faux) paparazzis

La presse people, l’ex-PDG de Vivendi la préfère avec clichés laudatifs plutôt que "vraies" photos volées. Quand un paparazzi le dérange, cependant, il ne s’abaisse pas à boxer le malandrin, comme naguère les frères Poivre, condamnés pour violences volontaires [2], mais envoie ses gardes du corps.
Le lundi 2 septembre, c’est l’aventure survenue à un photographe telle que rapportée par le quotidien en ligne du Nouvel Observateur le lendemain, sous le titre "Jean-Marie Messier fait donner ses gardes du corps" :

" Les gros bras de l’ex-PDG de Vivendi Universal auraient molesté un reporter-photographe.

Jean-Claude Elfassi, un photographe de presse indépendant accuse deux gardes du corps de l’ex-PDG de Vivendi Universal, Jean-Marie Messier, de l’avoir tabassé juste après avoir pris des clichés du patron vedette, lundi matin à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.
"Jean-Marie Messier m’a envoyé un de ses gardes du corps pour saisir ma pellicule. J’ai refusé. Le garde du corps m’a alors dit : ’Je vais t’éclater, tu vas finir dans le caniveau’. Puis il m’a mis un coup de tête, je suis tombé par terre. (...) "

La photo people, nouveau sport de l’extrême ? Détail piquant, le paparazzi avait déjà pris des photos de J6M, à la dérobée dans sa résidence de Rambouillet. Comme il l’a ensuite expliqué sur le plateau de l’émission« Arrêt sur Images » le 8 septembre, ces photos ont été acquises par Paris Match... qui ne les a pas publiées, mais a manifestement passé un accord avec Messier : un article sans fausses notes, illustré de vraies-fausses images volées, en réalité prises en accord avec le PDG déchu, par un autre photographe.

Messier, homme "blessé" magnifié par "Paris Match"

Des tractations qui éclairent d’un jour instructif le frais reportage de Paris Match du 22 août 2002 : "Les très discrètes vacances de Jean-Marie Messier", nous peint l’homme "blessé" et ses "dîners intimes" avec ses enfants, "protégés de toute lecture de la presse" (ont-ils droit à Match ?).

Les clichés simulant des photos de loin (avec feuillage flou au premier plan) sont lourdement soulignés de légendes comme "Se croyant à l’abri des regards, le 19 août, Jean-Marie Messier semble profiter du calme de la campagne" ou "En pleine nature, accompagné de ses deux labradors, Jean-Marie Messier reprend du poil de la bête".

La saga Messier vue par Paris Match, c’est d’un autre niveau que les mesquines préoccupations des salariés près d’être licenciés ou des actionnaires ruinés (ce sont parfois les mêmes...) de Vivendi :

"Aujourd’hui, Messier se sent prêt à sortir de sa retraite, sûr d’avoir encore un destin."

A ses enfants, imagine l’hebdomadaire, il raconte sans doute "Ce qu’il leur a toujours dit, à savoir qu’en 2002 on n’a pas une seule carrière mais plusieurs dans une vie professionnelle. Que lui-même en a changé plusieurs fois, fonctionnaire au ministère des Finances, banquier chez Lazard, industriel à la Compagnie générale des eaux, puis homme de média chez Vivendi Universal. A chaque fois, il s’en est sorti. La famille est son refuge."

"Ses proches sont certains d’une chose : en septembre, J2M va retourner aux Etats-Unis. Il va s’installer à New York et on ne le reverra plus guère à Paris."

A notre humble avis, il aurait tort : la star déchue ne retrouvera jamais outre-Atlantique une presse aussi complaisante... le "petit pays exotique" de l’exception culturelle garde encore quelques avantages.

 
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Notes

[1Pouvoir de la presse et de l’argent. (Note d’Acrimed).

[2Le 28 octobre 1997, Patrick Poivre d’Arvor a été condamné "par le tribunal de Créteil (Val-de-Marne) à 50.000 francs d’amende pour ’violences volontaires en réunion et avec arme’" aux côtés de son frère Olivier, rapportait parmi d’autres L’Humanité(lien périmé).

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