[...]
- Max Gallo : J’ai choisi deux livres qui illustrent parfaitement les contradictions de notre débat. D’un côté Serge Halimi [On entend alors très distinctement un gloussement mi-amusé mi-outré d’on ne sait qui...] que nous connaissons bien pour avoir... euh... pour être au Monde diplomatique le...
- Philippe Meyer : Qui avait pourfendu la presse française ! [sic]... Livre à succès !...[re-sic]
- Max Gallo : ... la presse... L’inquisiteur, je dirais... Celui qui anime notamment, paraît-il, une... un périodique, que je ne connais pas, qui s’appelle Pas Lu Pas Pris [sic !], dans lequel on attaque les différentes positions des journalistes et qui là écrit...
Max multiplie, en toute ignorance, les signaux destinés à suggérer combien il est éloigné de ces horreurs, mentionne un périodique dont il confond le titre avec celui d’un film de Pierre Carles et qu’il avoue ne pas avoir lu, pour le présenter avec ce tact et ce goût de la précision - « on attaque les différentes positions des journalistes » - dignes d’un amateur de la complexité célébrée par cette émission pour gens intelligents.
- Une voix interrompt Max Gallo : Un observatoire des médias !
- Max Gallo : L’Observatoire des médias ! Voilà !
... Dont Max Gallo ne sait rien non plus. Mais chez ces amateurs de complexité et de boursouflure, on peut confondre Pierre Carles avec Serge Halimi, un film censuré avec un journal, et Pour lire Pas Lu avec l’OFM : pas grave ! L’essentiel est de bien faire comprendre aux auditeurs que la critique des médias est un procès en sorcellerie orchestré par un grand inquisiteur. Et d’enchaîner, comme si de rien n’était, ... sur la présentation du livre lui-même...
- Max Gallo : L’Observatoire des médias ! Voilà ! Et qui là écrit un livre qui s’appelle Le Grand Bond en arrière. Comment l’ordre libéral s’est imposé au monde, et qui est au fond un livre très argumenté où on trouvera de très nombreuses citations, qui est au fond l’histoire de... d’un bouleversement, d’une révolution des idées qui aurait conduit - je parle au conditionnel et je ne fais que citer Serge Halimi, ne reprenant pas à mon compte sa thèse qui aurait conduit l’ensemble des dirigeants, au fond, à partir de la prédication et de l’action militante fortes de Hayek qui veut la société ouverte, au fond, à se débarrasser du keynésianisme et à mettre fin à l’Etat de protection sociale [N’oublions pas que Max a bien précisé qu’il n’adhérait en rien à cette thèse excessive...]. C’est donc, au fond, un livre qui dit : « les idées mènent le monde ! » [...]
Puisque c’est Max qui vous dit ce que livre dit « au fond », on vous épargne la suite... Seule nous intéressait ici un certain usage de l’ignorance et de la suffisance dans l’évocation de la critique des médias. Max Gallo et Philippe Meyer « s’essoufflent un peu », comme le disait Laure Adler de Miguel Benasayag [2] : ce n’est pas une raison de les virer !
PS : Pour entendre cette "chronique" (qui fait "dialoguer" deux livres contradictoires), bien au-delà du passage qui nous intéresse directement et bénéficier ainsi des insinuations affables qui en font tout le charme, écoutez :
( Cette version sonore nous a été offerte par Ricar, animateur du site (non officiel) "Là-bas si j’y suis").