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Et si on arrêtait les micro-trottoirs ?

Nous relayons ci-dessous un communiqué du SNJ France 3 Paris IDF qui dénonce une « épidémie de micros-trottoirs » dans les JT de la chaîne publique.

Une épidémie de micros-trottoirs fait des ravages à France 3 Paris IDF : chaque conférence de presse, annonce du gouvernement, déclaration de la mairie de Paris ou polémique (souvent imaginaire) donne lieu – c’est devenu systématique – à des sorties en reportage pour ce que l’on nomme aussi parfois « vox pop ». Eh oui le latin c’est tellement plus chic !

Nos équipes arpentent les marchés de Paris et parfois de banlieue, les rues et les sorties du métro pour des sujets dignes du café du commerce ou de la brève de comptoir. Confinement ? Re-confinement ? Dé-confinement ? Couvre-feu ? Ecole à l’extérieur ?

Le micro-trottoir, tellement plus facile que de réfléchir, anticiper et caler des interlocuteurs à l’expertise plus développée. Vite fait, bien (ou mal) fait, le reportage sera disponible dans l’heure, et la case covid remplie.

Dernière lubie en date de notre encadrement : détourner un beau matin une équipe de bureau excentré, annuler le tournage envisagé, pour l’envoyer dans un autre département tourner un… micro-trottoir (!), à quarante minutes de trajet. Le but, compléter un autre… micro-trottoir (!) en cours de tournage sur un marché d’un 3ème département !

Non seulement ce degré zéro du journalisme n’est pas digne du service public, mais il ne parvient pas à masquer l’indigence de la ligne éditoriale en vigueur depuis des mois dans notre rédaction. Il est temps de (re)faire confiance aux équipes, notamment celles des bureaux excentrés et à leur travail de terrain !

Cela passe bien évidemment par un débat éditorial ouvert mais aussi par le remplacement des absences, spécifiquement dans les BEX, quand les titulaires sont en formation longue durée. Sur les terrains sensibles, comme la Seine Saint Denis, il est inacceptable d’avoir des journées sans équipe (alors que le bureau compte 4 personnes), et pas acceptable non plus d’envoyer des remplaçants qui changent trop souvent et qui ne connaissent pas toujours le terrain.

Quand notre encadrement nous pousse sur le trottoir, c’est notre déontologie qu’elle met au caniveau.


Paris, le 10 mars 2021

 
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