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Le droit de réponse et les directeurs de conscience

II. Télérama et Elisabeth Lévy

Deux exercices récents du droit de réponse - Noam Chomsky dans "Libération", Elisabeth Lévy dans "Télérama" - soulèvent quelques problèmes dont on confie parfois la solution à la déontologie.
Avec l’exemple d’Elisabeth Lévy, on découvre comment un droit de réponse partiel et aléatoire bénéficie d’un droit de réponse biaisé et inépuisable.

Dans le numéro de Télérama du 10 mai 2000,- sous le titre " Kosovo, l’épreuve des faits " - Nicole du Roy, journaliste sans peur et sans reproche, refusait de reconnaître des " erreurs imaginaires " et se posait en défenderesse autoproclamée " du " journalisme, c’est-à-dire de la conception qu’elle s’en fait.

(On lira par ailleurs cet article mémorable, assorti de quelques commentaires : Télérama défend " le " journalisme )

Pour conforter son point de vue, Nicole du Roy avait pris parti dans ce qu’elle appelait " la querelle des chiffres relancée par un article révisionniste d’Elisabeth Lévy dans la revue Le Débat et par l’hebdomadaire Marianne ".

Cette remarque infâmante, voire injurieuse lui valut un droit de réponse d’Elisabeth Lévy, qui rappelle notamment, un propos dAntoine Garapon, évoquant des " centaines de milliers de Kosovars massacrés " (propos publié sans trembler de la plume par l’irréprochable Télérama) et revient sur l’accusation de révisionnisme.

C’était sans compter sur le droit de réponse particulier que s’arrogent les journalistes-directeurs de conscience quand ils se sentent tenus de publier un droit de réponse parce qu’ils ont directement mis quelqu’un en cause. Droit de réponse inépuisable des journalistes contre droit de réponse aléatoire de leurs accusés. Nicole du Roy ne s’est pas privée d’user de son droit discrétionnaire, notamment ... pour donner la parole - dans son article lui-même - à Antoine Garapon :

" Quant aux chiffres cités par Antoine Garapon (NDLR : " les centaines de milliers de Kosovars massacrés "), voici la réaction de celui-ci : " J’ai commis une erreur, j’assume. Le 23 juin 1999, dix jours après l’entrée de la KFOR au Kosovo, nous étions dans l’incertitude totale. Mais je maintiens que les erreurs dans le nombre des victimes ne changent rien à la nature des faits. Sous prétexte d’analyser le travail des médias pendant la guerre du Kosovo, Elisabeth Levy se fait le porte-parole des thèses serbes. " "

Nicole du Roy s’est bien gardée de revenir sur l’accusation de révisionnisme : elle a confié à Antoine Garapon le soin de désigner comme porte-parole des thèses serbes quiconque ne considère pas comme une vétille... que - si l’on prend pour référence les chiffres de notre justicier - 195000 albanophones ne soient pas morts à la suite des exactions des forces serbes.

 
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